À la suite du décès de son père Émile, samedi, Pierre Bouchard, qui a lui aussi été défenseur pour le Canadien, s'est rappelé ce qu'a signifié le retrait du chandail de son père par l'organisation montréalaise, en 2009.

«Ça lui donné un regain de vie, a dit Bouchard. Quand Ron Fournier a recueilli les paroles de Maurice Richard, qui disait que s'il y avait un autre chandail à retirer de son époque, ce serait celui de «Butch» Bouchard', ça lui a donné un regain de vie dans ses dernières années, j'en suis certain.»

Bouchard a confié avoir ressenti l'affection et le respect que les gens avaient pour son père, qui a porté l'uniforme tricolore pendant 15 saisons.

«J'ai toujours senti le respect qu'on lui portait quand j'étais plus jeune, a dit Pierre Bouchard. Je le voyais par son implication sociale à Longueuil dans le hockey junior, le baseball junior, avec l'Hôpital Ste-Jeanne-d'Arc et comme échevin à Longueuil, jusqu'à la fin des années 70. Après ça il passait ses hivers en Floride, donc il était moins impliqué socialement au Québec. Le nom disait toujours quelque chose aux plus âgés, et le retrait de son chandail l'a fait connaître auprès des plus jeunes.»

Bouchard a mentionné que son père ne souffrait pas de maladie particulière.

«Il avait eu une fracture à la hanche, mais il n'était pas malade. C'est la vieillesse qui a fait son oeuvre. Il était lucide. Tout fonctionnait au ralenti, mais il était correct. C'est le coeur qui a flanché, c'est l'épuisement des années. Il n'avait pas de maladie.»

Le président des Anciens Canadiens, Réjean Houle, s'est rappelé un de ses premiers contacts avec Émile Bouchard.

«J'ai commencé à côtoyer M. Bouchard quand je suis arrivé à Montréal en 1967 avec le Canadien junior, a t-il dit. Je jouais avec Pierre, et j'ai eu l'honneur d'être invité à la résidence familiale. C'était pour moi un moment spécial, car c'étaient des gens très marquants. M. Bouchard était un monsieur grand, droit, solide. Un vrai chêne, qui était très impliqué dans la communauté.

«Il avait son restaurant où on allait après les matches, et c'est comme ça que j'ai pu le connaître davantage. Il était assez direct et avait aussi un humour un peu sarcastique, ce qui en même temps lui permettait de faire passer son message, a ajouté Houle en riant.

«Il a été un des grands capitaines du Canadien. On a eu une période difficile dans les années 40 mais avec la venue de M. Bouchard et du «Rocket' et les autres au début des années 50, comme le grand Jean (Béliveau), Henri (Richard), Dickie Moore et ainsi de suite, Jean-Guy Talbot, Doug Harvey, c'était une période où tous les morceaux du casse-tête ont commencé à s'assembler pour former une dynastie.»

Houle a lui aussi évoqué ce qu'a représenté pour Bouchard le retrait de son chandail numéro 3 le 4 décembre 2009., en même temps que le numéro 16 d'Elmer Lach.

«Ça lui a fait très chaud au coeur et il en était très fier, a dit Houle. Lui et Elmer Lach ont marqué un renouveau dans l'histoire du Canadien et de voir leurs chandails retirés, les voir ensemble comme ex-coéquipiers, c'était une très belle soirée.»

Une autre ancienne vedette du Canadien, Yvan Cournoyer, a notamment parlé de ses qualités humaines.

«Je l'ai connu comme ami et comme ancien joueur, a dit Cournoyer, qui a remporté 10 fois la coupe Stanley avec le Bleu-Blanc-Rouge. Nous avons fait de la promotion ensemble. C'était un homme vraiment sympathique, qui parlait à tout le monde et qui était respecté par tout le monde.»

Le commentateur sportif Ron Fournier a fait écho à ces propos, en plus d'évoquer le style de jeu d'Émile Bouchard.

«Il a été un grand défenseur et un grand capitaine, a dit le commentateur sportif Ron Fournier, au réseau TVA. Il n'était ni flamboyant ni électrisant, mais il avait toute une stature. Il était un géant à son époque - un gentil géant même si sur la glace, vous ne vouliez pas passer de son côté.

«Je suis très attristé, mais je n'ai que de bons souvenirs de lui, a poursuivi Fournier, qui allait le voir à l'occasion, ces dernières années. C'était un homme de peu de mots, mais d'une grande gentillesse.»

Le Canadien de Montréal a mis en lumière le brio dont a fait preuve Bouchard durant sa carrière.

«Émile Bouchard a été sans contredit l'un des meilleurs défenseurs dans l'histoire des Canadiens et fut également un grand capitaine, a dit par communiqué le président et chef de la direction du club, Geoff Molson. Tout au long de sa carrière, il a su faire preuve de caractère et de leadership, menant l'équipe à quatre conquêtes de la coupe Stanley.

«Le retrait de son chandail témoigne de l'impact qu'il a eu non seulement sur ses coéquipiers, mais sur une génération entière de partisans. Émile nous manquera grandement, mais jamais il ne sera oublié. Tous les membres de l'organisation se joignent à moi pour offrir à la famille Bouchard nos plus sincères condoléances.»

Le commissaire de la LNH, Gary Bettman a aussi tenu à commenter le décès de ce grand du hockey.

«Pendant 15 saisons, Butch Bouchard a fièrement porté le flambeau du Canadien de Montréal. Il était une présence imposante sur la patinoire et quelqu'un de respecté dans le vestiaire du Canadien, lui qui a été capitaine de l'équipe pendant huit ans, a déclaré Bettman par le biais d'un communiqué. Alors que nous vivons le deuil du départ d'un champion, d'un leader et d'un membre du Temple de la renommée, la Ligue nationale de hockey tient à offrir ses plus sincères condoléances à sa famille, ses amis et aux partisans du Canadien, qui se souviendront toujours de l'apport de Butch Bouchard dans l'histoire légendaire de l'équipe.»