Anze Kopitar ne pouvait choisir meilleur moment pour marquer son premier but gagnant des séries: complètement oublié en zone neutre par les cinq joueurs des Devils, Kopitar a hérité de la rondelle à la suite d'une savante passe du revers que lui a servie son coéquipier Justin Williams. Kopitar a profité d'une longue échappée au terme de laquelle il a déjoué Martin Brodeur pour donner une victoire de 2-1 aux Kings de Los Angeles en milieu de première période de prolongation.

«Martin Brodeur est un grand gardien et ce soir j'ai eu la chance d'avoir le dessus sur lui», a indiqué Kopitar en parlant de son septième but des séries.

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«Je n'ai pas vraiment compris ce qui est arrivé au centre de la patinoire, mais il a eu beaucoup de temps pour faire son geste. Je l'ai étudié sur vidéo et en échappée, il aime aller du côté du revers. C'est là que je le dirigeais. Mais il n'avait pas beaucoup et vitesse et a eu tellement de temps pour faire son geste qu'il a réussi à revenir sur son côté fort. Quand un gars aussi bon a autant de temps, ça rend les choses plus compliquées pour un gardien», a convenu Martin Brodeur après la défaite.

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Brodeur disputait mercredi son 200e match de séries éliminatoires en carrière. Bien que cette étape soit importante, elle ne représente pas un record puisque Patrick Roy sera très difficile à rejoindre autant au chapitre des matchs disputés en séries (247) qu'au chapitre des victoires (151). Brodeur est deuxième pour les matchs et aussi les victoires avec 111.

Comme ils l'avaient fait face au Canadien en 1993, les Kings ont remporté les honneurs du premier match de la grande finale. Ils tenteront d'éviter l'erreur commise face au Tricolore lors de leur première et seule autre présence en grande finale pour ajouter trois victoires et offrir à leurs partisans la première Coupe Stanley de leur histoire.

Toujours invaincus sur la route

Forts de cette victoire, les Kings prolongent à neuf leur série de gains consécutifs sur la route depuis le début des séries. Il s'agit bien sûr d'un record de la LNH. Cette séquence s'étend toutefois à 11 si on ajoute aux neuf gains sur la route de cette année, les deux enregistrés l'an dernier.

D'où l'importance pour les Devils de rebondir dès le prochain match qui sera disputé samedi au Prudential Center.

«Le seul message à lancer dans le vestiaire est que nous pouvons jouer beaucoup mieux qu'on l'a fait ce soir. C'était un match bizarre. Pour les deux équipes. La glace était mauvaise. La rondelle bondissait partout. On s'étudiait pas mal en première moitié et je suis loin d'être convaincu que le spectacle était à la hauteur. Mais ils ont trouvé un moyen de gagner. Ils le font depuis le début des séries. J'aurais bien sûr préféré gagner ce premier match pour casser leur séquence et mettre un peu de doutes dans leur esprit. Il faudra le faire samedi», a ajouté Brodeur qui a réalisé 23 arrêts au cours de la rencontre.

Son plus beau, il l'a réservé à l'excellent défenseur Drew Doughty devant qui Brodeur s'est étendu pour lui présenter ses deux jambières en guise de palissade.

«Richards (Mike) avait beaucoup d'options dans l'enclave. Il m'a surpris en choisissant de remettre la rondelle derrière. J'ai calculé ma chute pour être certain que la rondelle me frappe dans les jambières. Ça a bien fonctionné sur ce jeu», a conclu le gardien québécois.

Brodeur a toutefois eu moins de vaines sur le premier but des Kings. Il s'est fait surprendre entre les jambières par Colin Fraser sur un tir d'une vingtaine de pieds. Limité à une passe depuis le début de séries, le joueur de soutien des Kings ne s'attendait certainement pas à marquer sur ce jeu survenu à mi-chemin en première période.

Devils anémiques

Les Devils sont débarqués en finale avec 51 buts marqués en 18 matchs depuis le début des séries. Le plus haut total ce printemps dans la LNH.

Pour marquer ces 51 buts, les Devils ont d'abord tiré au but. Un principe dont ils se sont souvenus à la mi-match seulement.

Limités à cinq petits tirs au premier tiers, ils n'en avaient obtenu aucun jusqu'à ce que Zach Parise ne mette Jonathan Quick à l'épreuve. Si on peut appeler ça une épreuve...

Dainius Zubrus, à sa sortie du banc des pénalités, a ensuite obligé le gardien des Kings à prouver pourquoi il s'est hissé parmi les meilleurs gardiens de la LNH cette saison. Le gros attaquant lithuanien a décoché un puissant tir des poignets que Quick a habilement repoussé.

Ce deuxième tir a toutefois semblé réveiller les Devils qui se sont soudainement animés à l'attaque.

Cet éveil a ouvert la porte au but improbable d'Anton Volchenkov, un défenseur qui verse bien plus dans les tirs bloqués que les tirs au but. Campé à la pointe gauche, Volchenkov a dirigé la rondelle en direction du filet. Jonathan Quick a effectué un arrêt de routine. Mais le gardien des Kings a très mal contrôlé le rebond qu'il a projeté en plein centre de l'enclave où arrivaient en trombe son défenseur Slava Voynov et l'attaquant des Devils Patrick Elias.

