L'ancien entraîneur de hockey junior Graham James, qui a reconnu sa culpabilité relativement à des agressions sexuelles répétées de mineurs, a été condamné à deux ans de prison, mardi matin, à Winnipeg.

Celui qui a piloté plusieurs équipes de calibre junior s'était reconnu coupable, en décembre dernier, d'avoir commis des agressions sexuelles répétées contre les jeunes joueurs Theoren Fleury et Todd Holt alors qu'ils évoluaient dans la Ligue de l'Ouest pendant les années 1980 et 1990.

Pour la juge Catherine Carlson, il est clair que James «exerçait une emprise complète» sur ses deux jeunes victimes, parce qu'il menaçait de mettre fin à leur carrière de hockeyeur si jamais les garçons parlaient.

Theoren Fleury et Todd Holt, deux cousins, soutiennent ainsi qu'ils ont été agressés sexuellement des centaines de fois par James.

«Les victimes de M. James sont nombreuses, a dit la juge Carlson. Il a eu un comportement de prédateur pour que ses victimes en viennent à dépendre de lui.»

La juge lui a interdit d'entrer en contact avec ses deux victimes.

M. Holt, qui est maintenant âgé de 39 ans, n'a pas perdu de temps à faire connaître son mécontentement. «La sentence d'aujourd'hui est une vraie farce nationale parce que nous savons que les agressions d'enfants atteignent maintenant des proportions endémiques dans ce pays, a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Cochrane, en Alberta.

«Graham James retourne, mort de rire, à la vie qu'il a toujours vécue, et il sait que la justice pour lui n'est qu'une anomalie sur le radar.» La Couronne demandait une peine d'emprisonnement de six ans, alors que la défense a plaidé pour une peine de 18 mois avec sursis - excluant du même coup tout séjour en prison.

Selon la Couronne, James a abusé de la confiance de ses joueurs lorsqu'il était entraîneur, et il y a un risque de récidive. La défense, elle, a soutenu que James est devenu l'homme le plus détesté du hockey, et qu'il a déjà été assez puni.

La juge Carlson a mis près de 90 minutes à expliquer les motifs de sa décision. Le dossier était complexe, a-t-elle dit, mais la seule imposition d'une période de probation n'aurait pas été suffisante. Elle a rappelé l'intérêt public généré par l'affaire et a dit comprendre la colère de la population.

«Aucune sentence imposée par ce tribunal ne pourrait rendre à MM. Holt et Fleury ce qui leur a été pris par M. James», a expliqué la juge Carlson. Le fait que les deux victimes aient été âgées de moins de 18 ans et que James se soit trouvé en position d'autorité sur elles représentent aussi des facteurs aggravants, selon la magistrate.

«Ces agressions ont été dégradantes et humiliantes pour ces adolescents, a dit Mme Carlson. Les gestes posés par M. James ont eu un impact important et à long terme sur les victimes.»

Mais la juge a aussi indiqué que James avait exprimé des remords, qu'il avait présenté ses excuses aux victimes et qu'il avait subi une grande humiliation, ce qui milite en faveur d'une certaine clémence.

James était arrivé au palais de justice de Winnipeg mardi matin portant une cagoule rouge, et se frayant difficilement un chemin à travers les photographes.

L'ex-joueur de la Ligue nationale de hockey Sheldon Kennedy, lui aussi victime de James et qui a incité plusieurs autres à se manifester, était au palais de justice pour voir son agresseur connaître sa peine dans cette nouvelle affaire.

«Ce n'est évidemment pas la sentence que nous attendions, a-t-il déclaré. Mais au moins, il retourne en prison.»

Une autre des victimes présumées de James, Greg Gilhooly, a estimé qu'il est «impensable qu'un type comme Graham écope de deux ans pour ce qu'il a fait».

«Mais en même temps, il s'en va en prison, a-t-il dit. Il sera en prison ce soir. Il s'en va au pénitencier, et c'est une bonne chose (...) Est-ce que ça change ma vie quotidienne? Non. Mais est-ce que ça me fait sourire? Absolument.»

Lundi, la juge Carlson avait refusé que les caméras de télévision soient admises à l'intérieur de la salle d'audience pour le prononcé de la peine.