Pendant que Gary Bettman et Donald Fehr tergiversent, les agents de joueurs songent à un plan B.

L'agent de Vincent Lecavalier, Kris Letang et Patrice Bergeron, Kent Hughes, a fait plusieurs appels en Europe en début de semaine.

«Nous avons commencé à tâter le terrain au début de l'été, mais je dirais que le nombre d'appels de nos clients s'intensifie depuis sept à 10 jours, explique Hughes. Ils veulent connaître les options possibles en Europe. Je leur réponds cependant qu'on ne peut rien faire d'ici le 15 septembre car jusqu'à cette date, ils sont encore sous contrat avec leurs clubs de la LNH.»

Des joueurs russes comme Evgeni Malkin, Ilya Kovalchuk et Pavel Datsyuk ont déjà laissé entendre qu'ils opteraient pour la KHL dans l'éventualité d'un arrêt de travail. Martin St-Louis et Daniel Brière, entre autres, auraient de l'intérêt pour la Suisse.

Sauf que de nombreux joueurs se retrouveraient le bec à l'eau.

«La KHL a modifié ses règlements concernant les joueurs étrangers, raconte Hughes. Lors du dernier lock-out en 2004-2005, chaque club pouvait compter sur 10 joueurs étrangers, dont cinq en uniforme. Cette fois, le nombre a été réduit à cinq, que le hockeyeur soit utilisé ou non. Ça peut toujours changer d'ici là avec la Fédération russe, mais c'est la situation pour l'instant.»

En Suède, on raconte que la Ligue d'élite n'acceptera pas les mercenaires. Le joueur devra signer une entente pour la saison complète s'il veut se joindre à un club suédois, ce qui ne sera pas le cas cependant en Finlande.

«Ça sera plus difficile pour certains joueurs, mentionne Hughes. Et pour les vedettes, il y a la question des salaires. Les assurances coûtent très cher et il y a un risque de blessures. Est-ce qu'un club suisse serait prêt à payer une star qui arrive en novembre 500 000 $? Vincent avait déboursé 100 000 $ en assurances quand il avait joué en Russie il y a sept ans, mais le risque se prend quand on t'offre 1,8 million.»

Par ailleurs, la Suisse aussi a modifié ses règlements depuis sept ans.

«La situation en Suisse n'est pas comparable à celle de 2004-2005, explique le journaliste du quotidien Le Matin Emmanuel Favre. Lors du précédent lock-out, les clubs pouvaient mettre quatre joueurs étrangers seulement sur la glace, mais le nombre de joueurs étrangers sous contrat était illimité.

Il pouvait y avoir beaucoup de mouvement d'un mois à l'autre. Cette fois, il y a un nombre de huit licences au maximum et cinq joueurs sur la glace. Et comme la saison commence dans deux semaines, la plupart des clubs ont déjà mis tous leurs joueurs étrangers sous contrat. Les organisations ne prendront pas le risque de mettre des joueurs de la LNH sous contrat.»

Le pessimisme en regard à un arrêt de travail ne semble pas aussi prononcé qu'il y a sept ans.

«La plupart des agents à qui j'ai parlé croient qu'il y aura un lock-out, mais qu'il ne se durera pas plus de six semaines, dit Favre. Les clubs ne voudront pas embaucher un hockeyeur de la LNH qui viendra en touriste pour se remettre en forme puis rentrera une fois le conflit réglé. Ceux qui joueront en Suisse en cas d'arrêt de travail seront des Suisses, comme Raphael Diaz, qui est toujours sous contrat à Zug. Le cas de Mark Streit est moins évident puisqu'il en est à sa dernière année de contrat avec les Islanders de New York et qu'il ne voudrait pas risquer une blessure.»

Cet optimisme est partagé par Hughes. «Je ne crois pas que ça durera aussi longtemps que la dernière fois, mais rappelons-nous tout de même que personne ne croyait à l'époque que la saison serait complètement annulée en 2004-2005. Mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'ils (les propriétaires) ont eu la convention collective qu'ils voulaient et ils menacent à nouveau les joueurs d'un lock-out?»

Espérons pour les fans qu'ils n'auront pas à vivre l'exil de leurs vedettes.

> Réagissez sur le blogue de Mathias Brunet