C'est approprié que le Canadien mette lundi après-midi le cap sur l'Ouest canadien, car il traverse actuellement la Saskatchewan de sa saison: une plaine longue et aride dont ils ne voit pas encore la fin.

Le défi est le même chaque année lorsqu'une équipe approche le cap des 70 matchs dans son calendrier: les joueurs sont amochés, la saison leur rentre dedans, mais il est encore trop tôt pour sentir le second souffle qui vient lorsque la fin du calendrier se pointe à l'horizon.

Pour le Tricolore, cette portion est encore plus difficile cette année, car il disputera des matchs sans grand enjeu d'ici la fin de l'année.

«Être compétitif, jouer intensément, rester ensemble et avoir du plaisir», c'est la ligne directrice qu'entend donner Randy Cunneyworth d'ici la fin de la saison.

Or, le Canadien vient de perdre six de ses sept derniers matchs et il s'apprête à entamer un voyage dans l'Ouest qui a été impitoyable pour lui au cours des dernières années.

Le CH a perdu ses cinq dernières rencontres au Saddledome de Calgary. Ce n'est guère mieux à Edmonton, où il a compilé un dossier de 2-7-2 depuis le début de la saison 1999-2000.

Et dans le même intervalle, sa fiche contre les Canucks à Vancouver a été de 2-8-1.

Quand le repos devient une arme

C'est une partie éreintante du calendrier, disions-nous. Erik Cole en sait quelque chose, lui qui traîne plusieurs bobos depuis quelques matchs.

«Mon style de jeu est dur à jouer, admet l'ailier de 33 ans. Mais lorsqu'on peut prendre du temps pour récupérer, ça n'a pas trop d'impact sur la façon dont on se sent sur la patinoire et sur notre niveau d'énergie et de compétition.»

«Tout commence avec la préparation estivale, alors qu'on doit se mettre dans la meilleure condition physique possible, explique Josh Gorges. De cette façon, en poursuivant notre entraînement jusqu'à ce temps-ci de l'année, on n'a pas besoin des journées de pratique pour patiner et garder la forme. Le repos devient alors une arme. Car quand on approche le 70e match de la saison, tout le monde ressent l'usure. Nous sommes tous amochés d'une façon ou d'une autre.»

Dilemme

On l'a encore vu samedi contre les Maple Leafs de Toronto, le Canadien est l'équipe d'un seul trio. Les autres unités ne marquent pas suffisamment.

«Notre contrôle de rondelle doit s'améliorer, a déploré Cole à l'issue du revers de 3-1 face aux Leafs. On en parle, on le voit sur les vidéos, mais c'est difficile de vraiment apporter des corrections compte tenu du petit nombre d'entraînements que nous avons.»

Et c'est là le dilemme auquel Randy Cunneyworth est confronté en ce moment. Depuis qu'il a sabré dans le nombre d'exercices réguliers, il peut plus difficilement corriger les lacunes de son équipe.

«Nous jouons tous les deux jours et il faut choisir le moindre des deux maux, convient Gorges. Qu'est-ce qui est le plus important: s'assurer que les joueurs se reposent et qu'ils soient à leur mieux pour entamer les matchs, ou bien travailler sur notre jeu?

«Un gars comme Erik (Cole) connaît le hockey, il sait comment ça se joue et c'est un gars intelligent. La pratique est peut-être plus importante pour les plus jeunes joueurs, qui ont besoin de se faire dire quoi faire dans certaines situations et qui, bien souvent, sont ceux qui jouent le moins de minutes.»



Où est Bourque?

Afin de gagner des matchs, les ajustements techniques sont une chose. Mais il y a aussi la responsabilité des joueurs, en marge du trio de David Desharnais, qui devrait les interpeller afin de produire davantage.

«Nous avons besoin que d'autres joueurs marquent des buts, a convenu Gorges. Je ne veux critiquer personne, mais c'est la vérité. Nous avons besoin de production secondaire.»

Le match de mardi à Calgary est un bon prétexte pour se tourner vers le rendement de Rene Bourque, obtenu des Flames au mois de janvier dans l'échange de Michael Cammalleri.

Après avoir connu un départ décent avec sa nouvelle équipe, Bourque a disparu dans la brume avec seulement deux buts (et aucune mention d'aide) à ses 15 derniers matchs. Il affiche également un rendement de -12 à ses 11 dernières rencontres.

Sa léthargie est d'autant plus visible dans un contexte où la formation que présente le CH ces jours-ci est particulièrement démunie.

«Les trios de Plekanec et Eller sont bien équilibrés et tout à fait capables de créer de l'attaque», a pourtant assuré Cunneyworth.

Certains joueurs, comme Scott Gomez et Mathieu Darche, sauront lundi seulement s'ils accompagnent l'équipe en Alberta. Dans le cas de Darche, c'est toutefois acquis qu'il ne sera pas en uniforme face aux Flames.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Rene Bourque a seulement deux buts (et aucune mention d'aide) à ses 15 derniers matchs.