C'était à l'été 2009. En l'espace de 24 heures, le Canadien ajoutait à sa formation trois gros canons qui, croyait-on alors, allaient permettre de relancer le club pour de nombreuses années: Scott Gomez, Brian Gionta et Mike Cammalleri.

Bien sûr, les trois joueurs ont campé des rôles importants en séries lors du printemps magique de 2010. Mais aujourd'hui, près de trois ans plus tard, force est de constater que le plan de 2009 a mal tourné.

Cammalleri s'est sorti de Montréal avec son jeu inégal (et ses déclarations un peu trop incendiaires), Gionta a fort possiblement disputé son dernier match cette saison, et Scott Gomez, souvent blessé, connaît de loin la pire saison de sa carrière.

Résultat? Les belles promesses de l'été 2009 ont plutôt fait place à une réalité plus sombre, avec un Canadien qui se bat davantage pour le premier choix au repêchage que pour une place en séries.

Non, ce n'était pas ça, le scénario.

«Il faut réaliser l'impact des blessures, a tenu à nuancer Scott Gomez hier à Brossard. Je ne veux pas revenir sur le passé. Nous sommes dans cette situation et nous pensons au prochain match. Les jeunes ont été placés dans des positions auxquelles ils ne sont pas habitués, et c'est peut-être injuste pour eux. Mais c'est l'équipe que nous avons.»

Une équipe aux résultats décevants, et une équipe qui a peut-être misé sur les mauvais chevaux il y a trois ans. À Montréal, la production de Cammalleri n'a cessé de chuter, et Gionta, avant d'être blessé le 10 janvier, était en route pour une saison de 30 points, au mieux.

Gomez? Ses ratés sont presque légendaires en ville, mais c'est surtout la date de son dernier but qui résonne: le 5 février 2011.

Le principal intéressé jure que ce léger détail ne l'empêche pas de dormir.

«Les deux points de la victoire, c'est tout ce qui compte. Je ne m'inquiète pas pour moi, je m'inquiète plus pour les victoires et pour une place en séries. Je ne m'assois pas pour penser à la date de mon prochain but. Peut-être que je devrais le faire, mais je regarde le classement, et l'objectif, c'est les séries. Un but, ça va finir par arriver, je ne m'en fais pas avec ça.»

Mais la direction du Canadien était loin de se douter que Gomez allait vivre une telle disette au moment de l'acquérir. Elle était loin aussi de se douter que messieurs Cammalleri et Gionta allaient perdre leur touche magique eux aussi, en plus de jouer de malchance avec les blessures.

«Des fois, c'est comme ça que les choses tournent, a expliqué Tomas Plekanec. On peut ajouter des joueurs, mais parfois, ça ne se passe pas comme prévu, et ça prend un changement de cap. J'imagine que c'est pour cela que la direction a décidé d'échanger Cammalleri.»

En attendant, Gomez est le seul du trio de 2009 qui peut encore aider le Canadien cette saison. Le joueur de 32 ans parle toujours de l'importance d'accéder aux séries, mais il sait aussi que chaque défaite rapproche son club d'un scénario catastrophe qu'il aimerait mieux éviter. Sans compter les huées qui commencent à être plus bruyantes au Centre Bell ces jours-ci...

«Quand on gagne, il n'y a rien comme Montréal dans la Ligue nationale, a-t-il conclu. C'est notre travail de s'assurer que notre domicile soit bruyant. Les partisans méritent mieux. Il faut que revienne cette belle ambiance dans notre aréna, et la seule façon d'y parvenir, c'est avec des victoires.»