Ne cherchez pas Scott Gomez au Centre Bell cette saison. Ni chez les Bulldogs de Hamilton, ni en Europe, ni même chez les Aces d'Alaska avec lesquels il s'est aligné durant le lock-out.

Le DG du Canadien, Marc Bergevin, a demandé à Gomez de rentrer chez lui et lui a interdit de chausser les patins avec une quelconque formation. Sa carrière en tant que membre du Canadien est terminée et son contrat sera racheté cet été. Or, pour que cela se réalise, le Tricolore ne veut pas prendre le risque que Gomez se blesse, ce qui rendrait son rachat techniquement impossible.

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«En raison des paramètres de la nouvelle convention collective, la meilleure solution en ce qui a trait à Scott Gomez et pour l'avenir de l'organisation était de le renvoyer chez lui», a expliqué Bergevin lors d'un point de presse qui lançait avec fracas le camp d'entraînement du Canadien.

Le contrat du centre de 33 ans prévoit qu'il sera payé 5,5 millions cette saison. Il les encaissera à Anchorage en méditant ses vieux péchés.

Bergevin sait qu'il devra abaisser la masse salariale de son équipe sous le plafond de 64,3 millions qui a été fixé en vue de la saison prochaine. Aucune autre équipe n'a plus d'argent déjà engagé en vue de la saison 2013-14. Pour se donner de la marge de manoeuvre plus tard, il devait agir dès maintenant.

«Nous avons eu des discussions (dans le but de l'échanger), mais tout le monde sait où s'en va le plafond salarial l'an prochain», a rappelé le DG.

Exit Scott Gomez, donc, l'attaquant mal aimé qui hypothéquait 7,36 millions sur la masse salariale en vertu du contrat que lui avaient jadis consentie les Rangers de New York.

En trois saisons avec le Tricolore, Gomez aura récolté 21 buts et 108 points en 196 matchs.

Des coéquipiers ébranlés

Les partisans sont évidemment ravis de cette décision, mais n'allez pas croire que les coéquipiers de Gomez trépignent de joie.

«Il s'est retrouvé dans une situation injuste parce que c'est encore un très bon joueur, affirme Max Pacioretty. Il a été un mentor pour moi et pour plusieurs jeunes de l'équipe. C'est triste de le voir partir.

«On avait tous le sentiment qu'il lui restait encore quelque chose à donner, mais à Montréal, ça devient un trou noir lorsque tu es pris à parti par tout le monde. Je ne souhaite ça à personne.»

Le nouvel entraîneur-chef Michel Therrien a convoqué Brian Gionta à son bureau dès son arrivée à Brossard pour le mettre au courant de la décision de l'équipe. Le capitaine a ensuite diffusé la nouvelle à ses coéquipiers.

«Scott n'a jamais été une distraction pour nous, a mentionné l'ami et coéquipier de longue date de Gomez. Nous l'avons soutenu à travers tout ce qu'il vivait et nous allons continuer de le faire.

«L'aspect personnel de la chose est extrêmement difficile à gérer. J'ose à peine imaginer ce qu'il traverse en ce moment.»

Le vétéran Travis Moen a indiqué que les joueurs avaient toujours gardé beaucoup de respect pour Gomez malgré les quolibets de la foule et ses difficultés sur la patinoire.

«Scott est notre coéquipier et nous étions prêts à jouer avec lui. C'est une décision de la direction avec laquelle nous devons vivre. Mais nous formons une équipe et nous venons de perdre un morceau.

«Si l'équipe va de l'avant avec sa décision de le racheter cet été, j'espère juste que Scott se trouvera un point de chute.»

Un rachat durant l'été

Les nouvelles dispositions de la convention collective font en sorte qu'il devient inutile d'enterrer le contrat d'un haut salarié dans la Ligue américaine. La formation de la LNH doit continuer à comptabiliser le salaire du joueur, en déduisant seulement un montant de 900 000 $.

De plus, envoyer Gomez chez les Bulldogs de Hamilton, ou alors trouver un arrangement avec une équipe en Europe, exposait le Tricolore au risque qu'il se blesse. L'équipe préfère donc relier Gomez à un montant de 6,457 millions sur sa masse salariale (les 7,35 millions de son cap hit moins 900 000 $) pour le garder à la maison.

Puis, cet été, le Tricolore utilisera l'un des deux rachats spéciaux dont il peut se prévaloir sans qu'ils ne comptent sous le plafond salarial - pour effacer définitivement Gomez de ses livres.

Une décision que soutient Geoff Molson à 100%.

«C'est ce qu'il y a de mieux pour l'organisation du Canadien, a insisté Bergevin. Nous devons planifier en fonction des années à venir.

«Nous aurons des joueurs à signer et nous ne voulions pas nous menotter et risquer d'échanger de bons joueurs sous prétexte que Gomez serait encore sur notre masse salariale.

«Le plafond salarial va descendra la saison prochaine et nous devions absolument faire de l'espace pour le respecter. C'est un pas dans cette direction, mais d'autres décisions devront être prises.»

Dans cette perspective, les 48 matchs que s'apprêtent à disputer le Tricolore pourraient être lourds de conséquences pour le défenseur Tomas Kaberle et l'ailier Rene Bourque, deux autres joueurs susceptibles de faire les frais du régime minceur auquel le Canadien devra se soumettre.

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SCOTT GOMEZ EN CINQ DATES

30 juin 2009

Le DG Bob Gainey entreprend la refonte en profondeur de son équipe en mettant la main sur Scott Gomez, Michael Busto et Tom Pyatt. Il cède aux Rangers de New York l'attaquant Chris Higgins et les défenseurs Ryan McDonagh, Pavel Valentenko et Doug Janik. Gainey dira plus tard que c'est l'acquisition de Gomez qui lui a permis d'attirer à Montréal les joueurs autonomes Brian Gionta et Michael Cammalleri. Trois ans plus tard, McDonagh est devenu un rouage important à la ligne bleue des Rangers.

12 mai 2010

Gomez inscrit ses 6e et 7e mentions d'aide de la série face aux Penguins de Pittsburgh le soir même où le Tricolore élimine des rivaux largement favoris. Après avoir inscrit 59 points en 78 matchs à sa première saison à Montréal, Gomez élève son jeu d'un cran en séries. À ce moment-là, personne ne doute de son utilité.

28 avril 2011

Au post-mortem suivant l'élimination du Canadien en séries, Gomez avoue son humiliation. Il vient de connaître sa pire saison en carrière avec 7 buts et 38 points en 80 matchs. «J'ai eu une saison horrible et personne n'est plus embarrassé que moi, dit-il. Je dois regarder mes coéquipiers dans les yeux en sachant que je les ai laissés tomber toute l'année.»

5 février 2012

Devenu le souffre-douleur des partisans, Gomez atteint un triste anniversaire, celui d'avoir passé une année complète sans marquer un but. Un site web dédié à cette triste célébration faisait le compte à rebours jusqu'au jour fatidique et invitait les amateurs à lui chanter «bonne fête». Les amateurs ne s'en privent pas lors d'un match en matinée face aux Jets de Winnipeg.

13 janvier 2013

C'est «avec professionnalisme» et en comprenant bien la situation que, vers 7h30 du matin, Gomez accueille la décision du DG Marc Bergevin d'être renvoyé chez lui.