De l'avis de plusieurs, le repêchage de 2003 est le plus riche de l'histoire de la Ligue nationale de hockey, avec celui de 1984.

Tous les joueurs choisis en première ronde ont disputé au moins un match dans la LNH et seulement deux, Hugh Jessiman et Shawn Belle, ont joué moins de 150 rencontres.

On y retrouve plusieurs vedettes comme Corey Perry, Ryan Getzlaf, Zach Parise, Ryan Kesler, Mike Richards, Jeff Carter, Eric Staal, Dion Phaneuf, Thomas Vanek, Marc-André Fleury, Brent Seabrook et Brent Burns.

Il s'est produit, voyez-vous, un phénomène unique dans l'année qui a suivi ce fameux repêchage: un lock-out qui a duré un an. Selon plusieurs, cet arrêt de travail a permis à ces jeunes de bénéficier d'un hiver supplémentaire pour mûrir dans les rangs juniors, universitaires ou européens.

La formule a semblé bien réussir aussi à des joueurs repêchés après la première ronde qui, eux aussi, connaissent une splendide carrière, comme Shea Weber, Patrice Bergeron, Loui Eriksson, Corey Crawford, David Backes, Jimmy Howard, Joe Pavelski, Tobias Enstrom, Dustin Byfuglien et Jaroslav Halak, pour ne nommer que ceux-là.

Vous avez là l'un des principaux arguments de vente du président de Hockey Canada, Bob Nicholson, qui a envoyé récemment un document de neuf pages à la LNH et à l'Association des joueurs pour les convaincre de repousser l'admissibilité des hockeyeurs de 18 à 19 ans.

Nicholson note que la grande majorité des joueurs repêchés à 18 ans ne sont pas prêts pour la LNH. Il s'appuie sur une quantité importante de statistiques. Celle-ci, par exemple: 56% des hockeyeurs repêchés en 2005 n'ont pas disputé un seul match dans la Ligue nationale.

«Je n'en ai pas parlé à tous les directeurs généraux de la Ligue nationale, mais ceux avec qui j'ai discuté sont ouverts à l'idée, a mentionné Bob Nicholson au bout du fil. Ils s'entendent pour dire que ça réduirait la marge d'erreur lors des repêchages grâce à cette année supplémentaire de maturation.»

En 2005, un seul joueur a fait le saut directement à la LNH après le lock-out, un certain Sidney Crosby. L'année suivante, seulement deux: Jordan Staal et Phil Kessel. Ils étaient trois en 2007, Patrick Kane, Sam Gagner et David Perron. Record l'année suivante, en 2008, avec sept joueurs: Steven Stamkos, Drew Doughty, Luke Schenn, Mikkel Boedker, Josh Bailey, Luca Sbisa et Viktor Tikhonov.

Trois ans plus tard, Stamkos et Doughty ont atteint le statut de vedettes dans la LNH, mais les autres ont encore de la difficulté à devenir les joueurs d'impact qu'on espérait. Tikhonov joue désormais en KHL.

Sauf qu'en cette ère de plafond salarial, les équipes de la LNH comptent de plus en plus sur de jeunes joueurs pour obtenir du renfort à un salaire qui ne fera pas exploser le plafond.

Sans compter que certains joueurs de 18 ans peuvent déjà avoir un impact énorme sur une organisation. Ce fut le cas l'an dernier avec Jeff Skinner en Caroline, Cam Fowler à Anaheim et même Taylor Hall à Edmonton.

Des règles particulières?

Et cette année, déjà, après cinq ou six matchs, on peut prédire une saison fort intéressante à Ryan Nugent-Hopkins, Sean Couturier, Adam Larsson et Gabriel Landeskog.

«Il y a toujours des exceptions, a répondu Bob Nicholson. On pourrait créer des règles particulières. Est-ce que ça pourrait s'appliquer aux 10 premiers joueurs repêchés, à la première ronde? Nous pourrions en discuter.»

André Savard, ancien directeur général du Canadien aujourd'hui dépisteur avec les Penguins de Pittsburgh, aime l'idée, mais il se demande si elle pourrait s'appliquer au plan juridique.

«Ça serait la meilleure chose pour le hockey junior, qui est une grosse industrie et qui constitue la fondation de la Ligue nationale, et les recruteurs pourraient s'ajuster facilement, mais si ma mémoire est bonne, Ken Linesman, à l'époque, avait fait valoir son point de vue en cour, car il réclamait le droit d'être repêché à l'âge où il était majeur. C'est un point qui peut se défendre au point de vue légal.»

Pas sûr que les agents de joueurs accueilleraient la nouvelle avec joie.

«Il y a combien de joueurs de 18 ans dans la LNH par année, quatre ou cinq maximum?» se demande Philippe Lecavalier. S'ils ne sont pas assez bons, ils sont retranchés, tout simplement. Je me demande quels sont les intérêts de Bob Nicholson derrière sa démarche. Il veut s'assurer d'avoir les meilleurs éléments pour le Championnat mondial junior chaque année? Je ne le blâme pas, il prêche pour sa paroisse, mais ça ressemble à ça.»