N'est-ce pas un mal pour un bien que Marc Crawford n'ait pas décroché le poste d'entraîneur-chef du Canadien? Pendant que Michel Therrien est forcé d'attendre la fin du lock-out, Crawford dirige les Lions de Zurich et vit une belle expérience.

«Un mal pour un bien? Je n'irais pas jusque-là», tempère le coach de 51 ans.

«Entraîneur-chef du Canadien est un poste respecté par n'importe quelle personne ayant grandi dans le hockey. Il y a peu de postes qui ont ce cachet.»

Crawford a d'ailleurs senti tout l'enjeu qu'il y avait derrière la nomination du coach à l'occasion du processus d'embauche, cet été.

«Ç'a été beaucoup plus intense que ce que j'avais vécu auparavant, a-t-il raconté. J'ai passé quatre entrevues! Il y en a eu une avec Marc Bergevin et Larry Carrière, une autre avec Rick Dudley, et ensuite, il y a eu une simulation de conférence de presse en français.

«Pour terminer, il y a eu une autre entrevue, celle-là avec tout l'état-major de l'équipe.»

Même s'il s'agissait d'une première pour lui, Crawford a dit comprendre pourquoi on l'avait testé en conférence de presse.

«Il faut pouvoir parler la langue des fans, a-t-il dit. Et je peux dire que je suis meilleur en français que je ne l'ai jamais été!»

Des joueurs érudits et consciencieux

Après la nomination de Therrien à Montréal, Crawford a passé deux entrevues avec les Capitals de Washington avant de conclure qu'il devait explorer d'autres avenues.

«J'étais venu à Davos durant le temps des Fêtes pour diriger le Canada à la Coupe Spengler, rappelle-t-il. Par la suite, j'ai regardé plusieurs matchs de la Ligue suisse. Le circuit m'était donc familier.»

Crawford était à la recherche d'une nouvelle expérience et voulait baigner dans une culture différente. Et 20 de ses 24 joueurs sont en effet très différents, nous dit-il.

«D'une part, les Suisses n'ont pas autant l'intelligence du jeu, souligne Crawford. C'est une simple question de ''millage'', ils ont joué beaucoup moins de matchs que les Nord-Américains. De ce point de vue, je pense pouvoir leur apporter quelque chose.

«D'autre part, c'est rafraîchissant de voir à quel point ils sont réceptifs. Mais ils ne font pas qu'exécuter. Ils ont besoin de comprendre le résultat pour comprendre le processus.»

L'ancien coach des Nordiques de Québec a découvert en Suisse des athlètes érudits, consciencieux et dotés d'un grand respect de l'entraînement.

«Cinq joueurs de mon équipe possèdent des maîtrises et plusieurs vont encore à l'université durant la saison. Ce sont aussi des gars qui en général parlent plusieurs langues. C'est fascinant de voir la dynamique au sein de l'équipe.»

À Zurich, Crawford a pris le relais de Bob Hartley, qui a été nommé à la barre des Flames de Calgary. Avec des méthodes fortes auxquelles les joueurs suisses ne sont pas habitués, Hartley avait su mener les Lions au championnat l'an dernier.

«Je savais que Bob avait fait du bon travail de terrain l'année dernière, surtout pour établir les principes du jeu défensif, indique Crawford. Je n'ai pas eu à modifier grand-chose, surtout que nous sommes des entraîneurs semblables au plan tactique.»