La fébrilité s'empare de Florence Boucher à quelques minutes de recevoir la traditionnelle visite des joueurs du Canadien à l'hôpital Sainte-Justine. Alitée dans sa chambre du cinquième étage, la jeune fille de 12 ans scrute une dernière fois les photos de Carey Price sur le mur et place le chandail de son idole sur ses jambes.

Même si le gardien ne fait pas partie de la cohorte de joueurs présents pour cet événement, elle obtient finalement les autographes d'une demi-douzaine de joueurs dont Mathieu Darche, David Desharnais, P.K. Subban et Erik Cole. Outre les cadeaux à l'effigie du CH, elle vient surtout de se forger des souvenirs inoubliables, à la veille de quitter l'aile des chirurgies pour rejoindre le centre de réadaptation Marie Enfant.



«On la soupçonne d'avoir fait exprès d'attendre pour rencontrer les joueurs du Canadien», lance son beau-père Roger en blaguant. La jeune fille se fâche. Non, on ne rit pas avec son Canadien à qui elle prédit d'abord la Coupe Stanley avant de se raviser pour une simple participation en séries.



Depuis son accident survenu le 5 octobre dernier, le Tricolore est plus que jamais l'une de ses sources de motivation. Cette journée-là, en sortant du Séminaire de Chicoutimi, l'élève de premier secondaire a été heurtée par un autobus avant de se retrouver coincée sous une roue arrière. Après une longue intervention des secours et blessés gravement au bassin et au fémur, elle a finalement été transportée vers Montréal, le soir même.



«Je me trouve chanceuse dans ma malchance d'avoir pu survivre et d'être capable de remarcher, explique-t-elle. J'ai beaucoup souffert, mais j'avais des bonnes personnes avec moi à l'hôpital.»

Entre deux opérations, Florence a également reçu un coup de pouce moral sous la forme d'une photo autographiée par «le beau» Carey Price. Une fois sa convalescence terminée, le numéro 31 l'a même invitée à un match au Centre Bell. À vrai dire, la date a été devancée et déjà encerclée sur le calendrier de la jeune fille. Grâce à la générosité de la Dre Patricia Bortoluzzi, elle devrait vivre son grand baptême, le 7 janvier, contre le Lightning de Tampa Bay. Après avoir parcouru quatre longueurs, avec l'aide de barres parallèles, hier, l'adolescente lui a promis de remplir sa part du marché et d'entrer au Centre Bell par ses propres moyens.

En apprenant sa venue, Desharnais lui a, à son tour, fait une grande promesse; celle qu'elle pourrait revoir les joueurs après le match. Darche, quant à lui, a convenu que cela serait une motivation supplémentaire.



Hal Gill, le prince charmant

Les tracas causés par la défaite en prolongation contre les Blue Jackets de Columbus, la veille, semblaient donc bien loin lors de cette 47e visite du Canadien à Sainte-Justine. De chambre en chambre, les joueurs ont distribué une multitude de cadeaux et se sont volontiers prêtés au jeu des autographes et des photographies. Darche a reconnu le caractère spécial et émouvant de ce genre de rencontres. Âgé de 35 ans, le père de deux enfants est un habitué de ce type de sorties annuelles avec le Canadien et ses précédents clubs.

«C'est touchant. Tu te promènes et tu vois des enfants qui ont le même âge que les tiens. Quand on se plaint de nos petits bobos ou de nos voyages trop fréquents, cela vient mettre les choses en perspective.

«Ce n'est pas grand-chose pour nous d'amener du bonheur à ces enfants.»

Au détour d'une chambre, les joueurs du Canadien ont même eu l'occasion de rencontrer une jeune patiente habillée en princesse. Rapidement, Hal Gill s'est auto-proclamé son «prince charmant». Le grand défenseur est ensuite passé de la parole aux actes en lui faisant un baise main. Âgée de 4 ans, Gabrielle a conclu sa rencontre avec les joueurs du Canadien en envoyant un baiser de la main à Darche.

«Si on peut mettre un peu de soleil dans leur journée, ça leur fait plaisir et ça nous fait plaisir en même temps, a indiqué Desharnais. Notre présence est appréciée, mais on essaie aussi d'être proche d'eux et de leur parler.»