Le président russe Dmitri Medvedev a dénoncé jeudi l'état de l'aviation civile en Russie en se rendant sur le site de l'accident d'avion qui a tué 43 personnes, près de Yaroslavl, en majorité des membres de l'équipe de hockey locale, dont des vedettes internationales.

Ironie du sort, le chef de l'État russe était attendu jeudi à Yaroslavl (300 km au nord-est de Moscou) pour une conférence internationale organisée dans l'enceinte de la patinoire de cette équipe, devant laquelle se pressent désormais de nombreux habitants venus déposer des fleurs.

M. Medvedev s'est rendu sur le site du drame en fin de matinée avant de présider une réunion consacrée à la catastrophe. Après avoir réclamé une «enquête minutieuse», il a dénoncé l'état du transport aérien en Russie, théâtre de quatre accidents d'avions de conception soviétique depuis juin.

«Le problème de l'aviation civile et de la sécurité (aérienne) ont fait l'objet de multiples discussions. Des moyens financiers ont été débloqués mais la situation reste mauvaise, comme le montre la série de catastrophes aériennes de cet été», a-t-il dit.

«Ce n'est pas possible de continuer comme ça», a-t-il martelé, réclamant notamment de «réduire radicalement le nombre de compagnies aériennes» en Russie.

Les sauveteurs ont pour leur part annoncé avoir retrouvé les 43 corps, en majorité des joueurs de l'équipe du Lokomotiv de Yaroslavl, dont des vedettes étrangères, qui ont remporté les plus grands tournois mondiaux et joué dans la LNH.

Un agent de bord, Alexandre Sizov, et un joueur russe du Lokomotiv, Alexandre Galimov, ont survécu mais étaient dans un état grave jeudi, selon le ministère des Situations d'urgence.

L'équipe se rendait à Minsk, au Bélarus, pour disputer son premier match de la saison 2011-2012 qui devait s'ouvrir jeudi. L'appareil s'est écrasé tout juste après son décollage près du village de Tounochna.

Parmi les victimes se trouvent l'entraîneur canadien Brad McCrimmon, le gardien suédois, Stefan Liv, champion olympique et champion du monde 2006, la star Slovaque Pavol Demitra, trois joueurs tchèques ex-champions du monde, la vedette lettone Karlis Skrastins et le joueur de la sélection allemande Robert Dietrich.

Le monde du hockey était sous le choc, nombre de joueurs russes, canadiens et américains de la LNH se disant atterrés par cette tragédie.

La Ligue continentale de hockey (KHL), qui regroupe les meilleures équipes de Russie et d'autres pays de l'ex-URSS, a annoncé jeudi le report du début de la saison à une date indéterminée. Un match de gala opposant le champion en titre Oufa à son dauphin Mytishchi avait été interrompu mercredi à l'annonce de la tragédie.

Le Comité d'enquête de Russie, principal organe en charge des enquêtes criminelles, a annoncé privilégier deux pistes - un problème technique et une erreur de pilotage - pour expliquer l'écrasement du Yak-42, un appareil mis en service en 1993.

Selon le vice-ministre des Transports, Valeri Okoulov, les autorités envisagent de clouer au sol les avions de ce type.

«Actuellement, Rossaviatsia (l'agence du transport aérien) procède à des vérifications et va décider si elle prend des mesures pour limiter les vols de ce type d'avion», a-t-il déclaré, cité par l'agence RIA Novosti.

Selon lui, le réacteur droit du trimoteur avait été changé en août et l'avion avait une autorisation de vol valable jusqu'en 2012.

Au moins 57 Yak-42, un court-courrier d'une centaine de places, sont en service en Russie, a indiqué Ria Novosti.

Dmitri Medvedev avait déjà ordonné cet été l'arrêt d'ici 2012 des vols de Tu-134 et de An-24 après des accidents mortels de ces avions. Les cargos An-12 ont aussi été cloués au sol après un autre drame.

La Russie a également été endeuillée en juillet par la plus grave catastrophe fluviale de son histoire post-soviétique avec le naufrage sur la Volga du bateau de croisière Boulgaria (122 morts).

La vétusté des infrastructures et des transports, hérités de l'URSS, font des centaines de morts chaque année en Russie. La modernisation du pays est une priorité dans les discours du Kremlin, mais nombre d'observateurs doutent de la capacité du pouvoir à mettre en oeuvre cette politique.