Les dérapages des parents, même si les cas extrêmes sont rares, font partie de l'univers de la plupart des arbitres, entraîneurs et bénévoles engagés dans le hockey mineur. Sous le couvert de l'anonymat, quelques-uns d'entre eux ont accepté de lever le voile sur cette réalité qui sévit dans un aréna près de chez vous.

«Il faudrait parfois filmer des parents ou des entraîneurs pour leur faire prendre conscience de leur comportement, lance un arbitre de 25 ans de Gatineau. Les choses ont vraiment changé, surtout aux niveaux Novice et Atome, où la pression des parents et des entraîneurs est aujourd'hui très forte, constate le jeune homme, qui est arbitre depuis l'âge de 13 ans. Les parents voient leur fils comme le prochain Sidney Crosby», dit-il en soupirant.

Plus tôt cette année, il a dû interrompre un match et expulser un parent d'un tournoi parce qu'il s'en prenait trop vigoureusement aux arbitres. Ces derniers sont pourtant capables d'encaisser. Se faire traiter de «vendu» fait pratiquement partie de leur routine. Mais certains gestes vont trop loin.

L'officiel cite en exemple cet entraîneur qui avait lancé deux billets de 50dollars sur la glace pour illustrer clairement à l'arbitre qu'il était vendu. Ou encore ces menaces de mort adressées par des joueurs à la marqueuse parce qu'elle était la soeur d'un arbitre.

L'arbitre estime que les jeunes respectent de moins en moins les arbitres et leurs entraîneurs.

Les jeunes arbitres sont aussi victimes d'intimidation, enchaîne-t-il. Surtout de la part des entraîneurs qui font souvent deux fois leur âge. «Certains abandonnent parce qu'ils ont peur de donner des punitions», souligne le jeune père, qui songe aussi à raccrocher ses patins.

Bousculé par le père d'un joueur

Cet entraîneur d'une équipe de Novice B de l'Outaouais a pour sa part récemment appris à la dure que certains parents prennent le hockey trop au sérieux.

Lors d'un tournoi à Victoriaville, l'entraîneur a eu la mauvaise idée de garder un joueur au banc durant un tour, histoire de lui expliquer un jeu qu'il maîtrisait mal. Après la rencontre, le père du joueur s'est rué vers la chambre pour enguirlander l'entraîneur. L'altercation a dégénéré en bousculade. Le père a quitté le tournoi en compagnie de son fils.

«Plusieurs jeunes sont écoeurés du hockey; pas parce qu'ils n'aiment pas ça, mais parce qu'ils sont tannés d'avoir leurs parents sur le dos», constate l'entraîneur.

Rétrogradé pour son bien

Cédric Orvoine, gérant d'une équipe Atome de Montréal, a trouvé une manière de faire un pied de nez à cet engrenage malsain de la performance: rétrograder son fils d'une catégorie. «C'est bon pour son estime de soi et sa confiance, mais surtout, il s'amuse», explique le père, qui à ses habitudes dans le hockey mineur depuis des années. Comme il dirige une équipe de niveau local, la plupart de ses joueurs sont épargnés par cette pression excessive. «On voit quand même des parents qui rêvent à la Ligue nationale. Mais c'est souvent leur rêve à eux», déplore M. Orvoine.