Les Canucks de Vancouver ont pris un pari risqué le 28 février dernier lorsqu'ils se sont tournés vers Christopher Higgins et Maxim Lapierre pour solidifier leur équipe et s'assurer que ce club champion en saison ne s'écrase pas à nouveau une fois en séries éliminatoires.

Jusqu'à maintenant, ce pari couvre d'or le directeur général Mike Gillis.

Évoluant au sein d'un troisième trio piloté par Lapierre, Higgins a marqué deux buts depuis le début de la série. Deux buts gagnants. Jannik Hansen qui complète cet ancien duo du Canadien sur le flanc droit a deux buts à sa fiche.

Quant à Lapierre, s'il s'est contenté d'une passe en neuf matchs disputés avant celui de mardi contre les Predators à Nashville, il souligne sa présence au sein de la formation avec 40 mises en échec et une efficacité de 52,7% au cercle des mises en jeu depuis le début des séries.

Glissades dangereuses

Après avoir réclamé son départ de Montréal où il ne se sentait plus apprécié, Maxim Lapierre n'a rien fait de bon à Anaheim. Il n'a amassé que trois passes en 21 matchs avant d'être largué. Lapierre, qui vient de célébrer ses 26 ans est l'un des deux seuls joueurs de la LNH - l'autre étant Ryan Carter - à avoir endossé les chandails de trois équipes cette saison. Un exploit dont on se vante rarement.

Quant à Christopher Higgins, son départ de Montréal, orchestré par le biais de transaction qui a amené Scott Gomez avec le Canadien, a été suivi d'une glissade vertigineuse. Limité à six buts et 14 points en 55 matchs avec les Rangers, Higgins n'a même pas complété une saison avec les Blue Shirts. Cette saison, c'est à Calgary qu'il a terminé. L'Américain y a fait tellement piètre figure - 2 buts, 3 points en 12 matchs - que les Flames ne lui ont même pas présenté d'offre de contrat.

Higgins s'est retrouvé en Floride où plusieurs observateurs croyaient qu'il s'occuperait bien plus de son bronzage que de ses statistiques personnelles et des succès des Panthers.

Une observation très sévère pour un hockeyeur qui aura 28 ans en juin et que plusieurs avaient identifié, à Montréal, comme un éventuel capitaine du Canadien.

Un message clair d'Alain Vigneault

Comment expliquer que ces joueurs aussi quelconques deviennent des rouages importants d'une équipe qui aspire aux grands honneurs?

Parce qu'ils se retrouvent au sein d'une équipe championne? Parce qu'Alain Vigneault réussit là où plusieurs autres entraîneurs-chefs de la LNH ont échoué? Parce qu'ils sont en quête d'un nouveau contrat pour la saison prochaine?

«C'est l'attrait de la coupe Stanley qui explique tout», a vite lancé Maxim Lapierre.

«J'ai besoin d'avoir du plaisir pour connaître du succès. J'ai retrouvé le plaisir de jouer aussitôt que je me suis retrouvé au sein de cette formidable équipe. C'est facile jouer ici. C'est plaisant. Toutes les circonstances sont gagnantes», a ajouté Higgins qui est voisin de casier de Lapierre dans le vestiaire des Canucks.

Entraîneur-adjoint des Canucks de Vancouver, Rick Bowness avait une explication différente de celles avancées par les deux principaux intéressés.

«Ils ont reçu un message clair de la part d'Alain Vigneault lorsqu'ils sont arrivés avec nous», a reconnu bien candidement Bowness, qui remplaçait son grand copain et patron au point de presse quotidien mardi midi.

«Un gars qui change de clubs deux fois dans une même saison devrait se poser de grosses questions sur sa part de responsabilité dans ce qui lui arrive. Un gars qui change de clubs quatre fois en moins de deux saisons devrait normalement saisir le message lui aussi. Max et Chris ont du talent. Max est très rapide, il est fougueux. Chris est solide sur la rondelle, il est capable de marquer des buts. Mais leur éthique de travail laissait à désirer. Ils se sont tous les deux fait expliquer simplement, mais fermement, qu'ils avaient des responsabilités à prendre et que nous n'accepterions pas de demi-mesures. Un joueur de hockey ne peut afficher de la maturité sur la patinoire, s'il n'en affiche pas d'abord dans sa vie personnelle. Les résultats démontrent qu'ils ont compris et ils représentent tous les deux de très bonnes acquisitions pour nous.»

Maxim Lapierre, qui a évolué sous les ordres d'Alain Vigneault dans les rangs juniors avec le Rocket de L'Île-du-Prince-Édouard reconnaît que le message reçu était clair.

«J'ai passé mon temps à Anaheim à me demander si j'avais pris la bonne décision de quitter Montréal. Tout était difficile. Avec Alain, tout est clair. En plus, il m'a ramené au centre qui est la position où je préfère jouer. Ce n'est pas un hasard si je mène pour les mises en échec. C'est parce que je suis rapide et efficace et que je suis le premier sur la rondelle. Je suis plus efficace parce que je joue beaucoup plus ici que je jouais à Montréal», a conclu Lapierre qui affiche un temps d'utilisation moyen de 12 :58 par match depuis le début des séries.