Vous croyez que ça va mal à Montréal? On peut tout de suite vous dire que ça ne va guère mieux chez les Capitals de Washington. Ceux que tout le monde considérait comme des prétendants à la Coupe Stanley devront se battre comme des forcenés pour participer aux séries éliminatoires.

Tout comme chez le Canadien, le changement d'entraîneur-chef n'a rien réglé. Bruce Boudreau s'est fait montrer la porte alors que les Caps affichaient un dossier de 12-9-1. Depuis que Dale Hunter l'a remplacé, la fiche de l'équipe est de 17-17-4.

Ils n'ont gagné que cinq de leurs 17 derniers matchs.

«Au début de la saison, les attentes étaient énormes, convient l'ancien du Tricolore Jeff Halpern. On a remporté sept matchs d'affilée, puis Mike Green s'est blessé. On est devenu une équipe de ,500 à compter de ce moment-là. Puis, Nick (Nicklas Backstrom) est tombé au combat lui aussi, ce qui n'a rien arrangé.

«C'était notre meilleur marqueur au moment de sa blessure, c'est lui qui orchestrait l'avantage numérique et qui pivotait notre premier trio.»

Green vient à peine de revenir au jeu tandis que Backstrom, aux prises avec une commotion cérébrale, vise un retour à la compétition à temps pour les séries éliminatoires.

Quant à Alexander Ovechkin, qui n'est pas l'ombre de lui-même cette année, il soigne présentement une blessure au bas du corps qui l'a forcé à rater le dernier rendez-vous, mercredi soir à Ottawa.

Tension entre Hamrlik et Hunter

Mais nonobstant les blessures, la tenue du reste de l'équipe est déroutante. La frustration s'accumule, et on commence à la sentir chez Roman Hamrlik, l'ancien défenseur du Canadien que Dale Hunter a laissé de côté, mercredi.

L'entraîneur-chef n'a pas expliqué ses motivations à Hamrlik lui-même, mais a dit aux médias qu'il déplorait une mauvaise pénalité dont Hamrlik s'était rendu coupable lors du match précédent en Caroline.

«Je crois qu'à l'époque où il était joueur, il écopait lui-même de nombreuses punitions, il devrait savoir comment c'est», a répliqué Hamrlik.

«C'est un jeu où les gars jouent avec émotion. Je sais que j'ai pris une mauvaise pénalité, mais si c'est la raison pour laquelle je n'ai pas joué... c'est sa décision.»

Hunter a par la suite détaillé ce qu'il reprochait au vétéran de 37 ans, qui compte plus de 1300 matchs à son actif dans la LNH.

«C'est un défenseur défensif et il a besoin d'être meilleur défensivement. Il est impliqué dans trop de chances de marquer de l'adversaire. C'est la raison pour laquelle il a été retranché et que Jeff Schultz l'avait été avant lui.

«Il recule beaucoup trop et donne trop d'espace à l'adversaire, a ajouté Hunter.  Être mis de côté est une expérience salutaire à travers laquelle on est tous passé.»

La cible précédente de Hunter avait été Mike Knuble, un autre vétéran qui a gagné ses galons au fil de sa carrière.

«Il a retranché des plus vieux, ce que Bruce Boudreau n'avait jamais fait, a observé le Québécois Mathieu Perreault. Peut-être qu'en ce sens-là, il a un préjugé favorable envers les plus jeunes...»

«Je ne juge les joueurs qu'en fonction de leur jeu, et ce sont ceux qui jouent le mieux qui sont en uniforme», soutient de son côté l'ex-entraîneur des Knights de London dans la Ligue junior de l'Ontario.

Pas étonnant que les rumeurs d'échange aient commencé à se propager à propos de Hamrlik, à qui il reste une autre année de contrat à 3,5 millions.

Une ambiance méconnaissable

Bref, le diable est aux vaches à Washington. Les Capitals n'ont remporté qu'une seule victoire lors d'un voyage de quatre matchs pourtant crucial. Cette équipe, jadis reconnue comme l'une des plus portées sur l'attaque, n'a marqué que cinq buts en quatre matchs en plus d'en accorder 13 à ses adversaires.

Certes, Backstrom et Ovechkin sont sur la touche, mais ça n'empêche pas Mathieu Perreault de ne pas reconnaître les Capitals cette année.

«Il y avait plus d'excitation dans le vestiaire l'an dernier, a constaté le jeune centre. L'ambiance est pas mal morte en ce moment. Mais c'est difficile de garder le sourire quand on perd autant...»

Ce qui sauve les Caps par rapport au Canadien, par exemple, c'est le fait d'être malgré tout à seulement deux points des Panthers de la Floride et du sommet de la section Sud-Est.

De la façon dont les choses vont, les Panthers doivent être l'unique rival à dépasser.

«Dennis Wideman avait une bonne observation ce matin en disant que nous étions encore en position d'avoir l'avantage de la patinoire en séries, a indiqué Brooks Laich. Ce n'est pas comme s'il fallait gagner chacun des 25 derniers matchs qui nous restent. Nous sommes qu'à une ou deux victoires d'être en bonne position.»

Mathieu Perreault suggère par ailleurs que de se battre pour une place en séries n'est peut-être pas une mauvaise chose.

«Les autres années, on était largement en tête dans notre section et l'on passait les deux derniers mois de la saison à attendre de voir qui l'on affronterait en première ronde.

«Qu'on soit déjà en mode séries pourrait nous être bénéfique.»

Photo: Bernard Brault, La Presse

Roman Hamrlik a été laissé de côté par Dale Hunter mercredi.