Il y a eu ce but, marqué dans l'allégresse, qu'il a dédié au peuple haïtien quelques jours après la tragédie.

Un beau moment où, pour une rare fois, un exploit sur glace a transcendé le hockey. Ironiquement, il allait s'agir du dernier match de Georges Laraque avec le Canadien, et dans le hockey professionnel.

Les choses auraient pu en rester là. Mais c'était mal connaître Laraque, un homme parfois déroutant, mais aussi un homme de coeur et d'action.

Entre deux participations à l'émission Le match, à TVA, quelques publicités télévisées, une campagne électorale pour le Parti vert et des séances de patinage artistique pour Battle of the Blades, Laraque, de concert avec l'Association des joueurs de la LNH et Vision mondiale, a réussi à amasser 1,5 million de dollars pour aider à rebâtir le pays, et les résultats sont concrets puisque la somme permet la reconstruction d'un hôpital qui a déjà doublé sa capacité d'accueil.

Mais que faire pour relancer les médias qui n'ont presque plus de manchettes à consacrer à ce pays en ruines? Pourquoi ne pas inviter en Haïti le joueur de l'heure chez le Canadien, P.K. Subban?

Voilà donc P.K. et Georges au bout du fil hier matin en direct de Port-au-Prince...

Mais il serait réducteur de parler de Subban comme d'un piège à miel pour les journalistes. «C'est vrai que deux semaines après les événements, c'était déjà devenu une vieille nouvelle pour les médias. En invitant P.K., je savais qu'il y aurait une grosse couverture médiatique. Mais il est aussi un symbole d'espoir et un modèle noir de réussite. Beaucoup d'Haïtiens connaissent le hockey. Ils sont 100 000 à Montréal et plusieurs passent l'hiver en Haïti. Même qu'on nous a reconnus là-bas. J'en profite pour remercier le Canadien, qui a donné la permission à P.K. de venir et qui a fourni plusieurs objets souvenirs comme des casquettes et des tee-shirts.»

La visite est courte, quelques jours à peine, mais marquante. «Je ne savais pas à quoi m'attendre lorsque j'ai accepté l'invitation de Georges, mais je voulais prendre part au changement, confie Subban. Je vis des émotions partagées en ce moment. Il y a de l'espoir, car ce peuple est résilient, mais j'ai vu des choses qui m'ont bouleversé. Ces gens ont besoin de notre aide. Ça permet de mettre les choses en perspective et c'est une expérience que je partagerai avec mon entourage. Les gens doivent savoir ce qui s'y passe.»

L'aventure a commencé quelques jours après l'unique but de Laraque dans l'uniforme du Canadien.

«Je me sentais coupable de jouer au hockey dans les circonstances et il n'arrive rien pour rien dans la vie. J'ai été libéré par le Canadien dans les jours qui ont suivi et ça m'a permis de développer ce projet.»

Représentant du Canadien au sein de l'Association des joueurs, Laraque a d'abord pris contact avec l'organisme. L'AJLNH de même que la Ligue nationale ont offert d'avancer 100 000$ chacune pour aider le pays.

«On parlait d'une école au départ, mais on avait l'argent pour en faire plus. Comme les besoins médicaux sont énormes là-bas, j'ai suggéré un hôpital. C'est un gros projet et il nous fallait de l'aide. Nous avons choisi Vision mondiale, qui est installé au pays depuis 30 ans et dont les coûts d'administration sont les plus bas, et qui allait nous permettre d'impliquer les Haïtiens dans la construction et la gestion de l'hôpital.»

Laraque et son équipe ont trouvé un emplacement et décidé de procéder à la réfection et à l'agrandissement d'un hôpital qui soignait les enfants atteints de tuberculose.

«Nous avons créé de l'emploi localement car de nombreux ouvriers se consacrent à la démolition et on procédera à la reconstruction l'an prochain. Éventuellement, on espère pouvoir y traiter 1000 patients par jour 24 heures par jour.»

Ceux qui veulent faire des dons en argent peuvent se rendre sur le site visionmondiale.ca/hockey, mais les dons sous une autre forme sont aussi acceptés.

«Les gens qui n'ont pas d'argent à donner peuvent offrir des vêtements ou des denrées non périssables. Plusieurs organismes se chargent de recueillir ces dons. Ça n'a pas besoin d'être énorme. Ce n'est pas la quantité que chacun donne, mais la somme des petite choses que chacun offre qui fera la différence.»