Le lock-out est maintenant réalité dans la Ligue nationale de hockey, et les équipes du circuit sont déjà en mode séduction en vue de reconquérir les partisans.

À neuf heures dimanche matin, la LNH a offert un message aux fans sur son site web, insistant sur son désir de reprendre les activités «le plus rapidement possible.» Ce lock-out est le troisième en 18 ans dans la LNH.

Déjà, plusieurs joueurs ont signifié leur intention d'aller jouer ailleurs, et des équipes d'Europe ont confirmé certaines embauches. Entre autres, Tomas Plekanec, attaquant du Canadien, va prendre la direction de la République tchèque au sein du club de Kladno, pour y jouer avec son ami Jaromir Jagr.

Evgeni Malkin et Sergei Gonchar vont quant à eux aller patiner en Russie, dans la KHL, pour le Metallurg de Magnitogorsk. Les clubs du circuit russe ne peuvent embaucher plus de trois joueurs de la LNH lors du lock-out, et ces joueurs ne peuvent toucher plus de 65% du salaire qu'ils reçoivent dans la LNH.

Pendant ce temps, les clubs de la Ligue nationale font de leur mieux pour ne pas froisser leurs fidèles. Ainsi, le Canadien a fait parvenir un courriel à ses abonnés dimanche après-midi, signé par le propriétaire Geoff Molson.

«Sachez que nous sommes les premiers déçus de la tournure des événements, et soyez assurés que nous vous tiendrons informés des développements à venir», a écrit M.Molson dans le courriel en question.

Dans son message, le Canadien propose à ses détenteurs d'abonnements un crédit et un rabais de 3% qui peuvent être appliqués à l'achat de billets des séries ou au renouvellement d'un abonnement. Le club montréalais offre aussi un remboursement mensuel sur chaque match annulé en raison de ce conflit de travail.

«Nous continuons d'espérer que cette situation se règle rapidement», conclut Geoff Molson dans son message.

Des répercussions

Le conflit a bien sûr des répercussions un peu partout sur la planète hockey. Les équipes de la Ligue nationale ont dernièrement cédé des dizaines de joueurs dans la Ligue américaine de hockey, afin de les retourner à leurs clubs-écoles. Les Hurricanes de la Caroline ont été particulièrement actifs sur ce plan, ne cédant rien de moins que 28 joueurs à leur club-école de la LAH, incluant l'attaquant Jeff Skinner, gagnant du trophée Calder en 2011. Les Oilers d'Edmonton ont cédé 26 joueurs, incluant les attaquants Ryan Nugent-Hopkins et Jordan Eberle.

Les joueurs du hockey junior en ressentent eux aussi les effets. Chez l'Armada de Blainville-Boisbriand, quatre joueurs d'âge junior devaient aller prendre part à un camp d'entraînement de la LNH. Ce sera partie remise pour eux...

«C'est un conflit qui a des répercussions un peu partout, a commenté Joël Bouchard, directeur général de l'Armada. On ne peut pas seulement penser à nous et se dire que ça va nous aider quant aux assistances parce qu'on va devenir le seul club de hockey dans la région montréalaise. Ça affecte trop de gens. On ne peut pas être heureux de ce qui arrive dans la Ligue nationale, on ne souhaite pas ça. Quand il y a du hockey dans la LNH, c'est bon pour tout le monde.»

Rappelons que l'Association des joueurs et les propriétaires ne peuvent s'entendre sur la question du partage des revenus. Les joueurs, qui touchaient 57% des revenus rattachés au hockey dans la dernière convention collective, ont refusé des offres de 43% et 46% des propriétaires, en plus de dire non à la dernière proposition, la semaine dernière à New York, une offre qui faisait osciller cette part entre 47% et 49%.

Pour le moment, aucune autre rencontre n'est prévue entre les deux parties.

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LES CONFLITS DE TRAVAIL DANS LA LNH

1992: Grève des joueurs, 10 jours

Première et seule grève de l'histoire de la LNH. Joueurs et proprios s'affrontent bien sûr sur la question des revenus, mais aussi sur les droits des joueurs par rapport aux produits dérivés, une cause particulièrement importante aux yeux de Wayne Gretzky. Une nouvelle entente de deux ans est conclue.

1994-1995: Lock-out, 104 jours

Le gros problème cette fois-là: la question du plafond salarial. Les joueurs n'en veulent pas, les proprios y tiennent absolument. Le conflit s'est enfin réglé en janvier, quand la LNH a abandonné sa proposition d'une taxe spéciale sur les clubs trop dépensiers, une proposition qui était perçue comme une forme de plafond salarial aux yeux des joueurs.

2004-2005: Lock-out, saison annulée

Plusieurs points chauds à l'agenda, mais au final, c'est la fameuse question du plafond salarial qui a tout chamboulé. Incapables de s'entendre avec les joueurs sur ce point, les propriétaires annulent la saison en février... puis finissent par obtenir leur plafond salarial par la suite.