Les 1200 places de la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue à Longueuil étaient presque comblées samedi pour lancer un dernier au revoir à l'ancien défenseur vedette du Canadien, Émile Bouchard, décédé samedi dernier, à l'âge de 92 ans.

Dans la pluie et le vent, des personnalités politiques et sportives sont venues témoigner et célébrer la mémoire de l'ancien capitaine du Tricolore.

Les jerseys bleu, blanc et rouge et les casquettes aux couleurs vives côtoyaient les parapluies noirs, plus mornes. À l'intérieur, comme dehors, planait non pas la tristesse, mais le désir de saluer le défenseur à l'imposante stature qui ne laissait rien passer le long de la bande.

La cérémonie a été présidée par le cardinal Jean-Claude Turcotte. Dans son homélie, il a parlé d'un homme de bien, vrai dans le sport comme dans la vie, qui savait imposer le respect non par la force physique, bien que sa carrure le lui aurait permis.

De nombreux anciens joueurs du Canadien ont assisté à la cérémonie. Parmi eux, Dickie Moore s'est présenté au bras de sa fille. Sur le parvis de l'église, dans le froid, il a rappelé qu'à ses débuts dans la Ligue nationale, alors qu'il n'avait que 19 ans, «le grand Butch» était là pour lui. Tout en affichant un large sourire en parlant de son ami, il a répété à quelques reprises qu'il avait été son meilleur capitaine, laissant filer les larmes sur la joue.

Un autre coéquipier, Dollard St-Laurent, qui avait remporté avec lui la finale de la coupe Stanley en en 1953 et en 1956, s'est rappelé du défenseur de talent mais aussi d'un homme avec «un gros coeur».

Émile «Butch» Bouchard a évolué comme défenseur avec le Canadien pendant 15 saisons, de 1941 à 1956 jusqu'à sa retraite du hockey. Au cours de sa carrière, il a remporté quatre fois la coupe Stanley.

Outre sa vie sportive, qu'il a aussi consacrée à la boxe et au baseball, il s'adonnait aussi à l'horticulture, élevait des abeilles, a été brièvement conseiller municipal à Longueuil et s'est impliqué auprès de ses concitoyens.

Il laisse dans le deuil son épouse et cinq enfants, dont Pierre Bouchard, qui a également porté les couleurs du Tricolore de 1970 à 1978. Sa petite-fille, Marie-France, a livré un témoignage vibrant et personnel à l'égard de son grand-père.

«Pour nous, tu étais un géant. Ton départ nous rappelle que tu n'étais qu'un homme. (...) Tu nous lègues un souvenir plus grand que nature, ce chandail numéro 3», a-t-elle mentionné.

Ce chandail avait été retiré le 4 décembre 2009 après une imposante campagne de mobilisation des amateurs. L'actuel président et chef de la direction du club, Geoff Molson, a raconté en marge de la cérémonie comment il avait annoncé à Émile Bouchard la décision de retirer son ancien numéro.

«Je me suis présenté chez lui, nous étions installés autour de la table. C'était pour lui un moment satisfaisant, mais il n'a jamais dit: «je le méritais', se contentant de dire qu'il n'était qu'un homme», a-t-il indiqué, illustrant bien l'attitude de gentleman de l'ancien numéro 3.