Le Canadien n'a pas encore remporté deux matchs de suite à domicile cette saison et affiche désormais un dossier de 5-6-6 au Centre Bell.

Après que Bob Gainey eut fait le grand ménage au sein de la formation du Canadien, à l'été 2009, les amateurs ont brusquement cessé les huées, autrefois si fréquentes au Centre Bell.

Or, elles sont revenues dans les dernières semaines, symptôme d'une certaine frustration à l'égard des performances de l'équipe.

«Notre dossier à domicile a été teinté par nos contre-performances en octobre, mais la foule du Centre Bell peut nous aider autant que nous nuire, juge Erik Cole. Quand les choses ne vont pas bien, se faire huer n'est pas le facteur le plus motivant. D'ailleurs, avec les Hurricanes de la Caroline, nous parlions souvent du fait que nous pouvions inciter la foule à se retourner contre son équipe.

«C'est pour ça que c'est important pour nous d'avoir de bons débuts de match qui vont mettre la foule de notre côté et qui nous donneront du rythme.»

Il faut dire que les difficultés de l'équipe en supériorité numérique aiguisent la patience des amateurs. Avec Tomas Kaberle dans la formation, le Canadien a marqué trois buts en 18 occasions, mais a conclu le match face aux Flyers avec un seul but en neuf opportunités.

Les protestations ont fusé après deux pleines minutes de supériorité numérique qui n'ont pas rapporté.

«Et je huais avec eux, a lâché Cole un brin dépité. Nous nous étions préparés le matin du match et de constater le soir venu que nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde, c'est ridicule et c'est frustrant.»

Peter Budaj assure que les joueurs comprennent que les fans veulent seulement voir leur équipe exceller.

«Je sais qu'ils nous aiment encore même quand ils sont déçus, soutient le gardien.

«Mais pour ma part, je crois que quand un athlète ou une équipe connaît des moments difficiles, c'est à ce moment-là qu'il a  besoin d'une tape sur l'épaule. Celui qui enfile les buts à tous les matchs a une confiance immense tandis que celui qui n'a pas marqué depuis 20 matchs est celui qui a besoin d'encouragement.

Le Canadien aurait pourtant pu se nourrir de l'ovation monstre accordée à Louis Leblanc à l'occasion de son premier but dans la LNH. Erik Cole s'est d'ailleurs dit impressionné de cet accueil.

Quant à Leblanc, il ne savait plus où se placer.

«J'avais des frissons, c'était un moment très émouvant, a convenu l'ailier de 20 ans. D'autant plus que je n'avais pas marqué depuis longtemps. Mon bâton commençait à être lourd...»



Leblanc destiné à Hamilton

Malgré son but, Leblanc n'a joué que 4:21 jeudi et Jacques Martin n'a pas caché le fait qu'avec une formation en santé, le jeune attaquant prendrait le chemin de Hamilton.

«C'est un jeune joueur qui a encore beaucoup à apprendre, a-t-il fait valoir. Avec une équipe en santé, il gagnerait à jouer davantage et dans toutes les situations, c'est-à-dire suivre une progression normale pour un jeune comme lui.»

Cela dit, Martin insiste que Leblanc n'ait pas à y voir un message derrière son utilisation restreinte.

«C'est surtout imputable au fait qu'on a joué à trois trios. Lorsqu'on tire de l'arrière, on a plus souvent tendance à agir ainsi. Il y a tellement de matchs qui se décident par la marge d'un but que ça devient parfois difficile d'utiliser tous nos effectifs.»

Les nombreuses punitions dans le match de jeudi ont par ailleurs eu pour effet de solliciter davantage le troisième trio à forces égales. Mathieu Darche s'est retrouvé avec un temps d'utilisation supérieur à cinq contre cinq à celui des Plekanec, Cammalleri, Cole et Pacioretty.

Mais face à des Flyers dont les trois trios ont à peu près équivalents, Martin juge qu'il n'avait pas le choix.

«Notre quatrième trio est formé de joueurs de la Ligue américaine, a-t-il mentionné. L'idéal est d'avoir un quatrième trio de la LNH qui est bien rodé. Or, à cause de nos blessures, nous n'avons jamais été dans cette situation-là cette année.»

Photo: Bernard Brault, La Presse

Même s'il a marqué son premier but dans la LNH, Louis Leblanc n'a joué que 4:21 jeudi soir.