De tous les joueurs ou anciens joueurs ayant côtoyé Michel Therrien au fil des ans, une observation commune: cet entraîneur ne fait pas dans la dentelle.

«C'est un entraîneur de la vieille école qui ne passera pas par quatre chemins pour passer ses messages», confie au bout du fil le défenseur des Stars de Dallas, Stéphane Robidas, qui a entamé sa carrière professionnelle sous Michel Therrien dans la Ligue américaine, puis la LNH.

«Tous les joueurs ne sont pas capables de se faire dire les quatre vérités, la nouvelle génération doit être flattée dans le sens du poil, poursuit-il, mais je crois qu'il a beaucoup appris de ses expériences à Wilkes-Barre et Pittsburgh. Si j'ai connu une telle carrière, c'est grâce à lui. Je ne cacherai pas que ce fut difficile, il était sur mon cas solide, mais il m'a amené à changer mon style de jeu qui à l'époque n'était pas adapté pour la Ligue nationale.»

Ironiquement, le défenseur des Stars de Dallas, Stéphane Robidas, a joué pour les deux derniers candidats en lice, Therrien et Marc Crawford.

«J'ai adoré mes deux années avec Marc, il a été bon pour moi, il a gagné la Coupe à Denver, mais dans le contexte actuel du Canadien, Michel est le meilleur candidat parce qu'il est déjà passé par Montréal, confie Robidas au bout du fil. Il sait à quoi s'attendre. L'expérience, ça ne s'achète pas.»

Mathieu Darche, qui ne connaît pas encore les plans du Canadien à son endroit en prévision de la prochaine saison, espère avoir l'occasion de jouer sous Therrien. L'intransigeance du nouvel entraîneur du CH ne le dérange pas, au contraire.

«Il n'accepte pas les demi-mesures et récompense l'effort. Ça devrait être comme ça partout. Je sais que plusieurs joueurs n'aiment pas ça et certains n'ont pas aimé leur expérience avec Michel. Moi, j'ai adoré jouer pour John Tortorella à Tampa, même si plusieurs gars ont trouvé ça difficile. Ceux qui se donnent n'ont pas de problème avec ce type d'entraîneur. Demandez à Max Talbot s'il n'a pas aimé ça jouer pour lui.»

André Savard, qui a été son directeur général à Montréal, puis qui l'a suivi à Pittsburgh à titre d'adjoint, rappelle que Therrien a non seulement acquis beaucoup d'expérience chez les Penguins, mais qu'il a relancé une organisation à la dérive malgré la présence de Sidney Crosby et Evgeni Malkin.

«Ça n'allait pas bien à son arrivée, dit-il. Les abonnements de saison et de loges corporatives étaient à la baisse et il n'y avait pas 12 000 personnes dans les estrades. L'équipe ne gagnait pas souvent. Puis on a remporté 16 matchs de suite et l'engouement a repris là-bas.»

Therrien a mené Pittsburgh à la finale de la Coupe Stanley en 2008, mais a perdu en six matchs aux mains des Red Wings de Détroit.

L'année suivante fut plus difficile, entre autres en raison des blessures majeures subies par ses deux premiers défenseurs, Sergei Gonchar et Ryan Whitney, qui n'ont pas disputé 30 matchs, ainsi que celles d'Hal Gill.

Miroslav Satan, Ruslan Fedotenko et Matt Cooke ont été appelés sans succès à remplacer Marian Hossa, Ryan Malone et Gary Roberts. Therrien a été congédié en février 2009 alors que les Penguins s'apprêtaient ou venaient d'acquérir Bill Guerin et Chris Kunitz en renfort, et à l'aube du retour au jeu de Gonchar et Whitney.

La plupart connaissent la suite. Sous l'autorité de son successeur Dan Bylsma, les Penguins ont remporté la Coupe Stanley quelques mois plus tard en juin 2009. Depuis, ils n'ont cependant pas franchi la deuxième ronde.

«Sa plus grande qualité est son acharnement au travail, dit Robidas. Il est extrêmement bien préparé. Tout est planifié avant le début de la saison. Il est très méthodique, mais en retour, il exige la même chose de ses joueurs. Si tu ne fais pas le travail, tu vas te faire clouer au banc, peu importe ton statut.»

Stéphane Robidas estime qu'il est faux de le qualifier d'entraîneur défensif. «Il s'ajuste selon le personnel qu'il a sous la main. Mais pour nous, les défenseurs, il nous a toujours encouragé à appuyer l'attaque. Il va donner plus de latitude à ses clubs s'il a le talent pour le faire.»

Mathieu Darche mentionne que les équipes de Therrien sont toujours compétitives. «Je l'ai affronté souvent dans la Ligue américaine. Ses gars travaillaient toujours très fort. Mais je le taquine encore aujourd'hui avec le fait qu'on l'a battu en finale de la Coupe Calder alors que je jouais pour Hersey! Je me souviens d'un match où on les avait battus 5-1 dans cette finale. Il avait "ramassé" ses gars d'aplomb et ils nous avaient battu 6-1 dans le match suivant...»

Les paresseux auront intérêt à marcher droit la saison prochaine.