Il y a eu deux grands départs dans la vie de Pat Brisson. D'abord lorsqu'il a quitté le Québec pour la Californie, au début des années 90. Et lorsqu'il a quitté la firme IMG, en 2006, alors que son contrat venait à échéance. Cette année-là, il est passé dans le camp de Creative Artists Agency, une agence formée il y a 30 ans et dont la vocation première était de représenter des gens du monde du cinéma et de la télévision.

«CAA était intéressée à se lancer dans le sport et elle m'a approché en même temps que certains "tops" dans le milieu, raconte Brisson. Aujourd'hui, selon le Sports Business Journal, nous sommes devenus la plus grosse agence dans le sport.»

Il est vrai que CAA a créé un vrai raz-de-marée dans l'industrie. En quelques mois seulement, la firme qui veillait aux intérêts de Brad Pitt et d'Oprah Winfrey a pu attirer Peyton Manning, Derek Jeter et LeBron James.

«CAA a accès à beaucoup d'informations et de données grâce à l'expérience acquise dans d'autres sports et dans le domaine du divertissement, souligne Brisson. On fait plus que négocier des contrats; notre approche est aussi axée sur les ententes de commandites, et l'on crée aussi beaucoup de rencontres entre nos clients de divers milieux.»

Le dilemme des grandes agences

C'est une question que l'on pose depuis quelques années dans le hockey: si, par son prestige et sa compétence, une grosse agence arrive à dénicher les meilleurs joueurs de la LNH, comment peut-elle prétendre garder un bon niveau de service?

«Ça fonctionne bien au sein de notre agence parce que nous avons plusieurs employés, répond Don Meehan, le patron de Newport Sports. Notre coefficient de perte est ridiculement bas.»

On a pourtant parlé à des joueurs plus marginaux qui ont décidé de se séparer de Newport parce qu'ils ne suivaient pas leur dossier d'assez près. Mais bon, on peut concevoir que de nombreux employés permettent de garder les grosses boîtes efficaces.

Aux yeux de Pat Brisson, la clé se trouve dans le réseau de contacts.

«Un agent peut bien faire miroiter au joueur qu'il va s'occuper de lui au maximum parce qu'il n'a que cinq clients, convient Brisson. Mais en même temps, quelles sont les ressources de cet agent-là dans la ligue?

«Moi, si je vais voir un joueur dans une université au Michigan et que j'arrête en cours de route à Detroit, je peux appeler Ken Holland, le DG des Red Wings, et lui donner rendez-vous pendant un match. On va parler ensemble de la réunion des directeurs généraux, de la question des coups à la tête, et l'on va échanger à propos des clients que j'ai chez les Red Wings, les Kronwall, Stuart et Cleary...»

Rester au courant

Chose certaine, qu'un agent travaille seul ou dans une grosse firme, il doit démontrer qu'il est au fait de ce qui se passe avec son client.

«Certains joueurs nous disent qu'ils nous appelleront lorsqu'ils auront besoin de nous; d'autres préfèrent qu'on les appelle chaque semaine, fait valoir Don Meehan. Tous les joueurs sont différents.»

Les conversations peuvent traiter du temps de glace, des compagnons de trio, de ce qui pourrait les rendre meilleurs ou de ce qui les empêche d'être meilleurs.

«C'est à nous d'offrir un bon service, résume Pat Brisson. Si j'appelle un client une fois à tous les sept mois, c'est sûr qu'il va aller ailleurs. Et si le client s'en va, ça crée un effet domino.

«Car dans notre domaine, on est toujours jugé en fonction de la dernière décision que l'on a prise...»