La soirée avait commencé dans le silence le plus glacial, mais elle s'est terminée dans une ambiance de fête, avec des fans qui se sont mis à chanter et à faire la vague, comme dans le bon vieux temps.

Ce fut une soirée un brin magique, mercredi soir au Centre Bell. L'instant d'un match, ce Canadien avait en effet l'air du Canadien des bonnes années: imposant, dominant, victorieux. Les Jets de Winnipeg n'ont jamais été dans le coup, et les joueurs au maillot tricolore ont offert aux partisans une spectaculaire victoire de 7-3.

> Le sommaire du match

Les points positifs ont été tellement nombreux chez le CH qu'on ne sait guère par où commencer. Mais commençons par le plus évident: Lars Eller.

> Philippe Cantin: Eller et le sens du spectacle

Eller s'est offert un match de quatre buts et une passe, rien de moins. Comme pour ajouter au plaisir, son dernier but a été réussi sur un tir de pénalité, avec un très solide «spino-o-rama» dont Chris Mason, le gardien des Jets appelé en relève risque de se souvenir très longtemps.

«Je savais que j'allais essayer cette feinte-là, surtout contre un gardien à froid, qui venait d'arriver dans la rencontre, a commenté un Eller avec un sourire gros comme ça dans le vestiaire. C'est une feinte que j'ai essayé à quelques reprises à l'entraînement...»

Juste avant, Eller avait complété un tour du chapeau contre le gardien partant Ondrej Pavelec, franchement dépassé. Eller a été le premier du CH à réussir trois buts au Centre Bell depuis Michael Cammalleri en décembre 2009, et le premier à en réussir quatre à Montréal depuis Brian Bellows, en février 1993.

Le troisième but, à 3:31 de la dernière période, a provoqué une pluie de casquettes sur la glace.

«La dernière fois que j'ai marqué quatre buts, je devais avoir 10 ans!, a ajouté le héros de la soirée. C'est incroyable. Il y a de bonnes chances que ça ne m'arrive plus... Nous avons joué pour gagner, pas par peur de perdre. Les fans n'en ont pas souvent eu pour leur argent cette saison. En espérant que ça puisse continuer.»

Eller va se souvenir longtemps de ce 4 janvier 2012, tout comme Tomas Kaberle, au fait. Kaberle nous a permis d'assister à un événement aussi rare que le passage d'une comète: un but de son propre cru! Oui oui, monsieur Kaberle a marqué, lui qui ne l'avait pas fait depuis le 24 mars. En tout, une grosse sécheresse de 73 matchs, séries incluses, qui a pris fin avec ce but, qui permettait au Canadien de s'offrir une belle avance de 3-1 en début de deuxième. Le reste ne fut que formalité.

Cette récolte de sept buts est bien sûr la plus grosse du Canadien cette saison, et il s'agit aussi du premier match de sept buts de l'équipe depuis le 21 janvier 2011 à Ottawa. La victoire est seulement la deuxième du club sous Randy Cunneyworth en huit matchs.

Reste maintenant à voir si ça va continuer. Les séries victorieuses n'ont pas duré longtemps depuis le début de la saison. «C'est un bon départ, quelque chose sur lequel on peut bâtir», a dit Cunneyworth.

Au fait, le français du coach se porte mieux. Il a commencé son point de presse avec cette phrase, lancée dans la langue de Guy Lafleur: «Je suis très content pour Lars!»

C'est fou ce que la victoire peut faire.