Après les cinq premiers matchs de la série, le Canadien et les Bruins étaient les deux équipes les moins punies de la ligue parmi toutes celles prenant part aux séries.

Compte tenu de la tangente que prenait la rivalité entre les deux formations durant la saison régulière, on se serait attendu à ce qu'elle culmine de façon plus violente au premier tour de séries. Mais c'est tout le contraire qui s'est produit.

«L'animosité entre les deux équipes a été montée en épingle par les médias, a lancé Jaroslav Spacek. Il y a plus derrière cette rivalité que quelques bagarres et l'envie du sang. L'histoire sera peut-être différente s'il y a un septième match, mais pour le vérifier, il faudra d'abord gagner le match de ce soir.»

«Il y a eu très peu de punitions dans cette série, et c'est l'histoire en filigrane dont personne ne parle, a soulevé Michael Cammalleri. Nous n'avons pas vu beaucoup d'avantages numériques. Personne ne veut être l'équipe qui va en donner six à l'adversaire et qui va perdre le match pour cette raison-là.

«C'est comme si chaque équipe redoutait que l'attaque à cinq de l'adversaire se mette en marche.»

Le Canadien n'a accordé en moyenne que trois supériorités numériques aux Bruins, et ceux qui en ont donné à peine davantage au Tricolore. Visiblement, les écarts de conduite ont été éliminés.

«C'est une série tellement serrée, où il faut être à son maximum à chaque présence, qu'on dirait que personne ne veut perdre son temps avec des étourderies, a soutenu Cammalleri. On a davantage peur qu'un opposant nous batte avec un bon jeu que par ce genre d'histoire.»

Jacques Martin et Claude Julien sont deux entraîneurs qui, au plan stratégique, sont un peu de la même école de pensée, et il n'est pas étonnant que les deux formations se soient comportées de la même façon.

D'ailleurs, selon Spacek, la discipline est devenue un produit de la qualité du jeu défensif des deux équipes.

«Lorsqu'on arrive à se replier à cinq joueurs, c'est moins nécessaire de prendre une pénalité pour accrochage ou pour avoir retenu lorsqu'on se fait battre à un contre un parce qu'on sait qu'un de nos coéquipiers va nous couvrir.»

On a fait grand état au cours de la saison régulière de la haine qui avait décuplé entre le Tricolore et les Bruins. Mais au final, cette série laissera davantage une impression de respect mutuel.

«Affronter une équipe à six occasions étalées sur le calendrier de saison régulière, ce n'est pas la même chose que de l'affronter en séries, a noté Ryan White. Quand on joue contre la même équipe à tous les deux soirs en séries, il y a un certain respect qui s'installe et une estime envers ce que l'autre équipe fait.

«On veut tous jouer dur, on veut jouer à l'intérieur des limites, et c'est comme ça que ça devrait être.»