Steve Bégin prend les bouchées doubles à l'entraînement, en compagnie des nombreux joueurs du Canadien qui patinent à Brossard.

Le vétéran attaquant doit vite retrouver la forme s'il veut impressionner les dirigeants des Canucks de Vancouver, dans exactement une semaine, à l'ouverture du camp d'entraînement de l'équipe.

«Je sautais sur la glace avec un groupe de joueurs de la Ligue nationale pour la première fois (depuis la fin de la dernière saison), et c'était intense, a souligné Bégin, quand on l'a rencontré jeudi au Complexe sportif Bell, sur la Rive-Sud. Ça quand même bien été, mais je dois me dépêcher à retrouver mon souffle (sic).»

À l'âge de 33 ans, le Trifluvien affirme sans ambages qu'il va jouer très gros au cours des prochaines semaines.

«Ça passe ou ça casse, lance-t-il, en parlant de l'invitation des finalistes de la Coupe Stanley. C'est ma dernière chance, j'en suis conscient. Si ça ne fonctionne pas, je devrai sans doute tirer un trait sur ma carrière.»

L'étau se resserre, mais le pugnace athlète s'accroche. Dans le plan de carrière qu'il a élaboré, il se voit jouer pendant deux autres saisons, soit jusqu'à l'âge de 35 ans.

Il n'en est pas à un défi près. Mais le désintéressement des équipes à son endroit ainsi que les problèmes de santé qu'il a connus la saison dernière ont effrité son enthousiasme et sa confiance.

«La santé va bien, assure-t-il. Ça été très difficile, la saison dernière. Je me suis blessé au même genou trois fois.»

Contraint d'accepter un contrat à deux volets des Predators de Nashville, après l'ouverture de la saison, il a passé le plus clair de son temps à Milwaukee, au sein de l'équipe-école des Preds. Il s'est blessé la première fois, peu de temps avant un éventuel rappel dans la LNH.

L'ancienne coqueluche des partisans du Tricolore n'a disputé que deux matchs chez les Predators et 36 chez les Admirals de Milwaukee (six points).

Cet été, il commençait à désespérer de recevoir un coup de téléphone. Il a été très heureux de recevoir l'appel des Canucks, même s'il va se pointer dans l'Ouest sans contrat en poche, comme l'ailier Owen Nolan et le gardien Manny Legace.

«Ça ne me dérange pas, affirme-t-il. Je suis rendu là, et je vais me présenter au camp pour me battre pour l'obtention d'un poste. Ce n'est pas différent des années précédentes pour moi. Je dois toujours recommencer à zéro à chaque camp, et me battre.»

Bégin, qui a vendu dernièrement sa résidence du quartier Dix30 au nouvel attaquant du CH Erik Cole, n'a jamais eu Alain Vigneault comme entraîneur, mais il se doute que le pilote des Canucks a eu son mot à dire dans l'invitation reçue.

Il croit en ses chances de réussite, estimant que son style frondeur cadre bien au sein d'une équipe talentueuse comme les Canucks. Il se serait d'ailleurs bien vu avec eux contre les Bruins de Boston, en finale de la Coupe Stanley.

Bégin dit ne pas avoir envisagé la possibilité qu'on lui propose d'aller prêter main-forte à l'équipe-école de la Ligue américaine, en début de saison.

«Je verrai en temps et lieu. Moi, je m'en vais au camp pour mériter un poste.»

L'Europe, comme possibilité de fin de carrière, ne représente aucun attrait pour lui.

«Je ne veux pas trop m'éloigner, à cause de ma famille, dit-il. J'ai toujours dit que je n'irais jamais jouer dans la KHL, en Russie. La tragédie qui vient de secouer la ligue ne fait que renforcer mon opinion. J'accrocherai mes patins plutôt que d'aller jouer là-bas.»

Bégin a 488 matchs au compteur dans la LNH, montrant 52 buts et 100 points à sa fiche. Outre les couleurs des Preds et du Canadien, il a aussi porté celles des Flames de Calgary, des Stars de Dallas et des Bruins.

À sa dernière saison complète dans la LNH, en 2009-10, il avait récolté 14 points en 77 rencontres, dans l'uniforme des Bruins.