La première fois, le Centre Bell s'appelait le Centre Molson, Saku Koivu était le capitaine, Jeff Hackett le gardien numéro un de l'équipe et Oleg Petrov le meilleur attaquant du club.  



>>> Notre infographie de ceux qui ont précédé à Michel Therrien à la tête du Canadien depuis 1968.

C'était le 20 novembre 2000 et un vent de confusion régnait sur l'équipe. Le DG Réjean Houle et l'entraîneur Alain Vigneault venaient d'être congédiés en catastrophe, remplacés par André Savard, à qui le président Pierre Boivin avait imposé ce jeune entraîneur bourru des Citadelles de Québec, Michel Therrien.

Le Canadien était au dernier rang du classement général de la LNH et à quelques semaines d'être vendu; personne ne donnait très cher de la peau de ce duo que plusieurs qualifiaient d'intérimaire.

George Gillett a acheté le club et, contre toute attente, Therrien s'est accroché. Il a même permis à ce petit club sans grand talent de se qualifier pour les séries éliminatoires la saison suivante, et même d'éliminer les Bruins en première ronde, grâce entre autres aux exploits de José Théodore.

Il aura survécu deux ans et demi à Montréal avant d'être congédié officiellement par André Savard, officieusement par George Gillett. Plusieurs croyaient qu'on ne le reverrait jamais dans la LNH.

On l'a revu dans la LNH. Il a même permis aux Penguins de Pittsburgh, un club en pleine déroute au moment de son arrivée, d'atteindre la finale de la Coupe Stanley un an et demi plus tard.

Trois ans après son congédiement à Pittsburgh, on a cru à nouveau qu'il ne lui fallait plus espérer un poste d'entraîneur en chef dans la LNH.

Non seulement il l'a obtenu, mais dans une ville où l'on ne donne généralement jamais de deuxième chance à un coach.



«Avec les années, on réalise que c'est un privilège de diriger un club de la LNH, et un honneur de le faire avec le Canadien de Montréal, a-t-il confié mardi en conférence de presse, visiblement ému. Je veux améliorer l'éthique de travail, amener discipline et structure, je veux que les gens qui viennent au Centre Bell soient fiers de leur équipe.»

Voilà un homme qui a remporté la Coupe Memorial et qui a mené ses clubs à la finale de la Coupe Calder, dans la Ligue américaine, et à la finale de la Coupe Stanley en 2008. Et pourtant, chacune de ses embauches semble susciter sa dose de scepticisme.

À preuve, cette révélation surprenante de sa part: «Je suis heureux, c'est la première fois qu'un directeur général m'embauche. C'était un mariage de raison à Montréal, mais aussi à Pittsburgh alors que celui qui m'avait embauché, Craig Patrick, vivait sur du temps emprunté. Mais j'ai dû faire du bon travail parce qu'à chaque fois, le DG qui est entré en poste par la suite m'a offert une prolongation de contrat. Donald Beauchamp me rappelait que j'avais dirigé plus de 1000 matchs dans les rangs professionnels. Je ne l'avais pas réalisé!»

Le nouveau DG Marc Bergevin n'a pas voulu s'étendre sur le processus de sélection, sinon de dire qu'ils étaient moins de dix candidats et que les entrevues avaient été longues. Il n'a pas voulu répondre aux questions sur un candidat populaire, Patrick Roy, afin de laisser toute la place à Therrien.

«Je ne connaissais pas beaucoup Michel. Je n'ai pas joué pour lui. J'ai été agréablement étonné par son ouverture d'esprit. Je ne savais pas à quel point il pouvait s'adapter. Il comprend que les situations sont différentes et en plus, son éthique de travail est irréprochable, ce qui est très important pour moi.»

Michel Therrien aura du temps pour préparer son club, contrairement à sa première embauche en novembre 2000 où il avait dû chausser les patins une heure après sa conférence de presse puisque le CH affrontait les Panthers de la Floride le soir même.

Mais le travail commence dès maintenant puisqu'il entend rencontrer ses joueurs un à un. Le premier invité à son bureau?

«Je vais commencer par mon capitaine, Brian Gionta, répond-il sans hésiter. J'ai hâte de lui parler, il a sûrement connu une saison très frustrante.»

Therrien est confiant de rendre cette équipe compétitive. «On va apprendre à marcher avant de courir, mais il y a du potentiel ici. Nous avons un premier trio (Desharnais, Cole et Pacioretty) qui se compare à tous les premiers trios de la Ligue. Tomas Plekanec est un joueur très intelligent. Andrei Markov commencera l'année en santé et Carey Price est un gardien d'élite.»

Sur P.K. Subban: «C'est un beau défi. Ce gars-là est un étalon et c'est avec les étalons que tu gagnes des courses, les picouilles finissent 10e. Subban a beaucoup à nous offrir...»

Michel Therrien et Marc Bergevin ont discuté du type d'adjoint nécessaire pour cette équipe. Le nom de Martin Lapointe revient souvent dans les discussions, mais aucun nom n'a été évoqué par le duo.