Si les murs ont une mémoire, le toit du Centre Bell doit bien en avoir une aussi. Il doit très bien se souvenir des séries du printemps 2010, quand les bruits de la foule ont failli le soulever à force d'acclamer Jaroslav Halak.

L'ancien gardien du Canadien revient mardi soir pour la première fois à Montréal depuis la transaction l'ayant fait passer aux Blues, en juin 2010. Il a déjà battu le Tricolore 4-1 à St-Louis, en mars 2011, mais ce sera autre chose de revenir devant le public qui l'a vu multiplier les exploits.

«Ces séries éliminatoires sont de bons souvenirs, a convenu Halak, lundi. On avait manqué de jus en finale d'association et on s'était fait surclasser, mais je n'oublierai jamais les deux premières rondes.»

Halak dit ignorer le genre de réception qui l'attend au Centre Bell, mais il y a fort à parier qu'elle sera bruyante. Preuve que les amateurs ne l'ont pas oublié, il y a encore des magasins du centre-ville qui vendent son chandail...

«Ils sont probablement en liquidation!», a répliqué Halak.

Il s'ennuie de Rollie

Halak espérait que l'entraîneur Ken Hitchcock lui fasse signe en vue du match de mardi soir, ce qui n'était pas évident à la suite du blanchissage réalisé par Brian Elliott, samedi, contre l'Avalanche du Colorado.

«On est aussi dans un business d'êtres humains, a fait valoir Hitchcock. J'aurais l'air d'un idiot de ne pas l'envoyer dans la mêlée.»

Halak voulait le départ, mais il n'est pas pour autant du genre à jouer la carte de la nostalgie.

«Ça fait un an et demi que j'ai disputé mon dernier match ici, a-t-il rappelé. Je me sentais comme à la maison quand je portais l'uniforme du Canadien, mais je suis de l'autre côté maintenant.

«Ça fait drôle de revenir ici et d'être dans le vestiaire des visiteurs, mais St.Louis est mon chez-moi maintenant et nous sommes ici pour récolter deux points importants.»

Le Slovaque ne le dira pas trop fort, mais s'il y une chose qui lui manque de Montréal, c'est la présence de l'entraîneur des gardiens Roland Melanson. Un homme qui a toujours cru en lui, qui appréciait son ardeur au travail et qui a été capable de tirer le meilleur de lui.

«C'est sûr que ce serait bien s'il était dans les alentours, il a été mon premier entraîneur des gardiens et celui qui m'a tout appris, a confié Halak. Mais il est à Vancouver et moi à St.Louis. Cela dit, ça va très bien avec Corey Hirsch. Il ne cherche pas à me changer complètement.»

En tandem

La saison n'avait pas très bien commencé. Les contre-performances de Halak en début de campagne - fiche de 1-6, moyenne de 3,53 et taux d'efficacité de ,835 - ont ouvert la porte à Brian Elliott, un laissé-pour-compte de l'Avalanche à qui les Blues venaient d'offrir un contrat à deux volets.

«Au cours de sa carrière - et on l'a vu à Montréal - Jaro a toujours été le négligé», rappelle l'ancien gardien Darren Pang, aujourd'hui l'analyste aux matchs des Blues à la télé.

«Or, cette saison, il s'est mis à bien jouer et à devenir très compétitif lorsqu'Elliott s'est mis à enfiler les bonnes performances. Donc, à partir du moment où il est redevenu le négligé.»

Autant Halak qu'Elliott ont bénéficié du changement d'entraîneur. Depuis que Davis Payne a été congédié, le 8 novembre, et que Hitchcock s'est retrouvé à la barre de l'équipe, les Blues ont beaucoup resserré leur jeu en défensive et ont cessé de donner des tonnes de revirements à l'adversaire.

«Avant, nos gardiens se faisaient poivrer dans toutes les directions; maintenant ils savent d'où le lancer va provenir», a indiqué le vétéran Jamie Langenbrunner.

Signe que Halak lui-même s'est replacé, il n'a pas perdu en temps réglementaire à ses neuf derniers départs. Depuis une défaite contre les Kings de Los Angeles, le 22 novembre, il a maintenu un dossier de 6-0-3.