En mode panique, les Canucks de Vancouver? On pourrait croire que oui. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'un club menace de s'effondrer après avoir pris une avance de 3-0 dans une série.

Il y a eu la décision d'Alain Vigneault, tout d'abord. L'entraîneur des Canucks a choisi d'amorcer le sixième match, dimanche soir à Chicago, avec Cory Schneider, un gardien de 25 ans qui n'avait jamais commencé un match des séries dans la LNH.

La décision n'avait rien de banal. Luongo est, après tout, le joueur de concession du club, un gardien dont le présent contrat est valide jusqu'à la saison 2021-2022. L'homme de 64 millions a été le capitaine des Canucks, et il est en nomination pour le trophée Vézina cette saison. Les Canucks ne le diront pas ouvertement, mais la décision de Vigneault témoigne d'un manque de confiance envers le gardien numéro un de l'équipe, qui a la réputation d'être ordinaire en séries.

Ensuite, il y a eu cette étrange sortie du directeur général Mike Gillis, hier à Vancouver. Devant les membres des médias, Gillis s'est permis de critiquer le travail des arbitres, alléguant que les joueurs des Canucks ont été victimes de coups illégaux de la part de leurs rivaux des Blackhawks. Le DG est même allé plus loin; selon lui, les arbitres favorisent carrément les Blackhawks!

«Les gens pensent que nous n'avons pas l'instinct du tueur, mais c'est assez dur d'avoir l'instinct du tueur quand vous passez votre temps à tuer des pénalités», a-t-il affirmé, selon le Vancouver Province.

Le DG du club qui rencontre publiquement les médias pour se plaindre du travail des arbitres, comme s'il y avait une énorme conspiration contre son club? Oui, ça sent un peu la panique.

Si le DG du club cherche vraiment des réponses, il devrait plutôt regarder dans son propre vestiaire. Il y verrait Henrik Sedin, 94 points en saison régulière, qui n'a qu'un seul point à ses trois derniers matchs. Il y verrait Ryan Kesler, son troisième marqueur, qui n'a que trois petits points depuis l'ouverture de la série, aucun lors des deux derniers matchs. Et il y verrait bien sûr Luongo, qui a accordé 10 buts en 40 tirs à ses quatre dernières périodes de jeu.

Les Canucks, qui viennent de connaître la meilleure saison de leur histoire (54 victoires et 117 points, rappelons-le) en sont maintenant réduits à blâmer les arbitres et à jouer à pile ou face avec leurs gardiens. Luongo sera devant le filet ce soir, pour cet ultime choc contre les Blackhawks, mais le gardien québécois jouera-t-il comme un candidat au Vézina, ou bien jouera-t-il comme ce gardien hésitant qui semble allergique au maillot des Hawks?

Peu importe. S'ils s'effondrent ce soir à Vancouver lors du septième match, il faudra assurément garder aux Canucks une place au palmarès des écrasements les plus spectaculaires du sport nord-américain, avec les Oilers de Houston de 1992, les Yankees de New York de 2004 et les Bruins de Boston de 2010.

Pendant ce temps, les problèmes des Canucks font oublier une autre réalité: ce que les Blackhawks sont en train d'accomplir est tout simplement remarquable.

Après avoir remporté un premier trophée en 49 ans, les Blackhawks ont dû dire adieu à neuf joueurs de l'édition 2010 afin de respecter le plafond salarial. Ils ont pu se faufiler en séries menés par Corey Crawford, un gardien québécois qui n'avait disputé que huit matchs dans la LNH avant le début de cette saison.

Les champions sont donc à une seule victoire de surmonter un déficit de 0-3 dans une série, un exploit réussi à trois reprises dans toute l'histoire de la LNH, dont il y a un an par les Flyers de Philadelphie contre les Bruins.

Plutôt que de passer des heures à analyser tous les défauts des Canucks, il faut souligner l'acharnement des Blackhawks, qui n'ont pas oublié ce que ça prend pour gagner des matchs importants au printemps. «Les choses peuvent tourner en votre faveur quand vous vous mettez à y croire», a déclaré l'entraîneur Joel Quenneville au New York Times.

Les Blackhawks y croient, à n'en point douter. Les Canucks y croient-ils encore?