Au mois de juillet, l'entraîneur Pascal Vincent savait qu'il allait changer de ville. Mais il s'attendait à ce que ce soit Blainville-Boisbriand, et non Winnipeg!

Autant l'appel des Jets l'a surpris, autant l'ancien pilote du Junior de Montréal n'a pas hésité à faire ses valises. Le 21 juillet, il devenait l'adjoint de Claude Noël et accédait à la LNH à l'âge de 40 ans.

«Je crois que c'est Alain Vigneault qui m'a aidé... sans jamais me l'avoir vraiment dit. Alain était autrefois l'entraîneur-chef du Moose du Manitoba, club-école des Canucks, et le DG adjoint des Jets, Craig Heisinger, était à la tête du Moose.

«Alain a dû amener mon nom à la table parce qu'autrement, je n'avais aucune connaissance dans l'organisation, pas même un soigneur ou quelqu'un de l'administration...»

Vincent avait été courtisé en même temps que deux autres candidats qui, comme lui, ont passé une entrevue.

«J'ai beaucoup appris de celle que j'avais passée avec le Canadien il y a deux ans pour le poste d'entraîneur-chef des Bulldogs, soutient Vincent. J'en ai eu une autre l'année dernière pour diriger le club-école du Lightning de Tampa Bay et une autre cet été avec les Islanders de New York.

«Alors quand je me suis présenté à Winnipeg, j'étais bien préparé et confiant en mes moyens.»

Vincent n'y pense pas... trop

Vincent n'a pas tenu rigueur au Tricolore même si, après le départ de Guy Boucher, le poste à Hamilton s'est ouvert à deux reprises et qu'on ne l'a pas rappelé.

Maintenant que les Jets lui ont donné sa première chance dans la LNH, Vincent entre inévitablement dans le bassin de candidats à la disposition du Canadien pour un poste d'entraîneur-chef l'an prochain.

Aux yeux de Vincent, le débat entourant la nécessité d'un entraîneur francophone à Montréal n'est pas une porte qui s'entrouvre pour lui. Mais ça ne l'empêche pas de rêver candidement au jour où il sera entraîneur-chef.

«Un entraîneur-chef dans l'âme veut toujours relever des défis. Combien de temps cela prendra? Aussi longtemps que ça prendra à une équipe pour me faire une offre. Pour l'instant, je n'y pense même pas. Je suis avec les Jets et j'ai un contrat de deux ans avec eux. Je grandis beaucoup comme homme et comme entraîneur avec Claude Noël et Charlie Huddy.»

Vincent raconte que l'onde de choc qui a balayé Montréal à la suite du congédiement de Jacques Martin s'est fait sentir jusqu'à Winnipeg.

«Et dans tout ça, je trouve dommage qu'on mette la corde au cou d'un individu avant même qu'il ait commencé, indique Vincent. Les gens de l'ancienne organisation des Thrashers qui ont suivi l'équipe à Winnipeg n'ont que de bonnes choses à dire à propos de Randy Cunneyworth.»

Bâtir sa crédibilité

Même s'il a un rôle d'adjoint, Vincent doit en tant que recrue bâtir sa crédibilité auprès des joueurs.

«Je ne suis pas du genre à botter des poubelles en leur disant qu'ils doivent me respecter», illustre-t-il.

«J'ai gardé la même attitude, je suis demeuré moi-même. On ne peut faire semblant tous les soirs, car les joueurs le sentent vite si tu joues des "games" avec eux. Je dis les vraies choses. Et à force de communiquer avec les joueurs, ils réalisent que ce dont je leur parle, entre autres à propos de l'avantage numérique, a du sens.»

Vincent, comme les autres entraîneurs des Jets, s'attendait à ce que les nombreux changements que subissaient les joueurs - vente de maison, nouvelle école pour les enfants, nouveaux entraîneurs, etc. - influence les performances de l'équipe en début de saison.

Or, les Jets présentent une fiche fort respectable de 10-4-2 à leurs 16 derniers matchs.

«Les gars ont montré de l'intensité, de bonnes intentions, et nos gardiens ont fermé la porte lorsque le reste de l'équipe a été moins efficace. C'est vraiment un bon groupe, qui est très attentif et ouvert aux nouvelles idées, ce qui, paraît-il, n'est pas très fréquent dans la ligue.»

D'aucuns croient que les nombreux voyages finiront par avoir raison des Jets. Mais Pascal Vincent rappelle que les autres équipes de la section devront aussi se rendre à Winnipeg...