Kristopher Letang jouait comme un éventuel gagnant du trophée Norris jusqu'à la visite des Penguins de Pittsburgh au Centre Bell, le 26 novembre dernier. Il avait récolté 19 points en 22 matchs et tout allait bien pour lui.

Ce soir-là, le coup à la tête que lui a donné Max Pacioretty a fait basculer sa saison. Le défenseur québécois a raté 21 matchs en raison d'une commotion cérébrale et n'est revenu au jeu que jeudi soir à New York.

«C'est un type de coup qui a tellement été examiné depuis celui de Matt Cooke sur Marc Savard et celui de Mike Richards sur David Booth, a souligné Letang en entrevue avec La Presse. Ce sont des coups que les joueurs sont tannés de voir. Ils savent que c'est dangereux parce que le joueur est dans une position vulnérable.

«En même temps, je sais que Max n'est pas un joueur salaud. C'est dur pour moi de juger si la suspension de trois matchs à Pacioretty était juste.»

Le soir de l'incident, Letang avait quitté temporairement la rencontre, mais était revenu à temps pour marquer le but vainqueur en prolongation.

«Brendan Shanahan a décerné la suspension au moment où je n'avais encore pour toute blessure qu'un nez cassé, a mentionné le patineur de Sainte-Julie. S'il avait eu à prendre une décision quelques jours plus tard, alors qu'on m'avait diagnostiqué une commotion cérébrale, la suspension aurait peut-être été plus longue.»

Les Penguins n'avaient pas l'intention d'imiter les Capitals de Wahsington, qui ont cherché les représailles avec Rene Bourque, auteur d'un coup vicieux à l'endroit de leur centre vedette Nicklas Backstrom.

«On ne s'en est même pas parlé, a admis Letang. En ce qui me concerne, c'est du passé. Je peux dire par expérience que la vengeance au hockey ne règle pas grand-chose. L'attention de notre équipe est portée sur les matchs.»

Quant à Pacioretty, il a préféré éviter les médias vendredi matin au Consol Energy Center.

Un mois d'enfer... puis la lumière

Au cours des sept semaines d'inactivité auxquelles il a été contraint, Letang dit avoir peu parlé de commotions cérébrales avec son coéquipier Sidney Crosby, «car tout le monde est différent et chacun a ses symptômes».

Dans son cas, le premier mois a été particulièrement difficile, mais une fois de retour sur patins, son retour à la compétition a été relativement rapide.

«Durant le premier mois, je ne filais vraiment pas. Je vomissais, j'avais des étourdissements et je ne pouvais rien faire. J'ai essayé de m'entraîner une fois et ça n'a pas bien été du tout.»

L'aide de deux spécialistes, dont le chiropracticien François Chaput, a permis aux choses de débloquer à partir du Jour de l'An. Le jeune arrière se sentait alors assez bien pour reprendre l'entraînement sur patins.

«Lorsque l'équipe est partie jouer en Floride, j'ai choisi de ne pas l'accompagner et je me suis entraîné intensément à chaque jour.»

Les Penguins sont revenus à Pittsburgh le 16 et le 19, Letang était en uniforme. Son retour au jeu au Madison Square Garden s'est d'ailleurs très bien déroulé. Il a récolté une mention d'aide dans la victoire face aux Rangers et l'entraîneur Dan Bylsma ne l'a pas épargné en l'utilisant durant 24:17.

Des Penguins décimés

Letang est de retour, mais Arron Asham est devenu le sixième joueur des Penguins à souffrir d'une commotion cérébrale. Inutile de dire que Crosby est toujours sur le carreau pour ce même motif.

Mais ce n'est qu'un type de blessure parmi toutes celles qui ont affligé l'équipe cette saison. Les Penguins, qui ont retrouvé jeudi soir leur top 6 en défense pour la première fois depuis le 22 octobre, en étaient à 236 joueurs-matchs ratés depuis le début de la saison. Ce total éclipse celui du Canadien (218).

«C'est fou, a admis Letang. Mais en même temps, notre style de jeu très agressif dans les coins de patinoire et nos batailles pour garder possession de la rondelle font en sorte qu'on s'expose à se faire frapper et nous rend vulnérable aux blessures. Une saison sans blessures chez nous, c'est impossible.»

Les Penguins veulent éviter d'entrer en séries éliminatoires par la peau des fesses et voudraient bien sûr obtenir l'avantage de la patinoire. Mais retrouver quelques blessés à temps pour les séries est aussi une priorité car les Penguins n'ont aucun complexe lorsqu'ils sont en santé.

«On est confiants contre n'importe qui», a d'ailleurs assuré Letang. Surtout venant du défenseur de 24 ans, on n'en doute pas.

Avec 36 matchs à jouer au calendrier des Penguins, Letang doit se dire que le Norris est encore à sa portée!