Avec l'instabilité qui a entouré l'équipe au cours de la dernière décennie, on oublie facilement que Trevor Timmins dirigera à partir de demain son 10e repêchage pour le compte du Canadien.

Embauché par André Savard en 2002, l'homme de 44 ans a fait le plein de responsabilités sous Bob Gainey, puis a survécu à la tempête sous le règne de Pierre Gauthier.

Et tout indique que Marc Bergevin continuera de lui faire confiance.

«Je l'ai vu aller au Combine et j'ai été très impressionné, nous a dit la semaine dernière le nouveau directeur général. Trevor travaille fort et il communique très bien avec son équipe. Il laisse ses gens parler et les fait se sentir à l'aise.»

Comment Timmins s'est-il tiré d'affaire pour «survivre» à quatre directeurs généraux?

«Avec de l'honnêteté, de la loyauté et en agissant de façon professionnelle, répond Timmins. Mes parents m'ont éduqué en m'enseignant le respect, entre autres celui de l'autorité.»

Rick Dudley, qui l'a promu directeur des opérations hockey à l'époque où il était DG des Sénateurs d'Ottawa, soutient que Timmins est très bien perçu dans la ligue.

«C'est un bourreau de travail, il fait attention aux détails et c'est quelqu'un pour qui ses hommes aiment travailler.»

«Je suis du genre à vouloir plaire à tout le monde, en ce sens que j'essaie que tout le monde soit heureux dans son travail et qu'il obtienne ce qu'il veut», explique Timmins.

Et lui, obtient-il ce qu'il veut? «J'ai quitté Ottawa pour avoir la chance de gagner la Coupe Stanley; alors non, je n'ai pas encore ce que je veux!»

De l'aide, pas moins de pouvoirs

Des observateurs - majoritairement anglophones - supputaient que Timmins était déçu de la tournure des événements depuis l'arrivée en poste de Bergevin. Sous prétexte, dit-on, qu'on lui avait retiré des responsabilités liées au développement des joueurs.

Au contraire, le directeur du recrutement est très heureux de la nouvelle division des tâches.

«Je vais avoir de l'aide, s'exclame Timmins. Mon assiette était pleine et je pourrai désormais me concentrer sur le repêchage. Je ne vois pas cela comme une perte de pouvoirs.»

À bien y penser, c'était absurde de penser que le même homme pouvait sillonner la planète à la recherche des meilleurs espoirs et, en même temps, offrir du soutien aux joueurs déjà repêchés par le Canadien.

«Il y a tellement d'équipes à surveiller partout dans le monde, dit-il. En soi, c'est déjà beaucoup de travail.»

Selon Timmins, l'arrivée de Martin Lapointe et de Patrice Brisebois reflète une tendance lourde dans le hockey, car de plus en plus d'anciens joueurs partagent leur expérience avec les espoirs d'une organisation.

Non, Timmins n'est pas malheureux du tout avec son nouvel entourage.

«Nous partageons la même philosophie, nous sommes tous faciles d'approche et ouverts d'esprit, décrit Timmins. Ce sont toutes de bonnes personnes qui aiment travailler en équipe. Et puis, c'est bien d'être entouré de gens qui ont autant d'expérience...»

La meilleure téléréalité

Sous Timmins, le Tricolore avait pris l'habitude de repêcher au milieu du peloton. «Le Canadien faisait toujours les séries ou alors les ratait de peu. C'est difficile de frapper des coups de circuit lorsqu'on repêche dans ces eaux-là», souligne Rick Dudley.

Mais cette année, le CH profitera de trois choix parmi les 60 premiers. La dernière fois que ça s'est produit, c'était en 2007. Timmins avait alors sélectionné Ryan McDonagh, Max Pacioretty et P.K. Subban.

En raison du troisième choix universel, cette année, Timmins a concentré sa préparation sur les 10 meilleurs joueurs disponibles. Ça n'empêche pas la deuxième ronde d'être tout aussi que déterminante.

«Si l'on fait bien notre travail, on va trouver en deuxième ronde des joueurs qui joueront dans la LNH. Lorsque nous choisirons au 33e rang, vendredi, les chances sont fortes qu'on puisse réclamer un joueur qui était parmi les 20 premiers sur notre liste.»

Même si Timmins rêverait de devenir DG un jour, toute son attention est tournée sur un avenir à beaucoup plus court terme.

«Ce sera la meilleure émission de téléréalité jamais vue», lance-t-il en faisant référence aux multiples intrigues qui entourent le repêchage de cette année.

«Tous les amateurs de hockey auront intérêt à regarder.»

> Mathias Brunet: Jamais de coups de circuit, vraiment?