Michel Therrien a raté le compliment par quelques minutes à peine.

Quand il a ouvert son téléviseur pour regarder la fin du match entre les Blackhawks de Chicago et le Wild du Minnesota mercredi soir, le commentateur venait déjà de souligner son rôle de mentor auprès de l'entraîneur-chef de l'équipe la plus surprenante de la LNH.

«On voit l'influence de Jacques Lemaire dans le style de jeu du Wild, a lancé le descripteur. Normal, Mike Yeo a appris sous Michel Therrien, qui a été fortement influencé par Lemaire...»

Therrien est toujours à la recherche d'un poste d'entraîneur-chef dans la Ligue nationale depuis son congédiement par les Penguins de Pittsburgh. En attendant, il agit à titre d'analyste à RDS. Son élève, qui en est à ses premiers pas comme entraîneur-chef, permet au Wild de trôner en tête du classement général de la LNH avec une fiche de 20-8-4.

«Quand j'ai été embauché comme entraîneur-chef dans la Ligue américaine par les Penguins il y a quelques années, Mike était déjà adjoint, raconte Therrien au bout du fil. Craig Patrick trouvait que c'était un bon jeune qui méritait de rester. Il avait tout à apprendre. Mais avec mon expérience avec le Canadien, le mariage a été bon et on est vite devenus très proches. Je l'ai emmené partout. Certains entraîneurs préfèrent garder des choses pour eux. Moi, au contraire, je n'ai jamais fait ça. On échangeait beaucoup. Il a été un compagnon fidèle et extraordinaire pour moi.»

Deux hivers et demi plus tard, Therrien était promu à Pittsburgh et il a insisté pour que Yeo l'accompagne.

«Je lui ai donné le choix. Il pouvait devenir entraîneur-chef à Wilkes-Barre [dans la Ligue américaine] ou venir avec moi. Il a choisi de m'accompagner. On a «tassé» les adjoints parce qu'on voulait changer la philosophie; ça faisait quatre ans que les Penguins étaient derniers. On a suivi le plan qu'on avait dans la Ligue américaine. C'est drôle parce qu'on a terminé l'année à deux, aucun club de la LNH ne comptait si peu de coachs... Finalement, on a embauché André Savard pour compléter l'équipe l'été suivant.»

Therrien a vite décelé de belles qualités chez Yeo, aujourd'hui âgé de 38 ans. «J'ai vu sa passion. J'ai vu qu'il voulait apprendre. On voyait la «game» de la même façon. On arrivait tôt au bureau et on ne comptait pas nos heures. C'est un bourreau de travail. C'est drôle parce qu'il m'a téléphoné cette semaine. On se parle encore régulièrement.»

Quand il voit le Wild à l'oeuvre, Therrien sourit en voyant plusieurs schémas de jeu.

«On a eu du succès de cette manière et c'est normal qu'il soit fidèle à ce système. C'est un peu ça qu'il a transposé au Minnesota. Il a apporté quelques ajustements, évidemment, chaque entraîneur en fait. Je remarque d'ailleurs qu'il a emprunté des méthodes de Dan Bylsma également, sur la récupération de rondelle, entre autres, mais le système du Wild ressemble à ce que nous avions.»

Surpris par les succès du Wild? «Quand je parlais à Chuck Fletcher l'an dernier parce que j'étais recruteur pour l'équipe, je trouvais que c'était un club de séries éliminatoires. Ils ont fait de bons échanges au cours de l'été. On voit l'amélioration. Mais de les voir au sommet de la LNH, ils prennent un peu tout le monde par surprise. Ses gardiens l'aident, mais il a de bons jeunes défenseurs, dont Marco Scandella, Justin Falk et Jarred Spurgeon.»

Un peu amer, Michel Therrien, de voir l'adjoint connaître du succès pendant que personne ne semble lui faire confiance?

«Je suis content pour lui. Vraiment. Nous étions les finalistes pour le poste au Minnesota. Je disais à Mike que j'espérais avoir le job, mais que si je ne l'avais pas, je souhaitais que ce soit lui. Il me disait la même chose.»

Therrien ne sait toujours pas quand le téléphone sonnera à nouveau. En attendant, il peut savourer le succès du Wild. Il y a un peu de lui là-dedans...