Les couleurs d'octobre, l'élection présidentielle américaine ou un engouement renouvelé pour les Alouettes : il vous faudra trouver autre chose que le hockey de la Ligue nationale pour vous distraire dans les prochaines semaines. Sinon les prochains mois.

« Il n'y a rien de neuf à rapporter », a confirmé vendredi le vice-président de la LNH Bill Daly à propos du litige opposant la ligue à l'Association des joueurs. Les deux parties guettent l'orage qui sera déclenché, samedi à minuit, quand la Ligue nationale entamera son troisième conflit de travail depuis l'arrivée de Gary Bettman au poste de commissaire en 1993.

Dès lors, nul ne sait combien de temps cela prendra pour résoudre un conflit basé sur la façon dont doivent être partagés les revenus générés par la ligue. Cette dispute peut sembler anodine puisqu'il s'agit de quelques points de pourcentage, mais elle se traduit par une somme avoisinant le milliard de dollars.

La plus récente offre patronale, à laquelle les joueurs n'ont pas répondu, sera retirée de la table de négociations une fois le lock-out déclenché. Mais en croire Donald Fehr, le directeur exécutif de l'AJLNH, il n'y a pas que les propriétaires qui puissent durcir leurs positions.

Sur la possibilité que l'Association des joueurs veuille abolir le plafond salarial mis en place lors du conflit précédent, Fehr a dit jeudi que « les joueurs sont tout aussi libres que les propriétaires de revoir leurs positions ».

Gary Bettman a convenu que ce ne serait pas là un développement positif.

« Nous avons sacrifié une saison complète pour mettre sur pied ce système. Il a fourni à la ligue une incroyable parité avec sept champions différents et nos revenus sont passés de 2,1 milliards à 3,3 milliards.

« Non seulement ce ne serait pas constructif, mais ça défierait la logique de vouloir s'en défaire. »

« Pourquoi Bettman a-t-il encore un emploi ? »

Certains joueurs cachaient mal leur hostilité à l'égard du commissaire, cette semaine à New York. C'est le cas du gardien des Sabres de Buffalo Ryan Miller, qui n'a pas mâché ses mots en présence d'un petit groupe de journalistes.

« Gary Bettman est en poste depuis 20 ans. Si son entreprise a été déficitaire pendant autant d'années, pourquoi a-t-il encore un emploi ? » a demandé Miller.

« Pour avoir un gros contrat de télévision et une visibilité  nationale, les équipes doivent être étendues partout en Amérique, a reconnu le gardien. Je rejoins Bettman là-dessus. On veut des équipes en Floride et à Phoenix, car elles peuvent rejoindre beaucoup de monde. Mais là où l'on ne s'entend pas, c'est que les joueurs ne devraient pas être les seuls à payer pour que ces équipes subsistent dans ces marchés et permettent aux autres de faire de l'argent.

« J'ai l'impression qu'on se préoccupe beaucoup plus de l'avenir et de la santé de la ligue que les principaux dirigeants du circuit, a poursuivi Miller. Et l'on ne veut pas que les fans aient à subir ce genre de chose tous les cinq ou six ans. »

Perspectives peu encourageantes

Il est étonnant de constater que la fragilité financière de certaines équipes - dont il était abondamment question il n'y a pas si longtemps - a disparu du discours patronal. Alors que les joueurs, qui se placent en défenseurs de la vertu dans ce dossier, ont amené des propositions visant à aider les marchés en difficulté.

« Nous aimons beaucoup la direction que nous avons prise et ce que nous proposons, et ce sera difficile de nous faire changer de trajectoire », avertit le vétéran des Sénateurs d'Ottawa Daniel Alfredsson, qui est conscient de la possibilité qu'il ait joué son dernier match dans la LNH.

Certains membres de l'équipe de négociations de l'Association des joueurs, parmi lesquels Mathieu Darche, ont quitté New York avec l'espoir que les pourparlers reprennent bientôt.

Mais l'on conviendra que les perspectives ne sont guère encourageantes.

« Je ne serais pas surpris que l'on rate toute la saison », a même confié Erik Cole à La Presse Canadienne.