La décision a fait sourciller beaucoup d'observateurs en novembre.

La jeune équipe des Blues de St. Louis connaissait un début de saison misérable et plusieurs se demandaient pourquoi on venait d'embaucher un entraîneur réputé pour sa férocité envers les joueurs moins expérimentés.

Sans compter le fait que Ken Hitchcock semblait désormais, à 60 ans, sur la voie d'évitement au profit de jeunes entraîneurs plus dans le vent, meilleurs communicateurs. Mais Hitchcock n'avait pas dit son dernier mot.

Depuis son embauche, le 6 novembre, l'ancien entraîneur des Stars de Dallas, des Flyers de Philadelphie et des Blue Jackets de Columbus a eu un impact remarquable sur sa nouvelle équipe. Malgré une défaite de 2-0 en Caroline-du-Nord hier soir, les Blues affichent un dossier de 39-12-8 sous ses ordres et trônent désormais au sommet du classement de la LNH. Y a-t-il vraiment un autre candidat pour le titre d'entraîneur par excellence cette saison?

«J'ai beaucoup lu sur la génération Y récemment, dit Hitchcock à La Presse au bout du fil. Sans compter les nombreux séminaires auxquels j'ai assisté. Les jeunes athlètes de ce groupe d'âge sont plus exigeants envers eux-mêmes que n'importe quelle autre génération. Il faut leur laisser leur espace et maintenir un niveau d'énergie positif.

«En conséquence, poursuit Hitchcock, j'ai dû changer mes comportements. On peut être en furie, mais ils ne doivent pas le sentir. Auparavant, je pouvais laisser traîner mes colères. C'est de l'énergie négative inutile. Alors quand je ne suis pas de bonne humeur, je reste à l'écart des joueurs, le temps que ça passe. Au lendemain d'un mauvais match, je les préviens: «Si vous me croisez aujourd'hui, courez le plus vite possible loin de moi et je resterai loin de vous! « On en rit, mais c'est vrai!»

Hitchcock a le mérite de s'être renouvelé, contrairement à bien d'autres.

«Je carbure à l'apprentissage, pas à la victoire, dit-il. Je m'inspire du maximum de gens possible. Dont votre entraîneur chez les Alouettes, Marc Trestman, par exemple, un homme que j'admire beaucoup. J'ai lu son livre à quelques reprises, c'est un homme brillant.»

Le nouveau Hitchcock ne veut plus embêter ses joueurs avec d'interminables meetings.

«Nous sommes en 2012 et avec les iPad, le joueur est déjà au courant de ce qu'il a fait de bien ou de mal le soir précédent avant même d'arriver à son entraînement le lendemain matin. Il ne faut pas ajouter à leur frustration.»

Comment Hitchcock a-t-il réussi à transformer ce club à la dérive?

«Le pire, c'est que je ne le sais même pas, déclare-t-il en riant. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer. J'ai reçu un appel un dimanche et j'y ai réfléchi à peine 30 secondes. J'ai eu le temps de regarder trois parties en boucle et j'ai sélectionné des séquences de jeu réussies. Nous les avons identifiées avec des mots clés et les joueurs ont acheté notre concept. Nous avons procédé de manière semblable lors des Jeux olympiques parce que nous n'avions pas beaucoup d'heures d'entraînement. Alors le support vidéo a été essentiel. À mon arrivée avec les Blues, nous avions à disputer quatre matchs en six soirs. Nous avons gagné le premier, 3-0 contre Chicago, et ça a aidé à convaincre les joueurs de l'efficacité de notre méthode.»

Hitchcock affirme que sa réputation d'entraîneur inadéquat pour les jeunes équipes est fausse, même s'il a remporté la Coupe à Dallas avec un club de vétérans et qu'il a été congédié deux fois à Philadelphie et Columbus avec des équipes plus jeunes sans les avoir menées à de grands succès.

«Au contraire, je suis plus à l'aise avec les jeunes. J'ai dirigé des équipes plus vieilles à Dallas parce que j'ai hérité d'un tel club. Mais j'étais intimidé par certains vétérans à Dallas, comme Guy Carbonneau, Brett Hull, Craig Ludwig. Je devais faire attention à la manière dont je les traitais. C'étaient des joueurs que j'avais admirés au fil des ans avant d'accéder à la LNH. Après le lock-out, en 2005, j'ai dirigé les Flyers, qui comptaient neuf recrues. Nous étions au premier rang avant de subir un lot de blessures.»

On verra si les succès des Blues d'Hitchcock... et de Jaroslav Halak se prolongeront au printemps.

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