Steven Stamkos a beau s'amuser comme un enfant, il est devenu un homme dans la dernière année. L'adversité au hockey étant souvent une bénédiction déguisée en mauvaise nouvelle, la jeune vedette du Lightning de Tampa Bay a tiré d'importantes leçons de sa léthargie de l'an dernier.

Stamkos a traversé une séquence de seulement cinq buts en 28 matchs en fin de saison et cela a fait de lui un meilleur joueur.

«C'est la constance qui permet de séparer les meilleurs joueurs des autres, a rappelé Stamkos. L'an dernier, même si ce n'était pas agréable sur le coup, cette léthargie m'a permis d'apprendre ce que je devais faire pour éviter que ça se reproduise.

«J'ai gagné beaucoup d'expérience en séries et j'ai apporté des ajustements à mon jeu de façon à améliorer la constance dans mon jeu.»

L'entraîneur-chef Guy Boucher raconte qu'afin d'orienter son franc-tireur vers autre chose que de marquer des buts, il l'a incité à s'attarder sur une foule d'autres détails.

«Ça a été un moment extraordinaire pour lui parce qu'à partir de ce moment-là, Steven a cessé d'être un adolescent et il est devenu un homme, affirme Boucher. Il est passé d'une star à un gagnant. Il a compris que le jeu était fait de plusieurs détails d'équipe et de choses qu'il fallait faire pour les autres. Ces choses-là inspirent plus que de marquer des buts. Car marquer des buts, ça impressionne, mais ça n'inspire pas.»

Ce qui impressionne quand même, c'est qu'avec déjà 141 buts à sa fiche, Stamkos a marqué plus souvent que quiconque avant l'âge de 22 ans parmi les joueurs actifs.

Des leçons à tirer

Boucher décrit sa jeune vedette comme un homme humble, attentionné tant aux détails qu'à ses coéquipiers, et respectueux des vétérans.

À commencer par Martin St-Louis, qui l'a pris sous son aile depuis son entrée fulgurante dans la ligue en 2008.

«Depuis ma première journée dans le vestiaire, j'ai bénéficié du leadership de gagnants de la Coupe Stanley, confie Stamkos. La conquête de 2004 ne remonte pas si loin et des gars comme Martin et Vincent (Lecavalier) savent ce que ça prend pour aller jusqu'au bout. Notre présence en finale d'association nous a aussi permis d'en apprendre par nous-mêmes.»

Stamkos a mis sa léthargie de côté à compter du troisième match des séries du printemps dernier. Selon Guy Boucher, c'est à ce moment-là que son joueur de centre est devenu un joueur différent.

«Il a vraiment levé son jeu d'un cran même s'il a joué en dépit d'une fracture du sternum à partir du troisième match, soutient Boucher. Il a montré énormément de courage et de dévouement et il a fait tous les détails que doit faire un leader. Et il est arrivé cette année avec cette même attitude.»

Le Lightning n'a pas seulement investi en lui avec le contrat de cinq ans et 37,5 millions qu'il a signé avant la saison. L'équipe lui a aussi confié de nouvelles responsabilités en le nommant assistant-capitaine en l'absence du défenseur Mattias Ohlund.

«On s'est assis ensemble et on a établi un plan en fonction de la place que je voulais qu'il occupe au sein de l'équipe, poursuit l'entraîneur. Les tests de sociométrie qu'on fait passer aux joueurs démontrent très clairement qu'il a pris énormément de maturité par rapport à son leadership.»

Le baseball et la crosse

Avant d'affronter le Tricolore, l'ancien premier choix universel au repêchage de 2008 trônait en tête des compteurs de la LNH avec 22 buts. On le sait hockeyeur accompli, mais ce que plusieurs ignorent, c'est que Stamkos excellait aussi au baseball, à la crosse ainsi qu'au soccer.

«Mes parents m'ont toujours encouragé à pratiquer plusieurs sports, dit-il. Il y a des enfants qui jouent au hockey 12 mois par année et qui finissent par s'en lasser.

«Or, chacun des sports que j'ai pratiqués m'a aidé au hockey d'une façon ou d'une autre, explique Stamkos. La crosse, par exemple, m'a beaucoup aidé au niveau de la préparation physique et de la coordination mains-yeux. Son aspect robuste ressemble à celui du hockey. C'était un sport très présent dans la région de Toronto quand John Tavares et moi grandissions.»

Le défenseur Bruno Gervais, qui a quitté les Islanders de New York pour le Lightning cet été, raconte que Tavares et Stamkos sont bâtis dans le même moule, étant tous les deux extrêmement travaillants. Mais il est surpris de voir que quelle façon s'exprime le passé de joueur de crosse de Stamkos.

«Je ne me souvenais pas à quel point il pouvait être un joueur physique, admet Gervais. Steven donne de bonnes mises en échec et il est intense en échec-avant. Je me rappelais surtout qu'on courait constamment après lui mais, en le voyant à tous les jours, je réalise que c'est aussi un gars qui est dans la face de l'adversaire et qui n'hésite pas à payer le prix devant le filet.»