Certains partisans du Canadien souhaiteraient désormais voir leur équipe favorite terminer dans la cave du classement, afin de la reconstruire en repêchant tôt en juin prochain.

Ils rêvent de voir le CH emprunter le modèle des Oilers d'Edmonton et ainsi compter dans ses rangs de jeunes Hall, Nugent-Hopkins et compagnie.

Le fait de voir le Tricolore au dernier rang dans l'Association de l'Est, et à l'avant-dernier rang du classement général, leur donne-t-il des idées?

Il est un peu tôt pour espérer un tel scénario. Le Canadien n'est qu'à quatre points du huitième rang et d'une participation aux séries éliminatoires.

Échanger quelques vétérans à compter de janvier pour profiter de quelques choix supplémentaires au repêchage si jamais l'équipe demeure parmi les pires clubs? Ça se défendrait.

Mais vider l'équipe et patienter quelques années le temps que de jeunes premiers se développent?

Ce modèle, s'il comporte des avantages indéniables, a aussi des inconvénients évidents. Les Oilers, par exemple, ont terminé au dernier rang du classement général l'an dernier, au dernier rang l'année précédente, au 11e rang de leur association en 2008-2009, au 9e rang en 2007-2008, au 12e rang en 2006-2007.

En bref, cinq exclusions consécutives des séries depuis leur finale en 2006, dont quatre années de misère.

Les Blackhawks de Chicago ont gagné la Coupe Stanley avec des jeunes premiers comme Jonathan Toews et Patrick Kane il y a deux ans, mais ils n'ont pas gagné une ronde en séries éliminatoires lors des 10 saisons précédentes, et participé à ces séries juste une fois.

Ils ont eu à se débarrasser de plusieurs joueurs pour se conformer au plafond salarial dans les semaines qui ont suivi la conquête et ont subi l'élimination très rapidement le printemps dernier. L'attente en valait-elle la peine?

Et ça ne fonctionne pas toujours. Parlez-en aux Thrashers d'Atlanta qui n'ont jamais rien gagné même s'ils ont repêché au premier ou au deuxième rang pendant plusieurs années (Patrik Stefan, Dany Heatley, Ilya Kovalchuk, Kari Lehtonen).

Ou aux Blue Jackets de Columbus qui ont bénéficié de choix parmi les 10 premiers pendant 9 ans depuis leur naissance (Rostislav Klesla, 4e, Pascale Leclaire 8e, Rick Nash 1er, Nikolai Zherdev 4e, Alexandre Picard 8e, Gilbert Brule 6e, Derick Brassard 6e et Jakub Voracek 7e) sans pour autant connaître du succès.

D'autres modèles sont moins douloureux et donnent des résultats tout aussi positifs.

Les Bruins de Boston, par exemple, ont un DG génial, Peter Chiarelli, qui a su bâtir son club grâce à des transactions efficaces et l'embauche de bons joueurs autonomes. Tim Thomas, Zdeno Chara, Mark Recchi et Dennis Seidenberg proviennent tous d'une autre organisation, et aucun joueur parmi Patrice Bergeron, David Krejci, Brad Marchand et Milan Lucic n'a été repêché en première ronde.

Les Red Wings de Detroit ont su se renouveler après les départs de Steve Yzerman, Brett Hull et Brendan Shanahan sans atteindre la cave du classement. Ils ont su compter par contre sur l'un des meilleurs défenseurs de l'histoire, Nicklas Lidstrom, ainsi que sur de brillants choix au repêchage dans les rondes tardives, tels Henrik Zetterberg et Pavel Datsyuk. Et ils ont bénéficié de quelques éclairs géniaux de leur directeur général Ken Holland.

Mais à cet égard, les décisions brillantes sont nécessaires. Ces dernières années, malheureusement, les coups d'éclat ont été plutôt rares du côté du Canadien.

L'acquisition de Lars Eller en retour de Jaroslav Halak pourrait rapporter des dividendes éventuellement. Les embauches de Mike Cammalleri et Brian Gionta ont été bonnes, mais pas extraordinaires.

Attendons avant de juger celle d'Erik Cole, mais c'est mal parti. Scott Gomez est en train de s'enliser après avoir aidé le club en deuxième moitié de saison il y a deux ans.

On retient surtout le fait qu'on a cédé de jeunes joueurs prometteurs comme Mike Ribeiro, Mikhail Grabovski, Sergei Kostitsyn, Guillaume Latendresse et Matt D'Agostini sans rien obtenir de valable en retour. Il y a aussi ce Ryan McDonagh qui est en train de s'imposer comme l'un des meilleurs défenseurs des Rangers de New York.

On ne peut perdre autant de talent sans en subir les conséquences. À l'heure actuelle, il est permis de se demander quelle recette miraculeuse pourrait relancer cette équipe sans vie.

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