La réflexion de Francoeur l'a poussé en 2009 à prendre sous son aile une quinzaine de jeunes de six ans de la région élargie de la Mauricie pour vérifier si sa théorie tient la route. «C'est une sorte de laboratoire, c'est vrai, mais sans souris!», rigole celui qui agit maintenant comme directeur-gérant adjoint chez le Drakkar de Baie-Comeau dans la LHJMQ et qui encadre les hockeyeurs du Collège Saint-Bernard de Drummondville.

«Je les ai recrutés moi-même, un par un, selon trois critères: le talent, la passion et l'attitude... des parents! Je voulais prendre un groupe et travailler avec lui à long terme selon ma vision pour voir si ça allait fonctionner, dans le but qu'on se retrouve tous sous le même toit d'une école dans deux ans.»

Les résultats des Vipers sont très prometteurs, selon le vieux routier. Et ça n'a rien à voir avec le fait que l'équipe a gagné trois tournois et qu'elle a été finaliste autant de fois en six sorties en deux ans. «Les victoires ou les défaites, ce n'est pas ce qui compte. On fait du développement. La preuve, c'est que durant nos matchs, nos joueurs changent tous de position! Je veux leur donner du millage, qu'ils voient les matchs d'angles différents. C'est vrai qu'on donne beaucoup de buts sur des échappées, mais viendra un temps où cet investissement sera payant.»

Les jeunes évoluent tous au hockey mineur, mais lors des jours fériés et à la fin de la saison, ils enfilent l'uniforme des Vipers. «On a eu 25 heures d'entraînement la première année, on a doublé ça la deuxième année et, déjà, on voit la différence. Il y a une démarcation claire et nette au niveau des habiletés. Je suis capable de visualiser ce que ça donnerait si je les encadrais cinq jours semaine et, franchement, c'est très motivant de travailler pour que le projet aboutisse.»

Quelques écoles ont eu vent des intentions de Francoeur et l'ont approché pour qu'il y  installe ses petits protégés. Il a lui-même cogné à la porte de quelques établissements. «On cherche des partenaires qui croient au projet et qui vont nous aider à absorber certains coûts. Je n'ai pas envie que ça coûte 10 000 $ par année aux parents. Nous faisons beaucoup de démarches et je suis convaincu qu'on va réussir à boucler notre projet.»

En attendant ce jour, Francoeur leur enseigne des choses qui vont à contre-courant du programme de Hockey Québec. Notamment la mise en échec. «Il y a un débat concernant la mise en échec au Québec et je suis pour à 100% qu'on l'introduise plus rapidement, à condition qu'elle soit enseignée de la bonne façon et que les jeunes soient bien encadrés. C'est quelque chose que j'ai déjà abordé avec mes Vipers. Bien sûr, il faut être vigilant, les ramener quand ils s'excitent, mais plus vite ils vont apprendre comment séparer un joueur de la rondelle, plus ils sauront comment réagir quand viendra le temps de l'appliquer en situation de match.»