Rod Brind'Amour a tellement les Hurricanes de la Caroline dans la peau qu'il est devenu deux fois entraîneur: au niveau de la Ligue nationale... et avec les Hurricanes Junior, l'équipe dont fait partie son fils Skyler.

L'ancien capitaine en Caroline, qui a pris sa retraite au terme de la saison 2009-2010, vient d'accepter un poste d'entraîneur-adjoint à temps partiel. Il n'accompagne pas l'équipe sur la route car cela briserait l'engagement pris auprès de son fils.

«C'est intéressant de voir le hockey de ce côté-ci de la clôture», soutient l'homme de 41 ans, qui se décrit donc comme «un adjoint aux adjoints».

«Quand je jouais, je prenais le travail des entraîneurs pour acquis. J'avais mon horaire, je savais quand j'arrivais à l'aréna et quand j'en repartirais. Mais je constate que pour les entraîneurs, ce n'est jamais terminé. Il y a tellement d'heures consacrées à la préparation.»

Paul Maurice raconte avec un sourire qu'il a travaillé très fort à convaincre Brind'Amour de devenir son adjoint à temps plein.

«Mais ça prend un joueur qui a joué dans la ligue aussi longtemps que lui pour vraiment saisir la valeur du temps libre, reconnaît le pilote des Hurricanes. Il a mérité son succès et a mérité le droit de prendre un peu de répit.

«Rod a joué pendant plus de 20 ans et il ne comptait pas les heures. Certains soirs, les entraîneurs repartaient et il était encore en train de lever des poids.»

À en croire les jeunes joueurs des Hurricanes, Brind'Amour n'a rien perdu de ses habitudes en gymnase.

«Il est peut-être plus en forme que plusieurs joueurs au sein de l'équipe», soupçonne Jeff Skinner.

En contact avec les jeunes

Maurice a demandé à Brind'Amour de s'impliquer dans toutes les facettes du jeu. Il conseille bien sûr les joueurs de centre sur les mises en jeu, un art qu'il maîtrisait comme peu d'autres.

Mais sa communication avec les joueurs est aussi mise à profit.

«Je suis content de pouvoir compter sur quelqu'un qui est fraîchement sorti du vestiaire, qui sait ce qui s'y passe vraiment, explique l'entraîneur. C'est le gars parfait pour aller voir un joueur en difficulté car il a tout vécu.»

Eric Staal, celui qui lui a succédé à titre de capitaine, s'est entretenu à quelques reprises avec Brind'Amour afin de sortir de sa léthargie du début de saison.

«Quand j'ai eu des matchs où j'avais l'impression de bien jouer mais que ça ne payait pas et que j'accumulais un différentiel négatif, il est venu me voir, raconte Staal. Il a insisté pour que je ne change rien à mon jeu mais que je maintienne un niveau de travail et d'effort constant.

«Je ne sais pas jusqu'à quel point il est confortable dans le rôle qu'il occupe, mais je le connais assez bien pour dire qu'il fait un travail admirable.»

«Il aime être entouré des gars et être sur la glace, c'est l'environnement qui lui plaît», enchaîne le jeune Brandon Sutter.

Transmettre la culture

Brind'Amour a façonné l'identité des Hurricanes au cours de la dernière décennie. Et à ses yeux, transmettre la culture gagnante qui s'était instaurée en Caroline est au centre de sa mission.

«Ce que nous avons bâti ici au cours des ans reposait sur un travail sans relâche et l'absence de raccourcis, explique-t-il. Il faut revenir à cet esprit-là en l'instaurant auprès de nos jeunes joueurs. L'époque où les Hurricanes formaient une équipe de vétérans est révolue. Ce sont les jeunes qui doivent maintenant adhérer à cette philosophie.»

À n'en pas douter, l'ancien centre adore s'impliquer au sein de «son» équipe. Ça paraît. Mais il hésite à y plonger à temps plein.

«C'est vraiment beaucoup de travail, insiste-t-il. J'aimerais donner un plus gros coup de main, mais il faut être prêt à y mettre le temps.»

Mais son leadership, si irradiant à l'époque où il était joueur, servira l'équipe quoi qu'il arrive.

«Ça a été un capitaine sensationnel, se souvient Chad LaRose. Tout ce qu'il faisait traînait à sa suite. Ce n'était pas le plus volubile, mais lorsqu'un discours était nécessaire, il était prêt.

«C'est avec lui que j'ai gagné la Coupe Stanley. C'était mon capitaine.»