Pierre Gauthier a pris ses joueurs par surprise à leur arrivée au Centre Bell, samedi matin. Dans un geste qui rappelait le congédiement de Perry Pearn tout juste avant le match face aux Flyers de Philadelphie, Gauthier a réuni les joueurs dans le vestiaire pour leur annoncer qu'il avait relevé Jacques Martin de ses fonctions.

Certains joueurs étaient sous le choc, d'autres cachaient mal leur satisfaction.

«C'est décevant, a indiqué Erik Cole. Nous avons sous-performé depuis le début de la saison et des changements doivent être apportés. Mais Jacques n'est pas la raison pour laquelle nous ne gagnons pas ; nous ne jouons pas assez bien, c'est tout.»

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Cole, qui n'a pas nécessairement eu le premier contact le plus facile avec Jacques Martin, a par ailleurs assuré que les joueurs ne faisaient pas la sourde oreille à l'entraîneur.

«Nous avons laissé trop de matchs glisser entre nos mains depuis le début de la saison et il (Gauthier) a jugé que quelque chose devait être fait maintenant avant qu'il ne soit trop difficile de combler le retard», a de son côté suggéré Josh Gorges.

Selon Hal Gill, Martin avait développé sa communication individuelle avec les joueurs par rapport à sa première année chez le Canadien.

«Il essayait d'être beaucoup plus impliqué sur le plan individuel. Nous avions davantage de rencontres cette saison afin d'apporter des correctifs. Mais il était beaucoup plus personnel avec nous dans ses interventions.

«Il paie la note, mais c'est la faute au groupe.»

Quelques larmes de crocodile

Les méthodes de Jacques Martin ont fonctionné à merveille à sa première saison, mais ce qui fonctionnait il y a deux ans ne tenait plus cette année. Pourquoi?

«Je pense que ça a à voir avec les joueurs et les egos de certains qui entrent en ligne de compte», a répondu Gorges.

Certains joueurs ne paraissaient pas exactement ébranlé par le congédiement de Jacques Martin. C'est le cas de Michael Cammalleri.

«C'est assez surprenant d'apprendre cette nouvelle, mais c'est ce qui se produit dans un secteur qui est aussi axé sur les résultats», a mentionné Cammalleri.

«Je ne sais pas si l'on peut dire que sa relation avec les joueurs s'est érodée. Plusieurs d'entre nous avions beaucoup de respect pour Jacques et il nous en démontrait en retour.»

«C'est la nature de ce travail, a lancé P.K. Subban. Mais c'est la première fois que je suis devant cette situation. Il y a des joueurs dans l'équipe qui sont là depuis 12 ou 13 ans et qui sont plus à même de réagir que moi.»

Les jeunes seront contents

Jacques Martin a toujours eu la réputation d'être un entraîneur qui était difficile avec les jeunes joueurs et qu'il leur donnait beaucoup moins de marge de manoeuvre.

On devine que Lars Eller fait aussi partie de ceux qui ne seront pas fâchés du changement d'entraîneur.

«Je vois cela comme une opportunité de bâtir un nouveau lien de confiance avec un nouvel entraîneur, a indiqué l'attaquant danois.

«On a vu des entraîneurs se faire congédier sans que leur équipe soit en aussi mauvaise posture que la nôtre. Je présume qu'un scénario de congédiement existe quelque part dans notre tête, mais en tant que joueurs, on se préoccupe de nos propres affaires et on laisse le DG gérer ces trucs-là.»

Différences et similitudes avec Carbo

Il y a trois ans, quand Guy Carbonneau a été congédié, les joueurs ne s'étaient pas cachés pour manifester leur soulagement.

Comment Josh Gorges a comparé l'attitude des joueurs entre le congédiement de Guy Carbonneau, il y a trois ans, et celui de Jacqus Martin.

«C'était un groupe différent au sein duquel certains joueurs avaient vraiment leur propre programme et étaient plus préoccupés par la façon dont ils paraissaient, s'est souvenu Gorges. Cette année, c'est davantage un message qui nous est envoyé pour qu'on trouve des façons de mieux jouer.

«Mais il y a eu trop de matchs cette année où des gars ont essayé de faire leur propre truc au lieu de rester dans le concept d'équipe, et ça nous a coûté cher. On espère ne pas retourner sur la voie dans laquelle était il y a trois ans...»

Darche: «Pas le protégé de Jacques»

On ne se cachera pas que le Tricolore connaissait une saison difficile, mais l'équipe avait quand même récolté des points dans six des sept derniers matchs.

Selon Mathieu Darche, il serait faux de dire que Jacques Martin avait perdu son vestiaire.

«Ça se produit quand les joueurs commencent à se «bitcher» entre eux. Mais si l'on regarde le dernier match, on ne peut pas dire que personne n'a travaillé!»

Par ailleurs, le vétéran québécois s'est montré échaudé par les commentaires à l'effet qu'il était indûment favori par l'ex-entraîneur du Tricolore.

«Combien ai-je eu de matchs où je n'ai joué que quatre ou cinq minutes? a demandé Darche. Il y a même un match de séries où j'ai joué zéro minute!

«Que les gens me lâchent avec l'idée que j'étais le gars à Jacques. J'ai gagné sa confiance comme j'ai passé toute ma carrière à tenter de gagner la confiance de mes entraîneurs.

«Ça va être la même chose avec Cunney.»

Le même système sous Cunneyworth

Cunneyworth, de concert avec Randy Ladouceur et Pierre Groulx, ont dirigé l'entraînement matinal, mais c'est évidemment prématuré de savoir si le nouvel entraîneur-chef prendra ses distances de l'ancien système mis de l'avant par Jacques Martin.

«Je ne m'attends pas à ce qu'on change beaucoup notre système, les choses risquent de rester sensiblement les mêmes, estime Josh Gorges. Ce système-là fonctionne, il s'agit seulement que tout le monde l'applique.»

C'est la façon dont le message sera transmis qui pourrait changer quelque peu.

«Il prépare ses vidéos en avance et la preuve qu'il cherche à montrer est là noir sur blanc, a raconté Gorges. Randy est toujours dans le vestiaire avec son ordinateur, entre les périodes ou après les entraînements, à apporter des correctifs sur de petits détails que nous ne pouvons pas nous permettre de négliger. Ce genre d'attitude fera de nous une meilleure équipe.»