Le chroniqueur du quotidien The Tennessean, David Climer, prend la peine de le préciser: l'exploit paraît bien mince aux yeux des partisans du Canadien, des Maple Leafs de Toronto et des Red Wings de Detroit, qui ont collectionné la Coupe Stanley.

N'empêche, c'est l'euphorie à Nashville. Après 13 ans d'existence, les Predators viennent de remporter leur première série éliminatoire, aux dépens des Ducks d'Anaheim, grâce à leur victoire de 4-2 dimanche soir dans le sixième match.

Un soulagement pour ce club qui avait pourtant accédé aux séries six fois au cours des sept dernières saisons. Mais dans une Association compétitive comme celle de l'Ouest, survivre à la première ronde relève de l'exploit pour un club dont les moyens financiers ne se comparent pas à ceux de puissances comme Detroit, San Jose ou Vancouver.

«Nous sommes en train de faire l'histoire, a déclaré l'entraîneur Barry Trotz aux journalistes, hier. Nous sommes un jeune club qui veut percer en séries.»

Malgré leurs insuccès en séries éliminatoires, les Predators demeurent l'un des clubs les plus compétitifs de la LNH en saison régulière depuis le lock-out.

Leur recette est particulière. Les Predators ont gardé le même directeur général, David Poile, et le même entraîneur, Barry Trotz, depuis la naissance du club en 1998.

Ils ont bâti leur club lentement mais sûrement et bien que leur tout premier choix en juin 1998, David Legwand, deuxième au total, n'ait pas rempli ses promesses, l'équipe a toujours connu un certain succès au repêchage.

C'est une formation bâtie autour de ses gardiens - Tomas Vokoun, hérité de l'organisation du Canadien, a apporté beaucoup de stabilité à l'équipe lors de ses premières années - la défense est solide, surtout depuis l'arrivée des jeunes Shea Weber, candidat au trophée Norris cette saison, et Ryan Suter, et les attaquants sont vigoureux, rapides et respectent le système de jeu de Trotz.

Tout le contraire des Thrashers d'Atlanta, nés un an plus tard, qui ont participé une seule fois aux séries éliminatoires, changé cinq fois d'entraîneur et connu de perpétuelles reconstructions même s'ils ont repêché régulièrement parmi les cinq premiers. Idem pour les Blue Jackets de Columbus, admis dans la LNH en 2000.

Joël Bouchard a vécu les premiers balbutiements de cette organisation. Il a été réclamé par les Predators lors du repêchage spécial de l'élargissement des cadres voué à fournir des joueurs à cette équipe.

L'analyste de RDS, un jeune défenseur de l'organisation des Flames de Calgary au moment du repêchage, a passé deux saisons complètes à Nashville.

«Dès la première année, on a raté les séries éliminatoires par seulement trois points, a-t-il rappelé hier. Ils ont toujours été compétitifs par la suite parce qu'ils sont dirigés par des hommes de hockey compétents, et en plus ce sont des gens fins. David Poile a toujours eu le don de relancer la carrière de joueurs dont les autres équipes ne voulaient plus. Mais leur plus grande force demeure leur flair au repêchage. Ça leur permet de garder leur masse salariale basse parce qu'ils ont toujours des jeunes pour remplacer ceux qu'ils échangent.»

L'analyse en profondeur de ce club permet en effet de constater le flair des dépisteurs de l'équipe. Les deux gardiens, Pekka Rinne et Anders Lindback, ainsi que cinq des six défenseurs réguliers lors de la série contre les Ducks ont été repêchés par les Predators, tout comme huit des 15 attaquants. On parle donc de 15 joueurs sur 23 pour un taux exceptionnel de 65%.

Il y a eu des perles dans les dernières rondes, comme Martin Erat, 191e en 1999. Patric Hornqvist, qu'on compare à Tomas Holmstrom, 230e en 2005. Rinne, candidat au trophée Vézina, 258e en 2004.

Sans compter les rejetés des autres organisations, Steve Sullivan, Joel Ward, issu des rangs universitaires canadiens, et surtout Sergei Kostitsyn, obtenu gratuitement du Canadien, une aubaine incroyable puisqu'il a été leur meilleur compteur en saison régulière et qu'il a obtenu quatre points en six matchs éliminatoires.

À suivre lors de la prochaine ronde. Un club qui n'a rien à perdre est toujours dangereux...