Pendant que la courbe de progression du Canadien dans son ensemble décline, celle de P.K. Subban reste en pleine ascension. Et c'est peut-être là l'une des rares bonnes nouvelles en cette saison de misère.

Subban a passé 28 minutes ou plus sur la patinoire pendant chacun des quatre derniers matchs du Tricolore. Le défenseur âgé de 22 ans baigne dans ce contexte comme un poisson dans l'eau.

«J'adore ça. Je me sens bien. J'ai le sentiment que plus je joue, plus j'ai de l'énergie, a lancé le deuxième choix du Canadien en 2007 après l'entraînement de jeudi à Brossard. On dirait que tu deviens plus alerte, plus confiant. Que tu lis mieux le jeu, que les passes sont plus précises.

«D'une certaine manière, plus on joue, plus ça devient facile, a ensuite reconnu Subban lors d'une conversation à bâtons rompus avec un nombre restreint d'interlocuteurs, une fois les paroles d'usage prononcées. Quand tu sais que tu vas passer la moitié du match sur la glace, on dirait que simplifier ton jeu se fait tout seul. D'ailleurs, tu ne peux pas faire autrement que de simplifier ton jeu si tu veux être capable de disputer toutes ces minutes. C'est ce qui permet à un défenseur comme Chris Pronger de le faire, et d'être aussi efficace.»

Subban a par ailleurs noté que plus souvent un joueur joue, plus il a l'impression que le jeu ralentit pour lui. Et tout devient, là encore, plus facile.

«Quand tu joues aussi souvent, tu finis par affronter les mêmes attaquants plusieurs fois au cours de la soirée, a-t-il souligné. Et quand un attaquant en particulier fonce vers toi trois fois et que ça fait trois fois que tu lui enlèves la rondelle, peut-être que la quatrième fois, il va plutôt tenter de faire une passe en arrivant à la ligne bleue. Ce qui donne alors l'occasion à l'un de nos avants de venir le mettre en échec ou d'intercepter la rondelle. Ou encore, il prendra tellement de temps à prendre sa décision que le jeu avortera.

«Ça, ce sont des choses que les gens ne voient pas toujours. Mais c'est souvent à des choses comme ça qu'un match se résume.»

Subban a avancé qu'il n'a pas tellement changé son approche dans la LNH par rapport à son stage chez les juniors, en ce sens qu'il cherche toujours à animer l'attaque quand il en a l'occasion. À ce niveau-là, il embellit un peu la réalité puisqu'avec les Bulls de Belleville, même en pleine Coupe Memorial, il avait souvent tendance à faire des montées à l'emporte-pièce, d'un bout à l'autre de la patinoire - chose que même la crème de la crème réussit rarement dans la Ligue nationale.

Sauf que Subban semble avoir compris qu'à ce niveau-ci, il n'a plus besoin de tout faire seul, comme il le faisait chez les juniors. Car la réalité, c'est que les joueurs avec lesquels il évolue sont tous à peu près aussi bons que lui. Ce qui n'était pas le cas dans la Ligue de l'Ontario.

«Ce n'est pas nécessaire de toujours tenter le grand jeu. Un petit jeu de rien du tout peut faire la différence, soit pour se sortir du pétrin ou d'un espace restreint, et ensuite il suffit de relayer le disque à un coéquipier pour que ça mène à un belle séquence», a-t-il noté.

Conscient de sa chance

Subban est conscient que ce sont les longues absences d'Andrei Markov et de Josh Gorges qui lui ont permis d'apprendre sur le tas dans la LNH. Il s'estime quand même chanceux parce que bien des entraîneurs auraient hésité à utiliser un joueur de son âge à toutes les sauces, même en l'absence de vétérans de premier plan.

Satisfait de son niveau de jeu, au chapitre défensif surtout, Subban vise maintenant de jouer à un haut niveau avec plus de constance. Ce à quoi Randy Cunneyworth a également fait allusion en commentant le jeu de son jeune défenseur, jeudi.

«Nous avons vu plus de constance de sa part en deuxième moitié de saison», a indiqué l'entraîneur du Tricolore, tout en notant que Subban a connu une certaine régression, normale, lors du match de mercredi à Buffalo.

«Quand cette constance deviendra la norme dans son cas, il aura alors la possibilité de travailler sur d'autres aspects et de se concentrer sur d'autres facettes du jeu, notamment en zone offensive, sur le plan de la créativité.

«Le plus dur, c'est de bien faire à chaque match, surtout quand tu disputes beaucoup de minutes, a affirmé Subban. La constance, c'est là la prochaine étape dans mon apprentissage, en tant qu'athlète professionnel. Il faut qu'il y ait plus de soirées où je joue du hockey solide. Et c'est ce que je vais essayer de faire.»