Dix gardiens québécois ont disputé plus de cinquante matchs lors de la saison 2001-2002. Une décennie plus tard, il y a 10 cerbères québécois dans la LNH, point. Le constat est sans appel: les héritiers de Patrick Roy ne représentent que 25% de l'ensemble des gardiens canadiens, près de deux fois moins qu'il y a 10 ans.

Ce retour au niveau du début des années 90 reflète l'internationalisation de la Ligue. Longtemps, le poste de gardien a été une chasse gardée nord-américaine. Dans le sillon de la brillante carrière du Tchèque Dominik Hasek six trophées Vézina, la concurrence européenne n'a fait que s'accroître.

Henrik Lundqvist, Pekka Rinne, Antti Niemi et Niklas Bäckström en sont de très bons exemples. Et des symboles du fossé qui a été comblé dans la formation, explique l'entraîneur des gardiens des Blackhawks de Chicago, Stéphane Waite.

«Les Européens nous ont copiés et dépassés sur bien des aspects, notamment dans la préparation hors glace et athlétique. Ils travaillent plus de choses que nous qui sommes un peu trop concentrés sur la technique», note Waite.

Plusieurs indices témoignent de la perte d'influence des gardiens québécois comme Martin Brodeur, José Théodore ou Jean-Sébastien Giguère. La moyenne d'âge dépasse la barre symbolique des 30 ans. Et il n'y a pas de relève apparente. Depuis la sélection de Marc-André Fleury (1er choix au total) et de Corey Crawford en 2003, seuls trois gardiens québécois ont été choisis lors des deux premières rondes. Jonathan Bernier, des Kings de Los Angeles, est le seul à avoir joué dans la LNH.

Selon Waite, qui dirige également deux écoles de gardiens au Québec, la tendance ne s'inversera pas de sitôt. «On ne produit plus de gardiens québécois avec Équipe Canada junior. Je ne me souviens plus du gardien québécois qui a porté cette équipe-là. L'idée n'est plus de retrouver notre place, mais d'être au même niveau que tout le monde.»

Au moins, Waite estime qu'une prise de conscience s'est faite dans le milieu du hockey québécois. Le plus difficile commence maintenant: la transposer sur la glace.