Il y a comme un fantôme qui circule au camp des Bulldogs de Hamilton.

Est-ce parce que le club-école du Canadien s'exerce en ce moment à Sherbrooke, comme dans le bon vieux temps ? Ou bien est-ce en raison de l'influence qu'il a eue sur le nouveau personnel d'entraîneurs des Bulldogs?

Chose certaine, le regretté Pat Burns n'aurait pas détesté l'ardeur au travail que déploient ces jours-ci les jeunes espoirs du Tricolore.

Ce n'est pas un hasard si l'entraîneur-chef Sylvain Lefebvre, qui a connu Burns avec les Canadiens de Sherbrooke avant de le retrouver à Montréal puis avec les Maple Leafs de Toronto, entend perpétuer avec les Bulldogs certains enseignements reçus de son ancien coach.

«Burns n'acceptait pas les demi-mesures et je sais, en dedans de moi, que c'est la raison pour laquelle j'ai pu avoir une aussi longue carrière dans la LNH, nous a confié Lefebvre. Je n'avais pas le talent de certains autres, mais, à cause de mon acharnement au travail et de la passion que j'avais, je ne lâchais jamais.»

«C'est ce que je veux enseigner aux jeunes ici.»

Lefebvre entend instaurer une rigueur s'exprimant d'abord par des entraînements courts, mais intenses où la concentration et la répétition seront de mise.

«Ce que Pat Burns voulait que tu fasses, peu importe comment il te le disait ou le faisait, c'était d'arriver avec tes bottes de travail et ta boîte à lunch. Un joueur qui fait ça tous les jours a une meilleure chance de s'améliorer, de gagner en constance et de devenir le joueur que l'entraîneur veut qu'il devienne.»

Burns avait démontré de la confiance envers Lefebvre en suggérant à ses nouveaux patrons à Toronto de faire l'acquisition de Lefebvre. Pourtant, une fois débarqué dans la Ville-Reine, Lefebvre n'avait pas cessé de goûter à la médecine du bon Pat.

C'est alors qu'un déclic s'est produit.

«Au départ, je pensais qu'il ne m'aimait pas parce qu'il était tough avec moi, se souvient Lefebvre. Mais un jour, j'ai compris qu'il voulait mon bien. J'ai compris que l'entraîneur n'est pas là pour me mettre des bâtons dans les roues, qu'il est là pour m'aider.»

Ce ne sont pas tous les hockeyeurs qui ont cette clairvoyance.

Adapté au hockey d'aujourd'hui

Tout en s'inspirant de Burns, Lefebvre ne va pas pour autant calquer son style sévère. Car le hockey a changé et les méthodes d'antan ont cédé leur place à autre chose.

«Autrefois, il n'y avait qu'une façon de faire. Maintenant, on fait beaucoup d'ajustement en travail individuel.»

«Il faut être un peu psychologue sportif, car on ne peut pas pousser les gars tous de la même manière. On y va un peu plus fort avec certains, on fonctionne autrement avec d'autres. Il faut évaluer les personnalités de chacun.»

«Il faut motiver de façon différente, mais ça demeure important de délimiter ses balises.»

Riendeau et Dufresne, «durs, mais justes»

Le nouveau pilote des Bulldogs a amené dans son sillage d'autres anciens joueurs qui ont vécu l'ère Burns, que ce soit à Sherbrooke ou à Montréal.

«On est tous des gens qui ont transposé sa philosophie», indique l'entraîneur des gardiens Vincent Riendeau, qui gardait autrefois le filet des Canadiens de Sherbrooke et qui, comme Lefebvre, est originaire de Richmond en Estrie.

«On aime avoir du plaisir, mais on veut être à la fois durs et justes. On veut donner à chacun la chance de se prouver, mais nous avons tous une patience limitée.»

Lefebvre, Riendeau et l'entraîneur des défenseurs Donald Dufresne ont appris à se connaître et à se respecter à Sherbrooke. Lefebvre et Dufresne ont ensuite suivi Burns à Montréal au sein d'un groupe de défenseurs auquel s'est greffé Patrice Brisebois... qui les assiste cette semaine dans le développement des futurs Canadiens.

Ç'eut été pousser la note que de prévoir pour les Bulldogs un pèlerinage à l'aréna de Stanstead. Mais lorsque Lefebvre évite de donner des détails concernant la blessure au défenseur Morgan Ellis, on a envie de dire, comme l'a déjà dit Pat Burns, «c'est médical pis ça fait mal».