Richard Labbé : la dure réalité

Richard Labbé : la dure réalité

C'est peut-être l'effet du lock-out. C'est peut-être l'arrivée en poste d'un nouveau directeur général et d'un nouvel entraîneur. C'est peut-être les nouveaux visages des Armstrong, Bouillon, Prust et autres Galchenyuk. Peu importe la raison, il y a bel et bien un vent d'optimiste qui souffle sur le Centre Bell. Être de mauvaise foi, on ferait remarquer qu'un club de 15e place ne peut que s'améliorer, d'où l'optimisme en question. Mais la dure réalité, la vraie, c'est que malgré tous les changements, le Canadien a essentiellement le même problème qu'il y a un an: un manque criant d'attaque. Oui, le premier trio devrait continuer à marquer des buts, mais ensuite?

Un coup d'oeil rapide sur cet alignement, et on a bien du mal à identifier les gros canons offensifs. Cela laisse croire que le Canadien sera encore une fois le club des «si», comme trop souvent lors des récentes saisons. Si Carey Price, si Markov, si Kaberle, si Rene Bourque... Bref, un club correct qui devrait bagarrer pour la 8e, la 9e ou la 10e place jusqu'à la dernière semaine du calendrier régulier.

Les séries? Je n'y crois pas vraiment. Au moins, avec Michel Therrien à la barre, on ne devrait pas trop s'ennuyer.

Philippe Cantin : pas de miracle

L'objectif de Marc Bergevin et de Michel Therrien est de conduire le Canadien aux séries éliminatoires. Cela ne se produira pas. Malgré leur bonne volonté, les deux nouveaux hommes forts de l'organisation se retrouvent aux commandes d'une équipe faible, qui a terminé au dernier rang de l'Association de l'Est la saison dernière. Pour s'extirper du gouffre, le Canadien compte notamment sur le retour en santé de Brian Gionta et Andrei Markov. Hélas, les plus beaux jours de ces deux hauts salariés sont derrière eux. L'addition de quelques joueurs déterminés (Bouillon, Prust, Armstrong) ne nuira pas, mais leur apport ne transformera pas le Canadien. Alex Galchenyuk est un espoir de premier plan, mais il est encore bien jeune. Laissons-lui le temps d'apprendre. Le Canadien est aussi désavantagé par ce court calendrier de 48 matchs. Les nouveaux entraîneurs auront besoin de temps pour apprendre à travailler ensemble et avec leurs joueurs. La dernière saison du Canadien s'est déroulée dans une ambiance terriblement malsaine. Le vent de fraîcheur apporté par la nouvelle direction hockey est bienvenu. Cela vaudra sûrement quelques points inattendus au classement. Mais pas suffisamment pour permettre à l'équipe de poursuivre sa saison au-delà du calendrier régulier. Alors, pour l'instant, savourons le retour du hockey. Et attendons octobre prochain avant de gonfler nos attentes envers le Canadien. Il n'y aura pas de miracle ce printemps.

Mathias Brunet : une surprise?

La réponse pourrait être facile: le Canadien n'a pas de club et ne s'extirpera pas des bas-fonds du classement général en criant ciseaux, peu importe le changement de directeur général et d'entraîneur. La vérité, c'est que le Canadien peut nous réserver des surprises, surtout avec un calendrier écourté. Quelques aspects trop rapidement évacués par nombre d'observateurs méritent d'être relevés. Le Canadien a entamé la dernière saison avec trois recrues en défense. Ce n'est pas le cas cette année. Le retour d'Andrei Markov solidifiera cette défense et Alexei Emelin et Raphael Diaz ont un an d'expérience. Francis Bouillon apporte de la stabilité. À l'attaque, la blessure de Brian Gionta a coïncidé avec la baisse de productivité de Plekanec. Alex Galchenyuk promet beaucoup de vitesse et de talent à ce deuxième trio. Un troisième trio composé de Rene Bourque, Lars Eller (qui semble en grande forme) et Travis Moen est tout à fait potable. Il y a aussi l'identité du club. Cette équipe sera beaucoup plus robuste avec l'arrivée de Brandon Prust, Colby Armstrong et le retour en santé de Ryan White.  Il n'y a plus d'entraîneur dépassé par les événements derrière le banc et le DG qui contribuait à pourrir l'ambiance est parti. Et il y a Price. Une place en séries? Pas sûr, mais loin d'être impossible.

Marc Antoine Godin : ça ne peut être pire que l'an passé!

C'est assez facile d'identifier les cinq meilleures équipes de l'Association de l'Est. C'est après que ça se complique. Si l'on fait exception des Islanders, des Jets et peut-être des Maple Leafs, toutes les autres formations peuvent aspirer à l'une des trois places qui seront disponibles en fin de calendrier. Et ça inclut le Canadien. Réglons tout de suite une chose: il est hors de question que le Tricolore termine dernier encore cette année. Sans s'être amélioré de façon significative, je ne vois pas comment il pourrait écoper autant que l'an dernier en raison des blessures. À tout le moins, l'équipe profitera d'une direction qui n'est plus dysfonctionnelle et le fouet de Michel Therrien donnera des résultats à court terme. Mais plusieurs facteurs devront converger pour que le Canadien se faufile jusqu'aux séries. Il faudra que Carey Price demeure en santé. Il faudra que Rene Bourque, Brian Gionta et Alex Galchenyuk aident l'attaque à ne pas être l'affaire d'un seul trio. Il faudra que P.K. Subban vienne prêter main-forte à la ligne bleue. Il faudra qu'en plus de leur caractère et de leur robustesse, les Prust, Armstrong et White puissent suivre le rythme sur une base régulière. Et il faudra l'aide des autres équipes. Il y aura des surprises dans un calendrier de 48 matchs, c'est certain. Mais je ne suis pas sûr que le Canadien sera l'une d'elles.

François Gagnon : le Canadien sortira de la cave, mais...

Parce qu'il serait très difficile de faire pire que l'an dernier, le Canadien connaîtra une meilleure saison cette année. Il sortira de la cave du classement dans l'Est en effectuant un bond qui le placera au sein des équipes qui se battront pour les dernières places disponibles en séries. Fera-t-il les séries? Possible, mais peu probable. Au-delà de la déception normale des partisans, rater les séries serait peut-être le meilleur scénario pour le Canadien. Marc Bergevin et Michel Therrien amorcent une reconstruction de l'équipe. Des succès démesurés dès cette année fausseraient la réelle valeur de cette équipe qui devra larguer des vétérans pour faire place aux Tinordi, Gallagher, Leblanc, Holland et autres Beaulieu avant longtemps. Ou à Alex Galchenyuk si le Canadien décide de le retourner dans les rangs juniors après l'essai dont il profitera en début de saison. Si Carey Price joue à la hauteur de son talent, si P.K. Subban rentre au vestiaire avant le mois de février, si le premier trio joue comme l'an passé, si le genou d'Andrei Markov tient bon, si Rene Bourque et Tomas Kaberle jouent comme ils devraient et que l'infirmerie est moins occupée que le vestiaire, oui le Canadien pourrait surprendre et se rendre en séries. Souhaitons-lui plutôt de se remettre sur les rails et d'amorcer une remontée plus lente, mais mieux structurée, de façon à ne pas avoir à tout recommencer l'an prochain.