Sans qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui arrivait, encore moins de l'éviter, la rondelle a frappé Voynov en pleine poitrine pour se retrouver au fond du filet.

Initialement accordé à Patrick Elias qui semblait avoir lui aussi touché au disque, le but a finalement été attribué à Volchekov. Son premier des séries bien sûr - son 2e point seulement - et son 4e seulement si on l'ajoute aux trois buts enfilés en saison régulière...

Ce fut le seul moment de réjouissance pour les Devils et leurs fans.

Des partisans qui se sont arraché les cheveux à plusieurs occasions à la suite d'occasions en or bousillées par leurs favoris.

Mark Fayne, venu appuyer l'attaque, a raté un filet désert alors qu'il a complètement raté son tir à l'embouchure du filet. Une «fausse balle» qui hantera le sommeil du défenseur pendant quelques jours.

«La rondelle n'était pas bondissante, j'ai juste été incapable de la frapper correctement. C'est dur à encaisser dans le cadre d'un match aussi serré et qui se solde par une défaite en plus. Mais ça arrive», plaidait le défenseur.

Les Devils ont aussi été incapables de profiter des deux attaques massives offertes par les Kings. Ces derniers ont été blanchis en une occasion...

Blanchi de la feuille de pointage et auteur d'un seul tir qui a touché la cible, Ilya Kovalchuk n'a pas cherché d'excuse après la rencontre.

«Je ne veux rien leur enlever, mais nous venons de disputer notre pire match des séries. La bonne nouvelle c'est que ce n'est qu'un match. Il faudra être bien meilleurs samedi pour niveler les chances», a indiqué le meilleur marqueur des séries avec 18 points dont 11 passes.

Les Devils se retrouvent toutefois dans une position qu'ils connaissent. Non seulement ont-ils perdu le premier match de la finale de l'Est aux mains des Rangers - un jeu blanc de 3-0 d'Henrik Lundqvist - mais ils avaient également perdu la première rencontre de la série les opposant aux Flyers de Philadelphie en deuxième ronde.

Si les deux équipes ont été timides en fait de tirs au but, ils ont généreusement distribué les coups d'épaule comme en témoignent les 35 mises en échec attribuées aux Kings et les 44 aux Devils.

Dainius Zubrus a dominé les joueurs des deux équipes avec huit mises en échec. Anton Volchenkov et Stephen Gionta chez les Devils et Matt Green et Jarret Stoll chez les Kings l'ont suivi.

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Entre les lignes

Depuis l'implantation des séries quatre de sept, l'équipe qui a gagné le premier match en grande finale a soulevé la Coupe Stanley 55 fois en 72 saisons (76%). Les Bruins de Boston l'an dernier contre Vancouver et les Penguins de Pittsburgh en 2009 sont les deux derniers clubs à avoir renversé la vapeur.

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Les Devils pourront imiter Tampa (2004 contre Calgary), Detroit (2002 contre la Caroline), Dallas (1999 contre Buffalo) les Rangers (1994 contre Vancouver), le Canadien (1993 contre les Kings) et Pittsburgh (1991 contre Minnesota) qui sont les six derniers clubs à avoir soulevé la Coupe Stanley après une défaite à domicile lors du premier match de la grande finale.

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Avec sa 11e victoire de suite en séries sur la route, Jonathan Quick vient d'établir un nouveau record devançant Billy Smith qui en avait signé 10 en 1979 et 1980.

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Avec la prolongation disputée mercredi par les Kings et les Devils, 24 matchs des séries se sont décidés en temps supplémentaire ce printemps. Quatre de moins que le record de 1993 alors que Patrick Roy et le Canadien avait signé des victoires dans 10 de ces 24 prolongations.

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Anze Kopitar a marqué sur le 25e tir des Kings. Son quatrième de la rencontre. Kopitar a aussi excellé aux cercles des mises en jeu avec 14 duels gagnés sur les 24 disputés. C'est toutefois son coéquipier Jarret Stoll qui a régné en maître à ce chapitre avec neuf mises en jeu gagnées sur les 10 disputées.

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En raison des cérémonies protocolaires, le premier match de la grande finale s'est mis en branle à 20h22 seulement. Une chance qu'il n'est pas nécessaire d'interpréter le Ô Canada en plus du Star Spangled Banner...

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Très heureux de voir les noms de trois juges de lignes québécois sur la liste des quatre retenus en grande finale. Aux vétérans Jean Morin (22 matchs) et Pierre Racicot (13 matchs) s'ajoute la recrue Jonny Murray, de Québec, qui en était mercredi à son tout premier match en carrière en finale de la Coupe Stanley. Derek Amell complète le quatuor de juges de lignes. Les quatre arbitres retenus sont: Brad Watson (15 matchs), Dan O'Hallaran (14), Dan O'Rourke (3) et Chris Rooney qui attend son premier match.

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C'est la première fois de l'histoire de la LNH que les capitaines des deux équipes en finale - Dustin Brown des Kings et Zach Parise des Devils - sont des Américains. Derian Hatcher, avec les Stars de Dallas en 1999, ne sera donc plus le seul capitaine américain de l'histoire à avoir soulevé le précieux trophée.

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Les Devils ont congé d'entraînement jeudi. Ils ont rendez-vous vendredi matin pour une réunion d'équipe qui sera suivie d'un entrainement à midi. Les Kings devraient aussi profiter d'une journée de repos jeudi.