Il y a une question à laquelle Nail Yakupov n'a pu échapper au cours de la journée d'évaluation des espoirs de la LNH.

Mikhail Grigorenko et Andrey Vasilevskiy l'ont entendue aussi. Même Alex Galchenyuk - un américain malgré son nom à consonance russe - n'a pu faire une entrevue cette semaine sans qu'on lui demande pourquoi il souhaite jouer au hockey en Amérique du Nord et non dans la Ligue continentale (KHL) en Russie.

«Depuis que je suis petit, je dis (à mes parents) que mon rêve est de jouer dans la LNH et de gagner la coupe Stanley», a expliqué Galchenyuk, qui est né à Milwaukee. «Ce n'est pas de jouer dans la KHL pour la coupe Gagarine. Je veux devenir un grand joueur dans la LNH, et affronter les meilleurs joueurs.»

Il est de plus en plus difficile pour les jeunes Russes de convaincre les équipes de la LNH que ce n'est pas un facteur. En 1992, 47 joueurs russes avaient été sélectionnés. Seulement 39 Russes ont été choisis au cours des cinq dernières années.

Il sera donc intéressant de voir ce qui va se produire plus tard en juin lors du repêchage à Pittsburgh. On s'attend à ce que Yakupov soit choisi au premier rang, et que Grigorenko et Vasilevskiy soient appelés au premier tour, tout comme Galchenyuk.

Cependant, même les joueurs concernés comprennent la situation. C'est un sujet tabou pour plusieurs têtes pensantes de la LNH, mais la menace de quitter vers la KHL peut forcer une équipe à y penser à deux fois avant de choisir un joueur russe.

«Une partie du problème, c'est qu'il est difficile de leur faire accepter le système, a indiqué le directeur général des Coyotes de Phoenix Don Maloney. En cas de problèmes, ils ont l'option de simplement dire «nyet» et de quitter pour la KHL, à la place de faire des efforts. Ils ont une porte de sortie.

«Je crois que je pourrais en parler à tous les directeurs généraux et ils hésiteraient tous.»

La situation a été expliquée à la nouvelle génération de Russes lors des rencontres avec les dirigeants des équipes de la LNH. Même Yakupov et Grigorenko, qui ont décidé de jouer leur hockey junior au Canada, ont dû répéter à maintes reprises leurs intentions.

«Toutes les équipes m'ont posé des questions là-dessus, sur la KHL, a admis Grigorenko. Je comprends leurs inquiétudes, mais je leur ai dit que je n'irais pas.»

Les Capitals de Washington (Evgeny Kuznetsov) et les Blues de St. Louis (Vladimir Tarasenko) ont eu de la difficulté à attirer leur récent choix de premier tour en Amérique du Nord. Les joueurs peuvent obtenir un meilleur salaire en Russie qu'en signant un contrat de recrue dans la LNH, et ils n'ont pas à s'inquiéter de la possibilité d'être envoyé dans la Ligue américaine, où leur salaire sera considérablement moins important.

Les Oilers détiennent le premier choix en vue du prochain repêchage et Yakupov sera de passage à Edmonton cette fin de semaine. L'équipe n'a pas choisi de joueur russe depuis 2006, mais le directeur général Steve Tambellini a confié avoir hâte de passer un peu plus de temps avec Yakupov.

«Vous devez apprendre à connaître le joueur personnellement, a déclaré Tambellini. Vous devez trouver ce qui le motive vraiment, et quels sont ses objectifs. Et peut-être que vous allez réaliser s'il hésite ou non.»

Yakupov a été classé au premier rang de la majorité des listes de projection durant toute l'année, mais le fait d'être originaire de Russie pourrait jouer contre lui. Si les Oilers décident de ne pas le sélectionner, les Blue Jackets de Columbus pourraient faire de même au deuxième rang, eux qui ont connu des difficultés avec les Russes Nikita Filatov et Nikolai Zherdev au cours des dernières années.

«Vous savez, tous les joueurs sont différents, a rappelé Yakupov. Je suis musulman, je ne suis pas russe. Si vous appelez ça le facteur russe, c'est la vie du joueur. J'ai ma vie. Je dois travailler.

«Peu importe l'équipe qui me choisira, pour moi, ce sera mon équipe, mon équipe préférée dans la LNH. Je vais vouloir jouer pour elle, et tout faire pour gagner.»