Les plus pessimistes diront que la saison, ou du moins une importante partie de la saison, est à l'eau.

>>>Discutez de l'actualité du hockey sur le blogue de Mathias Brunet

Les plus optimistes rétorqueront que la LNH et l'Association des joueurs ont encore deux semaines devant eux pour bluffer avant de passer aux choses sérieuses.

Toujours est-il que les négociations ont pris fin de façon abrupte, hier après-midi à New York, parce que les deux parties ont des positions irréconciliables.

La LNH a en effet mis fin aux discussions après avoir reçu la contre-offre de l'Association des joueurs et de son directeur général, Donald Fehr.

«Les négociations sont au point mort», a déclaré Donald Fehr après la rencontre de

90 minutes.

Fehr et son Association entendent cependant demeurer à New York pour les deux prochaines semaines afin d'être en mesure de reprendre rapidement les négociations. Le Commissaire de la LNH Gary Bettman se dit ouvert à reprendre les discussions lui aussi, mais il faut se demander s'il ne s'agit pas uniquement, de part et d'autre, d'une manière de ne pas s'aliéner les fans.

Essentiellement, la LNH veut réduire à 43 % la part du gâteau accordée aux joueurs, qui touchent actuellement 57% des revenus.

«Pendant qu'on s'obstinait sur le pourcentage, on leur a proposé de négocier d'autres points importants, comme limiter les contrats à cinq ans, qui est un immense dossier, mais ils ne voulaient pas, a confié hier après-midi au bout du fil l'un des principaux représentants de l'Association des joueurs, Mathieu Darche. Ils ont dit qu'ils ont fait leur bout de chemin en baissant le taux à 50 %, mais ils l'ont fait avec une nouvelle définition du partage des revenus qui nous ramène au point de départ. Il ne faut pas oublier qu'on a laissé 4 milliards en salaires sur la table en 2005.»

Les joueurs estiment en effet que la LNH a maquillé une offre qui ressemble étrangement à la précédente.

«C'était un cochon avec du rouge à lèvres, au lieu d'être un cochon...», a déclaré Dan Cleary, des Red Wings de Detroit.

«Ce n'est pas logique que les 57 % soient là à perpétuité, a déclaré Bettman plus tôt cette semaine. Au bout du compte, si les joueurs reçoivent 57 %, nous recevons 43 % - et nous payons toutes les dépenses afin de faire fonctionner la ligue et les équipes.»

Mathieu Darche garde espoir malgré tout. «Il reste deux semaines et c'est énorme dans une négociation de convention collective. Personne ne cédera avant d'avoir le dos au mur. On peut même accoucher des principaux points d'une entente sur papier dans la dernière heure avant l'expiration du contrat et ouvrir les camps d'entraînement pendant que les avocats finissent de peaufiner l'entente.»

La plupart des joueurs veulent le statu quo et se demandent pourquoi la LNH rejette une entente à laquelle elle tenait en 2005 et qui a coûté une saison entière.

Et comme le soulignait hier le collègue Philippe Cantin, la LNH est en bien meilleure santé qu'il y a sept ans.

«La vigueur du dollar canadien a fourni une extraordinaire dose d'énergie aux équipes du pays. Au point où Winnipeg a retrouvé sa concession et Québec rêve du retour des Nordiques. L'an dernier, les revenus de la LNH ont été de 3,3 milliards, un record. La mise à l'enchère des droits nationaux de télé aux États-Unis s'est soldée par un contrat de 10 ans avec le réseau NBC. Les commanditaires paient de gros dollars pour s'associer au circuit, comme en fait foi l'entente de 375 millions intervenue l'an dernier avec Molson Coors.»

Certains, comme Patrick Roy, estiment malgré tout qu'il n'y aura pas d'arrêt de travail.

«Je ne pense pas que la LNH peut se permettre de passer une autre saison sans hockey, a-t-il déclaré hier au quotidien Le Soleil. Le premier lock-out avait eu un effet très positif pour les équipes canadiennes, mais très négatif pour les équipes américaines. Il y a des équipes de la Ligue nationale, aux États-Unis, qui ne se sont pas relevées de ce lock-out-là.»

Selon Roy, le commissaire de la LNH, Gary Bettman, habituellement sensible au sort des franchises américaines, ne voudra pas voir le même scénario se répéter. «Je pense que Gary Bettman est conscient de ça et je suis convaincu qu'un lock-out, ce n'est pas ce qu'il recherche. Les joueurs veulent négocier, les joueurs veulent s'entendre et je pense que les propriétaires vont vouloir faire la même chose.»

Attendons-nous à quelques scénarios comme celui d'hier d'ici le 15 septembre.