Fier de tout ce qu'il a accompli au cours des 50 dernières années, des bonds prodigieux de la médecine et des traitements dont bénéficient aujourd'hui ses patients, qu'ils soient joueurs ou simples partisans, David Mulder redoute comme la peste le fléau des commotions cérébrales.

Ce qu'il craint le plus avec ce «grand mal» comme il le désigne, c'est son hypocrisie. Le fait qu'il soit difficile à détecter, à évaluer, à traiter.

«Nous avons tiré des leçons de toutes les expériences acquises au fils des années. Depuis l'incident qui a mis la vie de Trent McLeary en péril, les médecins des équipes doivent être assis derrière le banc de l'équipe. Ils doivent avoir un accès direct à la patinoire, à la clinique. Des ambulances doivent toujours être prêtes, car cet incident a clairement démontré que la rapidité d'intervention a sauvé sa vie. Dix-sept minutes après avoir reçu la rondelle dans la gorge, Trent était sur la table d'opération. C'est devenu une norme, lance fièrement le docteur Mulder. Mais avec les commotions, on est encore dans le flou. Dans l'approximatif. Et l'approximatif, je déteste ça.»

Quand le Canadien voulait revoir rapidement Serge Savard sur la patinoire après qu'il se soit fracturé la jambe à deux reprises, David Mulder n'a eu qu'à sortir une radiographie pour pointer la fracture et insister sur l'importance de laisser le temps faire son oeuvre.

Aujourd'hui, Mulder et ses collègues ont accès à des images qui présentent un portrait précis des blessures. En deux temps trois mouvements, ils savent s'ils doivent composer avec une élongation musculaire, la lacération d'un ligament, une dislocation.

«Dans le cas des commotions, on est encore dans le noir. On doit se fier aux joueurs qui ne nous disent pas toujours la vérité en raison de leur désir de jouer. On doit se fier aux symptômes. À notre expérience. Ce n'est pas assez. Le protocole de la LNH en matière de commotion est avant-gardiste, mais j'aimerais pouvoir l'améliorer», lance David Mulder qui compte sur un allié de taille dans sa quête.

Grâce à la fondation mise sur pied par Max Pacioretty - après qu'il eut été victime de l'assaut dont on se souvient de Zdeno Chara des Bruins de Boston - et à l'argent qu'elle recueille, des spécialistes en recherche sur les commotions et la société Siemens tentent de créer un appareil qui pourrait imager les commotions.

«Comme le dit l'expression: une image vaut mille mots. Avec de telles informations, on pourrait mieux comprendre les commotions. Mieux les traiter. Et ultimement, mieux les prévenir. Ce qui est crucial à mes yeux. Pour le moment, on s'entend tous pour dire que les commotions sont dangereuses et lourdes de conséquences. Mais on ne sait pas encore à quel point elles le sont. C'est l'un des objectifs que je me fixe d'ici à ce que j'accroche mon stéthoscope.»