Il n'est jamais facile de bien saisir un joueur comme Andrei Kostitsyn. Réservé, sibyllin, l'attaquant du Canadien s'exprime dans un anglais hésitant et on a parfois l'impression qu'il a du mal à dire vraiment ce qu'il pense.

Mais pas cette fois. Parce que cette fois, ça semble assez clair: malgré les mille et une rumeurs d'échange le concernant, le joueur de 27 ans ne veut pas partir d'ici.

Il l'a clairement laissé savoir hier, à environ 15 reprises au terme de l'entraînement du matin à Brossard.

«Je veux rester ici. Les rumeurs, je ne peux pas les contrôler, mais je veux rester», a-t-il murmuré avant le départ de l'équipe pour Washington, là où le Canadien affrontera les Capitals ce soir.

Nul doute que le nom de Kostitsyn va de nouveau nourrir la machine à rumeurs d'ici à la date limite des échanges, lundi. Pour plusieurs raisons. La première, c'est que monsieur ne connaît certes pas la saison espérée - seulement 12 buts, et aucun à ses 10 derniers matchs - et que le Canadien, peut-on présumer, est peut-être à bout de patience avec son premier choix de 2003.

La deuxième, c'est que les relations entre lui et l'entraîneur Randy Cunneyworth ne sont peut-être pas les meilleures du monde. Kostitsyn affirme que le coach et lui ont eu une franche discussion récemment, mais Cunneyworth ne semble pas encore convaincu. «Je veux qu'il joue du hockey désespéré, et parfois, c'est ce qu'il fait», a expliqué le pilote montréalais après l'entraînement d'hier.

L'autre raison, et pas la moindre, a à voir avec la situation contractuelle du principal intéressé. Andrei Kostitsyn n'a pas de contrat pour la saison prochaine, et les joueurs dans cette position deviennent souvent vulnérables à l'approche de la fameuse date limite. Puisque son jeune frère est déjà un membre des Predators, on chuchote souvent que Nashville sera sa prochaine destination.

Mais Andrei Kostitsyn ne se voit pas patiner dans la capitale du country.

«Je veux rester ici, je ne veux pas aller à Nashville, a-t-il fait savoir hier. Ça fait longtemps que je suis ici, je ne veux pas déménager ailleurs et avoir à tout recommencer du début. Je connais bien Montréal maintenant. Je ne sais rien à propos d'un nouveau contrat, je n'en ai pas parlé à mon agent, mais je me sens mieux. J'obtiens plus de temps de glace et plus de chances de marquer des buts.»

Pas de Moen dans l'avion

Travis Moen, également visé malgré lui par des histoires d'échange, sera probablement encore ici la semaine prochaine dans le chandail tricolore.

Cunneyworth a confirmé hier que l'attaquant n'est pas du voyage, qui se terminera mardi à Tampa Bay. Au cours des dernières semaines, l'attaquant de 29 ans a dû lui aussi passer dans le tordeur de la machine à rumeurs. Un quotidien de San Jose a même récemment laissé entendre que les Sharks songeaient à le rapatrier.

Moen, qui n'a pris part qu'à deux matchs depuis le 21 janvier, serait blessé au cou, et on peut présumer qu'un joueur blessé peut difficilement être échangé. Comme Andrei Kostitsyn, Moen est sans contrat en vue de la prochaine saison.

Peu importe les rumeurs qui circulent - et qui vont circuler encore d'ici à lundi après-midi -, Cunneyworth insiste pour dire que lui et ses joueurs ne vont pas se laisser affecter par tout ça.

«Les échanges, ce n'est pas notre département, a expliqué l'entraîneur du Canadien. On préfère garder notre concentration sur les matchs qui s'en viennent et que nous aurons à disputer.»