Ce soir au Honda Center d'Anaheim, les gars du Canadien vont affronter un club qui en arrache autant qu'eux, sinon plus. Un club qui est déjà un peu dans le pétrin, comme eux. Ce club, c'est les Ducks d'Anaheim.

Non, ça ne va pas bien pour les Canards. Il y a les rumeurs, tout d'abord. L'attaquant Bobby Ryan qui serait sur le marché des échanges, Randy Carlyle qui pourrait être le prochain entraîneur à «sauter», comme on le dit si bien dans le milieu.

Mais surtout, il y a les faits: les Ducks sont écrasés en fond de classement dans l'Association de l'Ouest (avant les matchs d'hier soir, ils étaient à l'avant-dernier rang), et ils ont perdu cinq matchs de suite. À leurs 10 derniers matchs, ils n'ont qu'une seule victoire.

Pour une bande qui avait conclu la dernière saison au quatrième rang de son association, tout cela est, comment dire, décevant? Gênant? Dur à expliquer?

«C'est ça, c'est dur à expliquer, a répondu le défenseur François Beauchemin après l'entraînement du matin, hier à Anaheim. On a encore de la misère à trouver les réponses. C'est probablement plus mental que physique; on sait qu'on fait des erreurs, mais on continue à faire les mêmes erreurs.»

Ce qui est sûr, c'est qu'un certain Bobby Ryan connaît une saison de misère. L'attaquant de 24 ans avait enfoncé 71 points la saison dernière, mais à date, c'est plutôt 11 points en 23 matchs. À ce rythme, Ryan sera chanceux s'il atteint la barre des 40 points au mois d'avril...

«On a un bon noyau de joueurs, mais on n'a pas produit comme prévu, a ajouté Beauchemin. Spécialement le premier trio, et ces gars-là vont être les premiers à le reconnaître.»

Ce qui veut dire que le meilleur marqueur des Ducks est un vieux de 41 ans. Oui, Teemu Selanne est encore capable de jouer au hockey, comme en témoigne sa fiche de 22 points en 23 rencontres.

«On doit accomplir notre travail»

En ce début de saison sombre sous les palmiers d'Anaheim, Selanne est l'un des rares à rayonner. «La direction a été loyale et patiente avec nous, c'est toujours ce que les joueurs espèrent, a expliqué le Finlandais hier. Mais de toute évidence, il y aura un temps où quelque chose devra être fait si rien ne change. Les joueurs doivent faire une différence, on doit accomplir notre travail et jouer du mieux qu'on peut, mais il faut que tout le monde augmente la cadence. Ce n'est surtout pas le temps de s'apitoyer sur notre sort. Il faut que le vent tourne, j'ai hâte de retrouver le sourire...»

Malgré les rumeurs d'échange qui circulent, l'entraîneur Carlyle jure que ses joueurs ne sont pas affectés.

«Si on se met à croire tout ce qui circule... ces choses-là font partie du métier, a-t-il répondu. Quand tu ne gagnes pas, ça devient encore plus lourd. La victoire peut toujours aider, mais ça prend plus qu'une victoire. Nous avons une énorme pente à remonter. Personne n'est heureux de ce qui se passe présentement et nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive.»

Selon l'entraîneur, il y a un joueur des Ducks en particulier qui a du mal à composer avec tout ça. Son nom? Saku Koivu.

«Parce qu'il se sent responsable, a ajouté Carlyle. La chose avec lui, c'est qu'on ne peut jamais remettre en question son courage et sa détermination. Ce qui se passe le frustre énormément. Il essaie de tout faire pour aider cette équipe.»

Notre ami Saku semble un peu de mauvais poil ces jours-ci, en effet. Il devait rencontrer les membres des médias montréalais hier matin au Honda Center. On a vu brièvement son visage tendu dans le vestiaire... avant de se faire dire, par un porte-parole du club, que l'ancien capitaine du Canadien avait autre chose à faire, finalement.

C'est un peu ce qu'on aura sous les yeux, ce soir à Anaheim: des joueurs désespérés qui ont grandement besoin d'une série de victoires. D'un côté comme de l'autre.