Il y a eu l'ivresse: ces acclamations à tout rompre par 16 000 fans lorsque le Canadien en a fait son premier choix, en juin 2009; cette ascension rapide vers la LNH, à peine deux ans plus tard; un point à son troisième match, un but dès son huitième, l'an dernier.

L'ivresse a fait place au désarroi cet hiver. Louis Leblanc ne respirait pas nécessairement la joie de vivre, hier matin, dans le vestiaire des Bulldogs de Hamilton au Centre Bell.

Pendant que Brendan Gallagher, repêché quatre rondes plus loin, et un an plus tard, et Alex Galchenyuk, de trois ans son cadet, goûtent aux applaudissements nourris de la foule montréalaise, Leblanc est dans la Ligue américaine, et en plus, il peine à obtenir des points.

Le jeune homme en a seulement 10 en 36 matchs, un total identique à celui de l'an dernier à Montréal en 42 rencontres.

Malgré l'amertume qui l'habite, Leblanc reste droit devant les journalistes qui l'interviewent et il ne se défile pas.

«À mon premier match chez les pros à Hamilton l'an passé, je marque le but gagnant en prolongation, avec deux passes, j'ai toujours les mêmes partenaires de trio, Phil DeSimone et Brian Wilsie, et un mois plus tard, je suis à Montréal. Cette année, je me blesse à mon troisième match, je mets du temps à guérir, on ne compte pas beaucoup de buts et on dirait que les trios changent à chaque match. Mais je ne me plaindrai pas, c'est écrit sur la pancarte dans le vestiaire: «Pas d'excuses»...»

Leblanc avait deux buts en deux matchs quand est survenue sa blessure lors d'une bagarre. Il a ensuite obtenu trois maigres points lors des 22 rencontres suivantes. Ses chances d'être parmi les premiers invités au camp d'entraînement du CH se sont alors évaporées.

À la recherche de solutions

Il aimerait bien trouver des explications à ses insuccès. Il préfère chercher des solutions.

«J'ai seulement 22 ans, lancera-t-il à plusieurs reprises au fil de l'entrevue. Je ne dois pas commencer à penser à mes problèmes chaque jour, ni à jouer de façon individualiste. Ma cheville va mieux. J'ai retrouvé mon synchronisme. Je dois rester positif. Je vais revenir dans la Ligue nationale un jour.»

Dans les moments sombres, Leblanc a une oreille attentive, celle de son entraîneur Sylvain Lefebvre.

«Je lui parle souvent et ça m'aide, mentionne Leblanc. Il a joué longtemps dans la Ligue nationale. Il m'a dit qu'il y avait toujours des moments difficiles dans une carrière. Une saison, à New York, après 12 ans dans la Ligue, rien ne fonctionnait pour lui. Il a passé une année complète à Hartford, dans la Ligue américaine, en laissant sa famille à New York. C'est ça que ça lui prenait.»

Pour Lefebvre, la solution est simple. «Il doit demeurer Louis Leblanc, répond le coach. Ça passe d'abord par la combativité. C'est ce qui l'a amené dans la Ligue nationale. Quand il sera combatif dans son échec-avant, ses replis défensifs et devant le filet adverse, on va le voir ressortir.»

La communication demeure essentielle pour Lefebvre. «Nous avons un jeune club. Cinq de nos six défenseurs sont des recrues. L'attaque aussi est jeune. Martin Lapointe, Patrice Brisebois, Donald Dufresne et moi-même voulons transmettre notre bagage d'expérience. Dans le cas de Louis, je lui ai parlé de la règle des six pouces: tout se passe entre les deux oreilles. Il faut avoir du plaisir même quand les choses vont un peu moins bien, rester positif et surtout ne pas chercher à jouer de façon individuelle. Un meilleur jeu collectif aidera tous les joueurs au plan individuel, mais le contraire n'est pas possible.»