Randy Cunneyworth a émis des propos étonnants de candeur, après la défaite face aux Devils du New Jersey, concernant la fatigue mentale et physique de ses joueurs. Des propos qu'il a réitérés, lundi, après les avoir soumis à un léger entraînement hors glace.

«J'espère que nous donnons aux joueurs assez de temps entre les matchs pour récupérer, a-t-il soutenu. Ce qu'ils font par eux-mêmes est leur affaire. On contrôle ce qu'on peut contrôler. Mais j'espère qu'ils prennent soin d'eux-mêmes, qu'ils se reposent et qu'ils ont les idées à la bonne place.»

Selon Yannick Weber, que ce soit le cinquième match de la saison ou le tout dernier, il y aura toujours des moments où une équipe aura l'air fatiguée.

«Dans ce temps-là, dit Weber, quand les jambes ne suivent pas, c'est encore plus important de simplifier son jeu.»

Et c'est exactement ce qu'a dit Cunneyworth à ses troupes durant la réunion d'équipe, expliquant plus tard - le sourire en coin - que les joueurs disputent leurs meilleurs matchs lorsqu'ils sont diminués physiquement.

«Ils sont contraints de jouer de façon plus simple et de doser intelligemment leurs énergies», a expliqué le coach.

D'aucuns diront que le Canadien a l'air d'un animal blessé. Mais il n'est pas prêt à être mis à mort, a encore réitéré P.K. Subban.

«Il y a quelques semaines, nous étions à 12 points d'une place en séries et maintenant nous sommes à six points, a rappelé le jeune défenseur. Nous avons fait beaucoup de progrès.

«Nous nous attardons aux choses positives que nous faisons: l'avantage numérique a été excellent dernièrement, l'infériorité numérique va aussi très bien et nous faisons de bonnes choses. Il s'agit de les faire de façon constante.»

Un écart réduit de moitié

On comprendra les joueurs de ne pas se dire eux-mêmes fatigués ou amoindris. Ils préfèrent dire que tout est normal.

Et c'est vrai que tout est normal: le Canadien joue le même nombre de matchs que les autres équipes, à l'intérieur d'une saison régulière qui est la même pour tout le monde.

«Quand les choses ne vont pas bien, ça finit par être drainant mentalement, a toutefois convenu Chris Campoli. Heureusement que ça commence à aller un peu mieux et qu'on s'est replacé dans la course...»

Cunneyworth aligne la plupart du temps 11 attaquants et sept défenseurs. Néanmoins, on voit souvent un ou deux attaquants sous la barre des dix minutes d'utilisation ainsi que deux défenseurs en deçà de 14 minutes.

Compte tenu du calendrier chargé, cela peut finir par plomber le travail de certains. Pas surprenant, entre autres, qu'Erik Cole soit amoché.

«Mon intention à chaque soir est d'obtenir les confrontations que je veux, surtout avec mes deux premiers trios, et aussi de m'assurer de garder tout le monde impliqué dans le match, a expliqué l'entraîneur. Mais la baisse du nombre de punitions ne rend pas toujours cela possible.

«Je sais que tous les joueurs sont plus efficaces quand ils ne restent pas trop longtemps au banc.»

Encore tout récemment, c'est Andrei Kostitsyn qui en faisait les frais. Puis, Louis Leblanc a vu son temps de jeu diminuer avant qu'il soit mis K.-O. par un vilain rhume.

Et cela fait un bon bout de temps que Lars Eller voit son utilisation fragilisée. Après avoir joué en moyenne 18:33 dans les sept matchs précédents, son utilisation a dégringolé à partir du 14 janvier, date du retour de Scott Gomez.

«C'est peut-être plus facile de laisser les plus jeunes joueurs en plan, on voit cela fréquemment», a commenté Eller

Eller et Gomez: les même stats

Dans les 17 derniers matchs, Eller a été employé en moyenne 13:13 et Gomez, durant 13:49. Les deux joueurs ont des statistiques identiques avec cinq points et 24 tirs au but chacun.

Or, au fil de ces 17 rencontres, Cunneyworth a inversé le rôle des deux hommes et fait d'Eller le centre du quatrième trio.

Est-ce à croire que le développement à plus long terme des jeunes joueurs n'est pas pris en compte dans l'utilisation des joueurs?

«Je suis davantage comme un chien, il n'y a que le présent qui m'importe», a répondu Cunneyworth à ce sujet.

Eller est déçu, ça se voit, et il admet que sa confiance en attaque n'est pas à son paroxysme.

«Mais en même temps, notre trio n'a pas donné de but à l'adversaire ces derniers temps, et c'est quelque chose dont je suis fier, dit-il. Je ne suis pas une menace constante, mais j'ai fait de mon mieux pour être digne de confiance sur une base régulière.»