Mathieu Darche est un éternel optimiste. Il faut le préciser pour ne pas donner de faux espoirs aux amateurs de hockey.

Mais celui qui siège au comité de négociations de l'Association des joueurs croit qu'une entente est possible avant l'ouverture des camps d'entraînement, le 23 septembre. Et ce, même si la proposition de la LNH et la contre-proposition de l'Association des joueurs ont été rejetées plutôt rapidement lors des premières rondes de négociations.

«Je m'attendais à ce qu'il y ait encore plus d'antagonismes, répond-il au bout du fil. Ils ont refusé notre proposition, mais leur réponse ne nous indiquait pas qu'il n'y avait aucune base sur laquelle on pouvait travailler et le ton est toujours demeuré cordial.

«C'est très différent de 2004, poursuit l'ancien attaquant du Canadien. La structure est là, le plafond a été implanté. À l'époque, c'était la bataille pour le plafond et personne ne voulait céder.»

Cette fois, la LNH veut réduire le pourcentage de revenus des joueurs de 57 % à 43 % et redéfinir le partage des revenus entre les équipes riches et les équipes pauvres.

Les joueurs de la NBA touchent 50 % des revenus liés à leur sport et ceux de la NFL, 47 %.

«Les pourcentages sont plus bas dans la NFL, mais par contre, ils ont grossi la tarte dans laquelle les joueurs pigent, précise Darche. Alors que dans notre cas, ils veulent non seulement baisser le pourcentage, mais également le montant qui sert de calcul pour le pourcentage en retirant certains éléments des revenus qu'ils ne jugent plus associés directement au hockey. Il ne faut pas oublier non plus que les basketteurs et les footballeurs n'ont pas subi une coupe salariale de 25% comme ce fut le cas pour nous.»

Darche est devenu un joueur important dans ces négociations. Il lui arrive même de discuter en tête à tête avec le numéro deux de la LNH, Bill Daly, et il participe à des meetings très privés avec le commissaire de la LNH Gary Bettman et le représentant de l'Association des joueurs, Donald Fehr.

«Mathieu Schneider m'a appelé pour me demander si je voulais travailler au sein du comité de négociations. J'ai souvent dit que j'étais intéressé à oeuvrer dans ce milieu après ma carrière. Ce que je vis actuellement, aucune institution scolaire ne peut m'apprendre ça.»

Darche a tout de même certaines connaissances dans le domaine, puisqu'il a étudié en marketing et en relations internationales à l'Université McGill. «Ça ne fait pas de moi un expert, mais c'est un outil», dit-il.

Darche tient à rassurer les gens qui s'inquiètent du fait que la LNH et l'AJLNH ne se sont pas parlé pendant une semaine mercredi. «Don était à Chicago jeudi et vendredi dernier, et à Kelowna demain [aujourd'hui]. Il revient négocier mercredi et il a d'autres meetings avec les joueurs jeudi. On ne pouvait donc pas être à table avec la LNH parce que ces rencontres étaient planifiées depuis mai. Il y a deux semaines, Don était à Barcelone pour rencontrer les joueurs européens. Il fait beaucoup de travail pour tenir les joueurs informés.

«On aurait pu négocier au cours du week-end, ajoute Darche, mais parfois, trop, c'est comme pas assez. Il faut aussi se donner du temps pour étudier la proposition de l'autre. Tu repenses à tout et tu calcules tes affaires. Tu ne peux pas être tout le temps dans la face de l'autre non plus.»

Certains croient qu'on a supplié Ovechkin et Crosby de venir à la présentation, mais ils ont choisi d'y être à leur propre initiative. C'est bien, car auparavant, c'était surtout des joueurs marginaux qui s'impliquaient. C'est un aspect important pour Don parce qu'il veut avoir des gars de toutes les classes possibles.

Parmi les autres propositions de la LNH, on note celle de limiter la durée des contrats à cinq ans, à étendre les contrats alloués aux recrues à cinq ans (ce qui limiterait leur salaire pendant cinq ans) et à ne pas allouer aux joueurs l'autonomie complète avant dix ans dans la Ligue.

«On a expliqué à la LNH que certaines décisions pourraient se retourner contre eux.

Un gars de la NCAA qui devient professionnel à 22 ans et passe deux ans dans la Ligue américaine... il n'aura pas le droit à l'autonomie complète avant 34 ans. Pourquoi les gars n'iraient-ils pas jouer ailleurs alors, comme dans la KHL? La LNH doit penser à ça aussi.»

Les joueurs sont prêts à se présenter à leurs camps d'entraînement respectifs même s'il n'y a pas d'entente. «Les lois américaines et canadiennes du travail nous le permettraient, dit Darche, mais les propriétaires ont annoncé que s'il n'y avait pas d'entente le 15 septembre, il y aurait un lock-out. Sauf que les camps ne commencent pas avant le 21, alors ça nous donne quand même sept jours. Ce qui est dommage, comme Don l'a bien mentionné cette semaine, c'est qu'un arrêt de travail devrait être le dernier recours dans une négociation de convention collective alors que pour eux, ça semble être plus une stratégie qu'un dernier recours.»

Les joueurs espèrent avoir la chance de jouer dès l'ouverture des camps. «Le basket et la NFL n'ont pas manqué grand-chose. Je ne crois pas que le hockey peut se permettre un lock-out. Des deux côtés, on espère qu'il n'y aura pas d'arrêt de travail. On a les mêmes chiffres, mais on ne les interprète pas de la même façon. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais ça peut réussir.»